La fragmentation, c’est le péché originel d’Android, celui qui explique pourquoi Marshmallow, la dernière version en date du système d’exploitation, n’est installé que sur 7,5% des appareils Android. La version 6.0 d’Android est pourtant disponible depuis octobre dernier… Pendant ce temps, iOS 9, sorti un mois plus tôt, équipe quant à lui 84% des appareils mobiles d’Apple compatibles.
Google a mis en place des mécanismes pour réduire les différences entre les appareils (comme les Services Google Play qui mettent à jour plusieurs des applications Google les plus importantes, indépendamment du système) ou pour accélérer l’adoption des nouvelles versions d’Android. Mais pour qu’un smartphone — autre qu’un Nexus — puisse être mis à jour, il faut que le nouveau logiciel soit validé non seulement par le constructeur, mais également par l’opérateur. Il peut se passer des mois entre la sortie d’un nouvel Android et sa mise à disposition pour les utilisateurs… quand cela arrive.
Google fait pression pour que ses mises à jour de sécurité mensuelles soient le plus rapidement possible proposées au téléchargement. C’est le cas pour les Nexus évidemment. Samsung et LG se sont eux engagés à fournir ces mises à jour de maintenance, mais les constructeurs ne parviennent pas à suivre la cadence mensuelle. HTC non plus ne peut pas suivre : ce rythme est jugé « irréaliste ». Quant à Motorola, l’engagement a été pris de mettre à jour les smartphones récents (moins de trois ans) deux fois chaque année, avec l’espoir de passer à une cadence trimestrielle.
Le problème qui se pose aux constructeurs est le manque de moyens : les marges réalisées sur les ventes de smartphones Android ne permettent pas d’assurer un suivi rapide et complet des appareils durant toute leur durée de vie. Au détriment de la sécurité des utilisateurs… Pour les opérateurs, c’est encore plus long : la moindre mise à jour exige des mois de tests intensifs pour éviter que le nouveau logiciel ne provoque de difficultés sur leurs réseaux. Sans oublier que Verizon prend en charge de nombreux modèles de smartphones, sur lesquels il importe de réaliser les tests.
Pour mettre la pression sur ses partenaires, Google a mis en place une sorte de classement listant les meilleurs (et les pires) élèves de la classe Android, raconte Bloomberg : en haut, les constructeurs qui appliquent le plus rapidement possible les mises à jour fournies par le moteur de recherche. Et en bas, évidemment, ceux qui prennent tout leur temps.
Ce classement n’est pas connu, mais il circule parmi les partenaires Android. Et Google envisage de rendre la liste publique pour obliger les constructeurs les moins bien notés à un peu plus de zèle. L’image "bonnet d’âne" est susceptible de détourner les consommateurs aguerris des smartphones des fabricants les plus lents à se mettre à jour…