Étoiles norvégiennes

Christophe Laporte |

Est-ce l'hiver qui pousse nos playlists vers le nord de l'Europe ? Chaque année, c'est la même chose, on découvre à cette période des groupes venant de Suède, Norvège, Finlande, du Danemark sans oublier l'incontournable îlot islandais. La dernière découverte en date nous vient d'Oslo, il s'agit de Flunk, trio à l'électro douce fondé en 2000.

J'ai découvert Morning Star, deuxième album du groupe, un peu par hasard, un matin d'automne alors que comme chaque mardi, je faisais les fonds de tiroir d'iTunes France. La magie ne tarda pas à opérer et la douce voix d'Anja Øyen Vister prit très rapidement mon iPod d'assaut.

Contrairement à la plupart des groupes éléctro scandinave, la musique de Flunk n'est pas vraiment révolutionnaire ou avant-gardiste. Elle rassemble de nombreuses influences que les membres du groupe ont réussi à mixer avec intelligence et talent.

Afin d'en savoir un peu plus sur ce groupe qui mérite sans doute mieux, nous avons posé quelques questions à Ulf Nygaard.

-Pourquoi avoir enregistré à Paris ?

- J'ai toujours aimé Paris. J'adore les sensations, l'excitation que procure cette ville et j'adore le français, ses sonorités. C'est pour moi, l'une des plus belles langues au monde sauf quand c'est moi qui essaie de le parler.

Il n'y avait pas véritablement d'autres raisons pour enregistrer à Paris. Nous voulions nous retrouver ensemble ailleurs qu'à la maison pour enregistrer. Et donc, nous avons choisi Paris.

- En fait, on vous a découvert en France grâce à iTunes. Comment se fait-il ? Est-ce un choix de votre part ?

- Ce n'est pas une chose que nous avons faite nous-mêmes. C'est grâce à notre maison de disques aux États-Unis qui travaille beaucoup avec Apple. J'adore le service d'ailleurs, sans doute parce que je suis également un grand fan d'iPod. Pour nous, être sur iTunes est une chose très positive, car cela nous permet de toucher de nouvelles personnes. Et l'accueil sur iTunes est excellent !

- Pensez-vous que la musique en ligne va tuer le concept de l'album ? Et est-ce que cela vous ennuie finalement ?

- Pas vraiment. Je pense que c'est mieux d'acheter une chanson que de ne rien acheter. Et je suis persuadé, qu'au final, les gens qui aiment votre musique finissent par acheter vos albums.

Pour notre prochain disque, j'espère que l'on pourra commercialiser un CD contenant nos meilleurs morceaux avec l'esthétique d'un album. Ensuite, les gens pourraient acquérir gratuitement des morceaux bonus sur iTunes. Je n'aime pas comment fonctionne l'industrie du disque avec le diktat de l'album qui doit faire 75 minutes alors que la plupart du temps, la moitié des chansons ne sont pas assez bonnes pour figurer sur un disque..

Flunk en studio à Paris
De gauche à droite : ANJA ØYEN VISTER, JO BAKKE et ULF NYGAARD

- Vue de France, la scène scandinave donne l'impression d'être très prolifique. Comment expliquez-vous ce phénomène ?

- En ce qui concerne la musique électronique, tout est parti de Röyksopp. Ils ont ouvert la porte. La scène électronica norvégienne est devenue intéressante aux yeux du monde entier.

Nous avons aussi beaucoup de "jeunes chanteurs mélancoliques" (Sonde Lerche est le plus connu) qui ne chantent qu'avec des guitares acoustiques. Certains d'entre eux commencent à avoir leur réputation. Ce type de musique est très apprécié en Norvège, et ils sont chanceux, car ce genre de chansons est à la mode actuellement dans le monde entier.

Mais la raison la plus importante, c'est que pour vivre, nous devons nous faire connaître en dehors de la Norvège, car c'est un pays très très petit. C'est la seule façon pour un musicien de s'en sortir, mais c'est vrai que depuis 10 ans, il s'est passé beaucoup de choses en Norvège.

- Flunk donne l'impression d'être un peu un accident. Vous participez tous à d'autres projets. Pourquoi avoir fait ce groupe ?

- À la base, je voulais faire simplement de la musique instrumentale. J'en avais marre d'écrire des paroles en norvégien. Ensuite, Anja nous a rejoints et soudainement sans le vouloir, elle a commencé à poser sa voix sur notre musique. Avec Flunk, on essaie de faire la musique qu'on aime.

- Sur l'album précédent "For sleepyheads only", il y a une reprise de Blue Monday. Pourquoi avoir repris cette chanson de New Order ?

- Parce que c'est l'une des meilleures chansons jamais écrites et j'ai toujours rêvé de la reprendre avec des guitares acoustiques et une voix féminine. C'est ce que nous avons fait. À l'époque, nous n'étions vraiment pas connus et n'avions pas grand-chose à perdre. Quand les choses ont commencé à bien évoluer pour nous, on avait très peur de la réaction de la presse anglaise. Mais à notre surprise, ils ont bien aimé notre reprise. Pour en revenir à New Order, je pense qu'ils ont écrit de très grandes chansons. "True Faith" et "DreamAttack" sont peut-être encore meilleurs que "Blue Monday".

- Comment procédez-vous lorsque vous créez un morceau ?

- La plupart du temps, je travaille essentiellement sur la rythmique . Ensuite Anja vient dans mon homestudio et improvise un petit air avec des mots et des phrases. Ensuite Jo rajoute des guitares et des lignes de basses. Après, je retravaille ce qu'Anja a chanté avant qu'elle refasse une dernière prise.

Mais sur le dernier album, certaines chansons ont été réalisées par Jo. Et la moitié des paroles de "Morning Star" ont été écrites par moi.

- Lorsqu'on écoute votre dernier album, on sent qu'il y a beaucoup d'influences et que vous avez réussi à les digérer. Quels sont les groupes que vous écoutez ?

- C'est vrai. Sur notre premier album, on avait vraiment essayé de mettre les choses que nous aimions et en faire un mix. Je ne sais pas trop ce qu'écoute Anja ces derniers temps, mais ce n'est pas un secret de dire qu'elle adore Bjork. Jo, le guitariste, écoute énormément de choses, mais surtout de la chanson à textes, Dylan, Wilco et bien d'autres... On a des goûts très différents et hétéroclites. En ce qui me concerne, j'aime bien certains morceaux de Keane, ColdPlay, Neil Young et du R&B comme Kelis et Outkast. J'aime bien le son de N.E.R.D.

- Avez-vous l'intention de faire un petit crochet par la France ?

- C'est quelque chose qu'on aimerait bien faire, mais ce n'est pas à l'ordre du jour. On va faire une tournée aux États-Unis au printemps où Morning Star a été très bien accueilli depuis sa sortie en octobre dernier.

Pour aller plus loin :
- Le site du groupe
- Flunk sur iTunes
- Flunk sur Amazon

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