Apple menace de supprimer HEY de l'App Store pour une histoire d'achats (pas) intégrés 🆕

Mickaël Bazoge |

Si Apple voulait donner des munitions supplémentaires à Margrethe Vestager, l'opiniâtre commissaire européenne à la concurrence, l'entreprise ne s'y serait pas prise autrement. Le jour même de l'annonce de l'enquête formelle de la Commission sur les pratiques de l'App Store, la Pomme a décidé de partir à l'assaut de l'éditeur Basecamp, qui a lancé son nouveau service de courriel HEY aujourd'hui.

Le service est vendu sous forme d'abonnement (99 $ par an), il faut souscrire directement depuis le site web de l'éditeur. Bien sûr, HEY a une application iOS, mais si la version 1.0 a été acceptée par l'App Store, les mises à jour suivantes ont été rejetées. Elles se contentaient pourtant de corriger des bugs.

Les réviseurs de la boutique ont expliqué à l'éditeur que l'app ne respectait pas la règle 3.1.1 des guidelines consacrées aux achats intégrés : les apps qui proposent de déverrouiller du contenu ou des fonctions supplémentaires (comme de la monnaie virtuelle dans un jeu ou l'accès à du contenu premium sur abonnement) doivent facturer avec le système de l'App Store.

Le mail de rejet d'Apple. @DNN

HEY doit donc vendre ses abonnements depuis son application, ce qui implique le versement d'une commission de 30% due à Apple (15% la deuxième année d'abonnement). « Même dans un million d'années, il n'y a aucune chance que je verse à Apple un tiers de mes revenus, c'est obscène, c'est criminel », s'enflamme David Heinemeier Hansson (DHH) cofondateur de Basecamp et directeur technique, auprès de Protocol.

L'affaire est loin d'être terminée : dans un long fil sur Twitter, DHH explique qu'Apple menace désormais de retirer purement et simplement l'application tant que Basecamp ne se pliera pas à la volonté d'Apple. Le problème est sans doute lié à la nature particulière du modèle de HEY, qui n'est pas un fournisseur de contenus à la Netflix ou Spotify. Ces plateformes se sont affranchies des achats intégrés de l'App Store sans que cela pose de problème à Apple.

Le poids de la commission prélevée par Apple sur les achats intégrés et les abonnements pèse de plus en plus lourd pour les éditeurs. C'est d'ailleurs Spotify, particulièrement remonté contre cette politique de la Pomme, qui a allumé la mèche de l'enquête de Bruxelles. Apple parle de « plaintes sans fondement d'une poignée d'entreprises voulant profiter du système gratuitement, en ne suivant pas les mêmes règles que tout le monde ».

Mais en s'attaquant à HEY, Apple a misé sur le mauvais cheval : DHH n'a pas sa langue dans la poche et il sait se montrer particulièrement féroce. Il a même témoigné devant le Congrès américain dans le cadre d'une enquête sur les pratiques anticoncurrentielles des géants de la tech. À quelques jours de l'ouverture de la WWDC, l'opacité des décisions d'Apple — qui peut avoir une justification valable, mais l'entreprise n'en parle jamais sauf cas exceptionnel — sonne comme un bien mauvais signal envoyé aux développeurs.

Mise à jour — Apple a expliqué à Protocol que l'application HEY n'aurait pas dû être approuvée tout court. Le constructeur précise qu'elle autorise ce genre d'apps, mais uniquement celles à destination des utilisateurs en entreprises, pas du grand public. C'est pourquoi l'App Store autorise l'application Basecamp — publiée par le même éditeur que HEY —, qui est utilisée par des entreprises pour leur gestion au quotidien. Pour HEY, Apple reste ferme sur son exigence : l'application doit proposer un achat intégré passant par l'infrastructure de la boutique, et donc par une commission.

avatar Krysten2001 | 

@webHAL1

Il n’y a pas d’abus. Quoi vous dites de mauvaises choses sur votre ami,...? Moi non, je ne le marque pas, je lui en parle.

