Supersilent : 7ème ciel.

deserty |

Lorsqu’un trio d’improvisation Jazz (Ståle Storløkken aux claviers, Jarle Vespestad derrière la batterie et Arve Henriksen à la trompette) rencontre Helge Sten, le Dark Vador de l’Ambient, et son audio virus, qu’obtient-on ? Tout simplement la musique la plus passionnante, la plus énigmatique et la plus fascinante entendue depuis des lustres : celle de Supersilent.
Actif depuis 1997 et déjà auteur de six albums (un triple intitulé 1-3 en 1998 immédiatement suivi par 4, puis par 5 en 2001 et enfin par 6 en 2003), le collectif norvégien reste fidèle à ses principes cette année avec un nouveau disque baptisé…7. Un artwork sobre voire austère, des morceaux suivant une numérotation (7.1, 7.2, 7.3, …), ce déficit d’informations cache en fait la volonté de laisser à l’auditeur la liberté de trouver dans la musique ce qu’il voudra, ce qu’il lui plaira sans aucun a priori, sans préjugés. Seulement voilà, cette fois le groupe enlève un pan du voile car 7 n’est pas un CD mais un DVD grâce auquel on assiste à l’intégralité d’un concert donné en août 2004 à Oslo. Le témoignage promet d’être capital puisque les quatre musiciens ont un mode de fonctionnement bien particulier : pas de répétitions, ils ne se rencontrent que lors des enregistrements (6 est né après quatre jours d’intensives sessions entièrement improvisées) et des concerts. Dès les premières minutes, toutes les espérances sont dépassées : dans un magnifique noir et blanc 16 mm granuleux à souhait, les quatre têtes chercheuses (Jarle Vespestad en retrait, Ståle Storløkken à gauche, Helge Sten à droite et Arve Henriksen au centre) se livrent, pendant près de 1h50, à l’édification, en direct, d’une cathédrale sonore d’où l’on ressort totalement hébété et désorienté, radicalement changé. Que les choses soient claires : la musique de Supersilent n’est pas facile d’accès (aucune chance de les voir un jour participer au concours Eurovision de la chanson, même si avec 7.4 et son épique final tout en tension on tient ici le morceau le plus mélodique de la formation), elle demande beaucoup d’efforts (les longs morceaux nécessitent une écoute attentive au risque de se retrouver véritablement rejeté par les ambiances complexes agencées par le groupe). Mais pour qui parvient à apprivoiser les symphonies de ces quatre cavaliers de l’apocalypse (ne nous leurrons pas, certains ne pourront jamais), voir l’entente télépathique (seuls quelques regards sont échangés), l’alchimie étonnante qui opèrent sur scène sera source de longues heures de plaisir. Musicalement, il serait absurde de tenter toute description hasardeuse : ce mélange de Jazz, d’électronique avant-gardiste et de Post-Rock échappe à toutes les étiquettes que l’on serait tenter d’y coller et a malheureusement tendance à rendre bien fade une bonne partie de notre discothèque qui risque du coup de prendre pas mal la poussière. L’heure des bilans approche et il est certain, sauf hypothétique miracle, que Supersilent 7 est d’ores et déjà à la première place de mon classement annuel, bien au-dessus des autres.
A noter que le DVD n’a aucun bonus, aucun menu mais uniquement six chapitres (plus un septième pour le rappel) donnant facilement accès à chacun des six morceaux du concert. Plus de détails sur le site de Rune Grammofon.
De plus, il est assez simple d’extraire la piste audio afin de l’encoder en Mp3 et pouvoir ainsi profiter du concert sur un CD Audio classique ou sur son baladeur favori.

Les albums 5 et 6 sont disponibles sur l’iTunes Music Store.

7 n'est disponible pour l’instant que par l’intermédiaire du label mais devrait être plus largement distribué prochainement.

CONNEXION UTILISATEUR