Après le coup de force d'Epic, après la réaction courroucée d'Apple, l'éditeur de Fortnite ajoute un nouvel épisode à la saga du jour sous la forme d'une plainte [PDF] en bonne et due forme prête à être déposée contre Apple en Californie. Preuve, s'il en fallait une, qu'Epic a préparé son coup depuis un moment.
D'emblée, la poursuite compare Apple à l'IBM de 1984, ce monstre dominateur que le jeune constructeur de Cupertino moquait dans la fameuse publicité annonçant le premier Mac. « Apple est plus gros, plus puissant, plus pernicieux que les monopoles d'antan », soutient Epic. « Avec une capitalisation boursière de près de 2 000 milliards de dollars, la taille et la portée d'Apple dépassent de loin celles de n'importe quel monopole technologique dans l'Histoire ». Bim, Apple est rhabillée pour l'hiver.
La plainte pointe du doigt les pratiques présentées comme anti-concurrentielles et monopolistiques d'Apple, dans le domaine de la distribution d'applications mobiles, et le système de paiement dans les apps iOS. « Apple impose des restrictions déraisonnables et illégales pour monopoliser ces deux marchés [la distribution d'apps et le système de paiements] et empêcher les développeurs de s'adresser au plus d'un milliard d'utilisateurs de ses appareils mobiles (…) Apple impose une taxe oppressive de 30% sur la vente de chaque app [d'achats intégrés et d'abonnements] ».
La commission de 30% est comparée à une taxe à laquelle les développeurs ne peuvent échapper — pour ceux qui vendent du contenu dans leurs apps, en tout cas —, Apple interdisant toute autre méthode de distribution dans l'App Store. Epic ne cherche ni compensation monétaire, ni traitement de faveur, mais une décision de justice qui obligerait Apple à mettre en œuvre des pratiques concurrentielles plus justes pour la distribution d'apps et le système de paiement des achats intégrés.
L'éditeur dévoile aussi son projet : une boutique d'applications iOS alternative à l'App Store. Un magasin dans lequel les utilisateurs pourraient télécharger des apps en leur laissant le choix du système de paiement. Difficile de dire à brûle pourpoint si cette plainte a de l'avenir en justice, ce d'autant qu'Apple va faire le maximum pour la combattre, mais Epic se drape ici dans le rôle du chevalier blanc — même si l'entreprise cherche d'abord et avant tout son profit, bien sûr.