avatar webHAL1 | 

@Krysten2001

Ce n'est pas à toi de dire s'il y a un abus ou pas, ça sera à la Commission Européenne. Sachant que de plus en plus de sociétés se plaignent des comportements d'Apple, il te faudra peut-être accepter que la Pomme n'est pas aussi vertueuse que tu veux bien le croire...

avatar Krysten2001 | 

@webHAL1

Je n’ai pas dit qu’elle était intouchable mais vous connaissant. Vos commentaires ne me surprennent pas

avatar webHAL1 | 

@Krysten2001

Et je n'ai pas dit que tu avais dit qu'elle était intouchable.

avatar byte_order | 

@Krysten2001
> Si vous travaillez chez quelqu’un

Les devs d'apps iOS ne sont pas des employés d'Apple.
Et les apps développées tourneront sur les appareils des consommateurs, pas chez Apple.

> ou que vous publiez vos apps chez une personne,

Apple n'est pas éditeur des apps vendues sur l'AppStore.
Apple est seulement distributeur.

> vous n’allez pas la dénigrer

Je vois pas au nom de quoi j'en aurait pas le droit.
Y'a pas de lien de subordination à Apple.

avatar Krysten2001 | 

@webHAL1

Euh on peut payer des achats intégrés...

avatar webHAL1 | 

@Krysten2001

Et "on peut payé" un Bescherelle, aussi ?

avatar Krysten2001 | 

@webHAL1

Si votre seul argument est l’orthographe, pauvre de vous.

avatar jujulec | 

@webHAL1

Effectivement je ne me suis pas renseigné sur les conditions de validation apple, comme cela était sous-entendu... maintenant quand je vous parle de prosélytisme ça peut se faire plus finement que votre méthode - disons, caricaturale ! - en précisant par exemple que pour des paramétrages plus pointus du produit il est nécessaire d'utiliser la version PC/MAC... et de là orienter vers un règlement de l'abonnement...

avatar webHAL1 | 

@jujulec

Je vous renvoie au message de byte_order. Un développeur ne peut pas faire du prosélytisme pour une méthode de paiement différente de celle d'Apple.
Et j'attire votre attention sur le fait que bien des applications n'existent que sur iOS/Android et n'ont pas de version Mac/PC.

avatar jujulec | 

@webHAL1

pas bien compris, pas bien lu ou pas bien expliqué !

On précise uniquement dans l'appli que pour les paramétrages avancés il faut charger la version MAC/PC de HEY et ensuite, une fois identifié sous MAC/PC on suggère adroitement l'abonnement ou réabonnement à 99€ plutôt que le 140€ sur l'appli... voilà, voilà ! et libre à chacun de choisir le tarif qu'il souhaite payer...

avatar webHAL1 | 

@jujulec

Ce n'est pas possible. HEY n'a pas le droit d'inciter l'utilisateur à aller sur son site Web pour s'abonner, au risque de se faire retirer de l'App Store. Le fait de camoufler le truc dans les paramétrages, comme vous le suggérez, aboutira au même résultat dès qu'Apple s'en apercevra (sans parler du fait qu'avoir l'application qui n'est pas utilisable sans abonnement, mais qu'on peut quand même paramétrer n'a aucun sens).
Quant à proposer deux prix différents, c'est exactement ce que HEY et les autres dans la même situation veulent éviter. Comment pensez-vous que réagira un utilisateur ayant payé $140 quand il s'aperçevra en allant sur le site Web qu'il aurait pu débourser $100 ?!

avatar jujulec | 

@webHAL1

1. "HEY n'a pas le droit d'inciter l'utilisateur à aller sur son site Web pour s'abonner..."
Ce n'est pas ce que j'ai écris ci-dessus : relire...

2. "Le fait de camoufler le truc dans les paramétrages, comme vous le suggérez, aboutira au même résultat dès qu'Apple s'en apercevra..."
Ce n'est pas non plus ce que j'ai écrit : rerelire !

3. HEY, se destine plus aux utilisateurs avertis qui ne se contente pas des outils de base. Qui dit utilisateurs avertis dit utilisateurs au fait des éventuelles majorations de tarif des applis par rapport au version web.

