Slint, I missed you.

deserty |

La mode est, il est vrai, à la reformation. Après celle des Pixies, des Stooges et du MC5, en voilà une, désormais officielle, qui, si elle paraît moins racoleuse, moins apte à déplacer les foules, n’en est pas moins aussi importante qu’inespérée. Près de 15 ans après la sortie de leur deuxième et dernier album spiderland, Slint se reforme et s’apprête à entamer une tournée mondiale débutant par l’organisation de l’ATP festival en Angleterre. Pour dire les choses simplement, Spiderland fait partie des dix albums que j’emporterais sur une île déserte et Good Morning, Captain une de mes dix chansons préférées. Rien que ça.
Après un premier essai, Tweez, à la violence brouillonne et aux racines hardcore encore trop voyantes, sort en 1991, dans le plus grand anonymat, un disque en forme de révélation pour de nombreux musiciens : Shellac, Godspeed You! Black Emperor, Sigur Ros, Neurosis, Mogwai et en France Bästard, tous ces groupes sont un jour tombés sur ce disque et sont restés à jamais marqués par la musique de ces quatre jeunes musiciens de Louisville venant, dans l’indifférence la plus totale, de réinventer le rock. En l’espace de six titres, le chant se fait chuchotements, les guitares alternent splendides arpèges cristallins et explosions bruitistes, la basse lancinante s’associe à merveilles aux rythmes complexes et sophistiqués d’une batterie, enfin utilisée comme un instrument à part entière, pour porter l’ensemble vers cette noirceur étincelante, cette violence contenue explosant, lors du dernier morceau, par ce cri désespéré fermant cette pierre angulaire, ce sommet du rock américain à guitares, ce disque de fin de règne qu’est Spiderland. Inoubliable.
David Pajo (Tortoise, Papa M), Brian McMahan (The For Carnation) et Britt Walford ont décidé de reprendre cette histoire là où ils l’avaient abandonnée (à la sortie de leur Ep de 1994) et partent donc en tournée, s’arrêtant une seule fois en France, à Reims (Il m’est en conséquence très difficile de cacher ma joie). Histoire de mettre l’eau à la bouche des fans trépignants d’impatience, voici, en téléchargement, un concert du groupe enregistré à Chicago en 1989 où l’on découvre un Slint en pleine maturation jouant aux milieux des morceaux extraits de Tweez, des versions non finalisées des futures perles de Spiderland (Nosferatu Man, Breadcrumb Trail et un Good Morning, Captain encore muet).
A noter que les trois musiciens font actuellement appel à la générosité des fans et souhaitent ainsi récupérer tout document live (photos, vidéos, flyers, affiches) pour réaliser un projet encore tenu secret.

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