Apple savait que les iPhone 6 et 6 Plus pouvaient se plier trop facilement

Mickaël Bazoge |

Le bendgate, c'est comme le sparadrap du capitaine Haddock : Apple a cru s'en débarrasser, mais il revient toujours en place. Et cette fois, le constructeur est pris la main dans le pot à confiture : durant la procédure de class action qui vise le constructeur, la juge Lucy Koh en charge du dossier a levé le voile sur une indiscrétion qui pourrait bien coûter cher à Apple — que ce soit en termes financiers ou pour son image de marque.

Dans le document en question, Apple reconnait que les iPhone 6 et 6 Plus peuvent se plier bien plus facilement que l'iPhone 5s (3,3 fois plus facilement pour l'iPhone 6 et 7,2 fois plus pour l'iPhone 6 Plus). On comprend que ces tests ont été réalisés avant la commercialisation des smartphones ; cette susceptibilité au pliage était d'ailleurs l'une des principales inquiétudes d'Apple avant le lancement des appareils, à l'automne 2014.

Rapidement après leur sortie, les premiers témoignages et vidéos de pliage de ces modèles — en particulier le grand iPhone 6 Plus — sont apparus sur les internets. Apple, inflexible, a d'abord minimisé le problème (lire : Apple : « seules 9 personnes se sont plaintes d’iPhone tordus »), en expliquant avoir procédé à des tests de résistance durant tout le cycle de développement des terminaux : « Les iPhone 6 et 6 Plus respectent ou dépassent tous nos standards de qualité pour tenir le coup pendant une utilisation quotidienne ».

Il s'avérait pourtant, selon ces documents fournis par le constructeur, qu'Apple était bien au courant du problème du pliage. La « flexibilité » du châssis a refait parler d'elle au début de l'année 2016, lorsqu'une mystérieuse épidémie de « maladie tactile » a commencé à se répandre, notamment sur l'iPhone 6 Plus. Les écrans présentaient des clignotements et des difficultés de fonctionnement.

La « maladie tactile » dans ses œuvres.

En novembre de la même année, Apple mettait en place un programme permettant de remplacer l'iPhone défectueux par un neuf pour le prix de la réparation d'écran (167,10 €). Le constructeur expliquait que ces bugs étaient le résultat de « chutes sur une surface dure ».

Dans les faits, et comme le révèle Lucy Koh, une enquête interne a permis à Apple de déterminer que ce bug était la conséquence du châssis du smartphone trop prompt au pliage. Dès le mois de mai, le constructeur a renforcé une partie de la carte-mère, prévenant de cette manière les symptômes de la maladie tactile.

L'avenir de cette class action est en pointillés pour des raisons procédurales. Mais la révélation de ce que savait réellement Apple ne plaide pas en faveur de sa bonne foi. Et rappelle, dans un autre genre, l'affaire des performances bridées pour préserver la batterie (lire : Batteries d'iPhone : Tim Cook a la mémoire bien sélective).

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