4. Plusieurs services proposent un prix différent (et majoré...) quand on règle via l'appli, mais ils ouvrent aussi la possibilité de seulement se connecter sur l'appli en ayant réglé préalablement sur la version web Mac/pc. Je comprends bien que HEY veut probablement éviter un prix majoré pour son appli mais pour moi c'est un moindre mal et un incontournable si ils veulent rester sur le store.

avatar webHAL1 | 

@jujulec

Bon, vous ne voulez pas comprendre. Pas de souci. Vous devriez probablement contacter HEY pour leur expliquer qu'ils ont une super possibilité qui règle leur souci et à laquelle ils n'ont pas pensé.

avatar jujulec | 

@webHAL1

non, non, j'ai seulement horreur qu'on me fasse dire des choses que je n'ai pas écrites, mais c'est pas bien grave et ça me passera ! ☺
Quand à HEY il y des chances que leur posture soit plus une opposition de circonstance à apple et son "système" en espérant soit infléchir leur position (c'est pas gagné...) soit profiter d'un petit coup de projecteur...

avatar webHAL1 | 

@jujulec

Mais bien sûr. Comme Spotify en fait. Et Tile. Et Netflix. Et l'éditeur de Tinder.
S'il y avait des soucis avec les règles de l'App Store, ça se saurait, pas vrai ?

avatar jujulec | 

@webHAL1

tout à fait !
Les conditions sont déplorables, il serait souhaitable que les stores remettent à plat leurs règles mais les règles sont connues et chacun à le loisir d'y adhérer... ou pas ! Je précisais seulement que, malgré ces règles, des alternatives existent pour être présent sur le store et ne pas vouloir s'y plier est un luxe qu'un nouveau service n'a peut-être pas les moyens de s'offrir ou s'offre en connaissance de cause...

avatar webHAL1 | 

@jujulec

Pourquoi dites-vous "les" Stores ? HEY ne reproche rien au Play Store de Google. Et pour cause, ils peuvent y publier leur application sans entrave et sans règles déloyales. Mais surtout : ils pourraient mettre leur application à disposition des utilisateurs Android sans être obligés de passer par le Play Store.

avatar fte | 

@jujulec

"Les conditions sont déplorables, il serait souhaitable que les stores remettent à plat leurs règles mais les règles sont connues et chacun à le loisir d'y adhérer... ou pas !"

Pas les stores. Ce store.

Sur Android, tu es libre de changer de store. Il y en a plusieurs. Tu es libre d’installer des apps hors store. Certes il y aura des warnings divers, mais c’est possible. Un éditeur peut distribuer son app sur un store ou plusieurs, sans être forcé à un système de paiement, ou il peut la distribuer hors stores, sans subir des bridages massifs d’API pour le contraindre à en passer par un store.

Les éditeurs n’ont pas le choix d’accepter ou non les conditions d’Apple, ni de les négocier. Apple a verrouillé son système pour empêcher des solutions alternatives. Qui rappelons-le cible des appareils qui n’appartiennent pas à Apple.

avatar jujulec | 

@fte

oui ! évidemment, il faut toujours se relire ! désolé...

avatar fte | 

@jujulec

"désolé..."

Broutille. Internet. Aucun grief. Merci de ce message.

avatar redchou | 

- Je suis DHH depuis un moment sur Twitter (j’aime bien ce qu’il fait)... Voilà le dernier tweet d’un de ces associé (Jason Fried):
« In homage to the introduction of the iPhone in 2007, we just sent out 2007 more invites for HEY. The next batch will be 1984 for you know what. »
- Ça rejoint mon commentaire sur un autre post qui faisait allusion au fait que l’Apple de 1984 était bien loin..
J’ai hâte de voir la tournure des événements, ce sont des gens qui ont des points de vue assez tranchés, et qui ne se laisse pas faire... Comment Apple va-t-elle gérer ce dossier 😋🍿

avatar Leadlike | 

Si vous pensez que le problème est la commission d’Apple vous vous trompez. Apple a peur de perdre sa suprématie dans la gestion des connexions depuis son téléphone. Elle fera tout pour arrêter les innovations qui mettent à mal son parc client. Utiliser Hey c’est arrêter de valoriser les technos de la pomme qui justifient les prix pratiqués. Hey c’est le challenger qui va mettre un coup de pied dans la fourmilière de la techno la plus vielle du Web. Moi je vote OUI !!

avatar Pierredu21 | 

@Leadlike

J'aimerais y croire aussi mais je doute qu'un nouveau service, même avec de très bonnes idées, vendu sous forme d'abonnement, (99 $ par an), puisse faire bouger quelque chose au niveau des emails...

