Lors de son audition auprès de la Commission des affaires économiques de l'Assemblée nationale, Stéphane Richard a cité une étude de l'Ofcom, l'équivalent britannique de l'Arcep, faisant de la France le deuxième pays le moins cher dans le marché de la téléphonie mobile (lire : Stéphane Richard répond à Free et SFR). Ou plutôt le deuxième pays le moins cher parmi une sélection restreinte de six avec l'Allemagne, l'Espagne, les États-Unis, I'ltalie et la Grande-Bretagne.

En effet, parmi ces pays dans lesquels les opérateurs proposent pas moins de 3 475 formules différentes, la France arrive deuxième, derrière la Grande-Bretagne et devant l'Italie, au petit jeu du forfait le moins cher. Les forfaits mobiles français sont ainsi environ 30 % moins chers que leurs équivalents allemands, une différence qui s'accroît à mesure que l'on ajoute des options (alors que les prix des plus petits forfaits sont similaires dans tous les pays). Selon l'Ofcom, les prix français ont baissé de 15 % entre l'été 2010 et l'été 2011, un effet « pré-Free » : pour tenter de minimiser l'impact du quatrième entrant, les opérateurs ont lancé des offres à bas prix en 2011.

Des offres « SIM-only », sans téléphone, rappelant le « modèle autrichien » comme le soulignait d'ailleurs le PDG d'Orange : « la France va être parmi les pays les moins chers du monde en ce qui concerne les offres SIM-only. Aujourd'hui, le pays le moins cher du monde sur ce type de forfait, c'est l'Autriche. » L'Autriche de laquelle s'est désengagé l'opérateur français en vendant sa participation de 35 % dans le troisième opérateur du pays à Hutchison Telecommunications. Dans ce pays extrêmement concurrentiel où la subvention du téléphone est rare, Orange proposait 16 heures de communications, 1 000 SMS et 1 Go de DATA pour 7,5 € par mois, le tout sans engagement. « Avec Free, on va vers ce modèle autrichien », disait Stéphane Richard ; le PDG d'Orange craint peut-être une réduction de sa marge : le deuxième opérateur autrichien (T-Mobile) dégage 28 % de marge brute, contre 36 % pour son homologue français (SFR).

Il craint peut-être aussi de devoir se lancer dans une sanglante guerre des tarifs, après celle de l'ADSL. L'Ofcom fait ainsi l'éloge du marché français de l'Internet, le moins cher de son étude, où Orange (46 % du marché) est efficacement et durement concurrencé par Free et SFR (chacun 23 % du marché). Ce n'est peut-être pas sur le haut de gamme que Stéphane Richard s'inquiète le plus : son argument selon lequel le service client est extrêmement important n'est pas à ignorer, notamment dans le marché de l'entreprise. Mais Orange pourrait bien se faire prendre à revers sur l'entrée de gamme — la fameuse Mamie du Cantal ? — à cause de l'offre à 2 € de Free Mobile : alors que l'Ofcom note que le prix des offres les plus basses n'a cessé d'augmenter ces dernières années, la société de Xavier Niel propose ici une alternative réellement disruptive.

[Via Les Échos]