Jet ou la réhabilitation de la fiesta Rock’n Roll.

Écouter Are you gonna be my girl sur Get Born premier opus de Jet, c’est retomber en adolescence, quand on est stupide, boutonneux et qu’on aimerait bien faire fondre les filles à la fête du Lycée quand toutes n’ont d’yeux que pour le bel Hugo, con comme une valise.

Heureusement, il reste une chance (Last Chance), réunir trois clampins, leur mettre une basse, une guitare une batterie entre les mains, les ramener dans une piaule en banlieue, allumer une stéréo leur balancer un Kick Out the Jam (MC5) un Raw Power (The Stooges) un AC/DC période Bon Scott dans les oreilles. Puis il faut leur expliquer qu’après de tels disques, on peut se permettre de faire n’importe quoi pourvu que les filles soient au rendez-vous.

Ainsi décomplexé on passe à la cave où l’on branche les binious récupérés via le cousin, l’oncle punk, ou volés à un groupe concurrent. On répète. Après avoir réduit toutes les idées de départ à deux accords et un rythme simple, passent deux heures au bout desquelles sortent trois morceaux (Get What You Need, Rollover DJ, Get Me Outta Here). Déjà la rumeur gronde au lycée, il paraît qu’un groupe vient de naître, ils font du rock. Ils ne sont pas beaux, mais leur musique assure grave. Et ouaip mon pote, c’est de nous qu’on parle ! Le bal n’est qu’à deux semaines, il nous faut des ballades et des bonnes pour retourner le cœur de ces dames et leur suggérer par la même occasion qu’un enfoiré comme Hugo (qui a cassé la gueule au batteur il y deux mois) n’est pas à même d’en écrire une digne de ce nom.

Question cœur brisé on n’aura pas trop de mal vu que c’est notre pain quotidien à nous les loosers de la cave de l’oncle punk, c’est plus les mélodies qui vont poser problème. On s’acharne, on bosse dur, on s’engueule aussi beaucoup parce que là on joue notre va-tout avec ces ballades, mais on y arrive malgré tout (Look What You’ve Done, Move On, Radio Song) et le grand soir, on parvient même à réhabiliter des trucs fous comme le quart d’heure américain et le slow baveux grâce à nos ballades. Avec le groupe, on est fier, on s’est acheté des cuirs pour l’occasion, on à même un jeu de scène emprunté à Iggy pop et Mick Jagger, le batteur cogne comme un dur (à défaut de se venger d’Hugo), tout le monde danse. Quelle fiesta, ça gueule, ça boit, ça emballe, une pure réussite !

Bien que Jet pourrait avoir été le groupe formé par vos potes de lycée, sauvons-les quand même de cette sitcom rock’n roll (rondement mené au demeurant). En tout cas, leur Get Born est habité de toutes ces frustrations adolescentes, de cette poésie juvénile et ça fait un bien fou. Même si la novation n’est pas ici le maître mot, on tient là un album efficace et réjouissant avec des riffs usés jusqu'à la corde, mais joués avec ferveur et puis des slows quand même, c’est pas rien !

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