Et Apple n'a déjà pas de suprématie dans la gestion des connexions depuis son téléphone...

avatar Tibimac | 

Y'en as marre de ces boîtes qui gueulent contre les 30% de com !
S'ils devaient gérer l'infra et sa maintenance pour :
- le déploiement/mise à disposition de l'app (avec possibilité de roll-out progressif)
- le développement/intégration d'une solution de paiement (avec serveurs de paiement)
- la gestion des devises/taxes et de la facturation (avec serveurs de stockage/archivage de ces données)
- toutes les analyses statistiques et de crash comme on peut avoir sur iTunes Connect

alors j'aimerai bien ensuite qu'ils nous fassent un comparatif du coup et ils se rendrait surement compte que l'argent que met Apple pour développer cette infra et payer tout les devs qui vont bien ça vaut bien cette com' !
Et je n'ai même pas évoqué les équipes de review qui sont les garants du respect des normes pour le bien de l'utilisateur. Je ne dis pas qu'aucune n'est pas légèrement abusive mais c'est un autre soucis.
Ces gens qui review sont payés aussi. Et cette qualité que tente de maintenir Apple profite à l'image de qualité des apps qui y sont proposés et donc à la confiance accordé par un utilisateur utilisant une de ces apps.
Et cette confiance c'est aussi elle qui facilite l'achat surtout quand y'a juste a regarder son iPhone.

avatar webHAL1 | 

@Tibimac

En l'occurrence, il y a des entreprises qui ont tout à fait l'infrastructure pour gérer tous les points que vous citez, en particulier celles qui passent pas d'autres canaux que l'App Store. Et qui aimeraient bien utiliser leur propre infrastructure, qu'elles paient déjà, plutôt que celle d'Apple. Mais la Pomme ne le leur permet pas.
Mais ça n'a sans doute rien à voir avec le fait que cela permet à Apple d'engranger de confortables revenus, et fait d'elle le conducteur informatique le plus rentable au monde.

avatar fte | 

@Tibimac

"Y'en as marre de ces boîtes qui gueulent contre les 30% de com !"

Ah bon ? Pourquoi en as-ru marre ? En quoi es-tu impacté par ces râleries ?

Ce que tu suggères, je l’ai fait. Je ne doute pas que Basecamp ait largement les moyens et compétences de le faire exactement selon leur intérêt et besoins.

Et bien ce n’était pas si difficile, ce n’était pas si coûteux, et ce n’était pas si différent de ce qui était déjà en place pour site web et autres babioles online normales. Et c’était avant Amazon / Azure / Google Cloud qui permettent de faire tant de choses si simplement sans gestion d’infrastructure... et pas cher.

avatar fte | 

Il y a quelques années, je quittais le développement iOS. Je quittais le développement iOS parce que je ne voulais plus accepter les conditions imposées de l’App Store. Ça compliquait considérablement mon travail, et plus particulièrement ma relation clientèle, et très franchement avait atteint un point où ça ruinait tout plaisir de travailler sur cette plateforme.

Je n’attends qu’une chose, qu’un grand éditeur d’une app qui m’est importante refuse les conditions d’Apple, quitte le Store et abandonne iOS.

Ça fait plusieurs années que je conserve un iPhone en téléphone personnel principal, pour une unique raison : mes données privées que je souhaite garder privées autant que possible.

Je n’ai pas besoin de beaucoup de motivation et de raisons de balancer iOS. Une seule app importante. Juste une.

J’aimerais voir ça.

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