Le Royaume-Uni recule un peu sur l'inspection des messageries chiffrées de bout en bout

Stéphane Moussie |

Le gouvernement britannique fait un petit pas en arrière dans sa volonté de surveillance des messageries chiffrées de bout en bout à la recherche de contenus pédopornographiques, un projet largement décrié en matière de confidentialité. Le gouvernement n'ordonnera une inspection que lorsque cela sera « techniquement réalisable et si la technologie […] répond aux normes minimales de précision en matière de détection de contenus liés aux abus sexuels d'enfants », a déclaré ce mercredi Stephen Parkinson, le sous-secrétaire d'État à la Culture, aux Médias et aux Sports, devant la chambre des Lords.

Image Apple

Cette déclaration a été interprétée comme une « victoire » par Signal qui, comme WhatsApp et Apple, s'est très fermement opposé à ce projet de loi qui remet en cause le principe du chiffrement de bout en bout, une technologie primordiale pour assurer la confidentialité des échanges quels qu'ils soient. Un outil à la fois capable de détecter les contenus pédopornographiques et de ne pas affaiblir la protection générale des données pourrait en effet prendre des années à développer, si tant est qu'il existe un jour.

Si le gouvernement britannique semble ainsi accorder un répit aux messageries chiffrées de bout en bout, dans le même temps il assure que son intention n'a pas changé. Le même Stephen Parkinson a déclaré que la nouvelle loi, qui doit être votée cet automne, permettra au régulateur d'ordonner au cas par cas aux entreprises de mettre tout en œuvre pour identifier et supprimer les contenus illégaux. Interrogé par la BBC, Index on Censorship, une association de défense de la liberté d'expression, estime que le pas de côté du gouvernement ne change rien et que le projet de loi représente toujours « une menace pour le chiffrement » tant qu'il n'aura pas été amendé réellement. L'opposition entre les messageries privées et le gouvernement britannique n'est donc pas terminée.

Sur la défensive, Apple justifie l’abandon de son projet de détection des contenus pédopornographiques

Sur la défensive, Apple justifie l’abandon de son projet de détection des contenus pédopornographiques

avatar iPop | 

« de mettre tout en œuvre pour identifier et supprimer les contenus illégaux. »

Reste à savoir ce qu’est un contenu illégal.

avatar zoubi2 | 

@iPop

"Reste à savoir ce qu’est un contenu illégal"

Comme vous dites. Vaste programme...

avatar DG33 | 

@iPop

Exact, en quelques semaines, en semblant faire un pas de côté, le gouvernement britannique franchit déjà la frontière et parle de contenus illégaux et non plus des seuls contenus pédo-pornographiques…

avatar Chris K | 

L'Australie a voté une loi similaire il y a quelques années en y ajoutant un article, assez vague disons, rendant la loi quasiment inapplicable.

Bon, pendant ce temps la France nous concocte une loi qui obligera les éditeurs de navigateurs web à bloquer directement des sites depuis une liste fournie par le gouvernement. C'est nouveau comme façon de faire...

avatar Lightman | 

@Chris K

C'est tout aussi dangereux car ce faisant c'est un pouvoir central qui décide de qui n'a pas le droit de s'exprimer.

avatar r e m y | 

"Un outil à la fois capable de détecter les contenus pédopornographiques et de ne pas affaiblir la protection générale des données pourrait en effet prendre des années à développer, si tant est qu'il existe un jour."

Et pourtant c'est exactement ce que prévoyait de faire Apple avec une analyse opérée localement sur l'iPhone justement pour ne pas affaiblir le chiffrement ni la confidentialité les données ...

Évidemment, maintenant, comme Apple ne veut pas se faire imposer cette analyse par la loi, ils expliquent que leur projet n'était finalement pas si bon que ca. Il n'empêche qu'ils ont ouvert la boîte de Pandore car on sait désormais qu'au moins une solution technique existe !

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