Alors que Cédric O tentait ce matin dans la presse de monter un front européen contre Google et Apple au sujet de StopCovid, il n’a sans doute pas apprécié les annonces allemandes faites dans le même temps dans Welt am Sonntag. Pour le traçage des contacts, le gouvernement allemand a décidé de changer son fusil d’épaule.
Initialement, l’idée comme en France était d’avoir une approche centralisée. Mais outre-Rhin, la question de la vie privée est un sujet autrement plus sensible que chez nous. Dans une lettre ouverte, des centaines de scientifiques se sont émus en début de semaine de cette décision estimant qu’une telle démarche ouvrait la voie à une société de surveillance.
Face au tollé provoqué, les autorités allemandes ont revu leur copie et décidé d’opter pour une architecture décentralisée. En agissant ainsi, la solution allemande se rapproche entre autres des vues d’Apple et de Google sur la question. Il y a donc fort à parier que l’app qui en résultera fonctionnera sans problème sur Android et iOS.
Rappelons tout d’abord la principale différence entre une architecture centralisée et une architecture décentralisée. Dans la première, c’est le serveur central qui génère les crypto-identifiants attribués aux utilisateurs et qui est en charge de la collecte et de l’interprétation des données.
L’approche décentralisée, celle prônée par Google et Apple et qui sera donc utilisée par le gouvernement allemand, c’est tout le contraire. Tout a été pensé de manière à ce que le plus grand nombre d’opérations soient effectuées sur les terminaux d’utilisateurs et que les informations transmises et stockées sur les serveurs soient réduites au maximum.
L’Allemagne n’est pas le seul pays en Europe à opter pour un protocole décentralisé. Comme le note Reuters, cette approche semble avoir le vent en poupe depuis quelques jours. L’Estonie, l’Autriche et la Suisse ont décidé de s’appuyer sur le protocole décentralisé DP-3T, qui a été mis au point initialement par un collectif de chercheurs émanant des écoles polytechniques suisses.
Pour la France, cette annonce est une mauvaise nouvelle. Elle se trouve de plus en plus isolée dans son bras de fer avec Apple et sa volonté d’avoir un accès complet au Bluetooth.
image accroche : Christine Daniloff, MIT.