StopCovid sera « doucement enterré », selon un député

Mickaël Bazoge |

StopCovid semble se diriger tout doucement vers un enterrement sans fleurs ni couronne. L'application de traçage des contacts ne sera pas « au cœur » du plan de sortie progressive du confinement, qui sera dévoilé demain mardi par Edouard Philippe (lire : StopCovid : pas de débat spécifique à l'Assemblée ni au Sénat). Et pour cause : l'application n'est « techniquement clairement pas prête à ce stade », selon un parlementaire — pas un détracteur — à l'AFP. « Ce n'est pas prêt et ce sera sûrement doucement enterré. À la française », assène-t-il.

Si le sujet nous intéresse tout particulièrement, ce n'est pas le cas de la majorité des Français : dans les circonscriptions, « personne n'en parle », selon un membre de la majorité. Du côté du secrétariat au Numérique, on tient bon la barre malgré le gros temps. Cédric O a fermé la porte à la solution d'Apple et de Google, puis il a confirmé que l'app serait développée avec plusieurs poids lourds de l'industrie française. Or, plus on multiplie les acteurs, plus le développement s'annonce long, fastidieux et compliqué.

« Le Premier ministre évoquera son rôle potentiel dans le plan de déconfinement demain dans son discours à l'Assemblée nationale », assure-t-on encore du côté du secrétariat. La sortie de l'app est toujours prévue pour le 11 mai, avec une solution centralisée « maison », l'Allemagne ayant finalement annoncé son intérêt pour Exposure Notification, l'initiative d'Apple et de Google. La France est dans ce domaine désormais plus proche du Royaume-Uni, qui a décidé de s'affranchir de l'API des deux groupes américains dont la première mouture est attendue demain.

Toujours dans ce dossier des apps de traçage, l'Australie a lancé la sienne — sans Apple ni Google — ce dimanche. COVIDSafe, disponible sur iOS et Android, a d'ores et déjà été téléchargée à deux millions de copies. Pas si mal pour un pays de 25 millions d'habitants, même si tous ces utilisateurs ne se sont pas forcément portés volontaires. L'app utilise le Bluetooth, et sur iPhone il faut éviter d'activer le mode d'économie d'énergie qui réduit l'actualisation en arrière plan.

Des notifications sont régulièrement envoyées pour rappeler de relancer l'application. Les autorités demandent aussi aux utilisateurs d'iPhone de limiter le nombre d'apps ouvertes en arrière-plan : en avoir trop peut provoquer des « interférences » et réduire la force du signal Bluetooth, a expliqué un membre du gouvernement australien. COVIDSafe prévient l'utilisateur quand il a été en contact avec une personne contaminée par le COVID-19, et les autorités de santé du pays pourront l'appeler directement pour voir avec lui la suite à donner.

L'Australie a fait le choix d'un modèle centralisé : après le contact avec une personne contaminée, l'app demande la permission d'envoyer les données d'identification et de contact dans un nuage souverain. Des informations qui sont supprimées au bout de 21 jours, ou après suppression de l'app.

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