Apple vante les mérites de l’A12X Bionic de l’iPad Pro

Nicolas Furno |

Les iPad Pro de 2018 intègrent une nouvelle puce (SoC) encore plus puissante que les iPhone sortis quelques semaines avant. L’Apple A12X Bionic est une variante musclée de l’Apple A12 des iPhone XS et XR et elle offre des performances encore plus élevées. Ars Technica a pu en discuter avec Phil Schiller et Anand Shimpi, ancien journaliste d’AnandTech qui travaille désormais chez Apple, sur la conception de ces puces.

Malheureusement, l’interview n’entre jamais dans les détails techniques et les deux employés d’Apple se contentent largement de livrer les points-clés marketing déjà entendus pendant le keynote. L’Apple A12X est la première puce de tablette gravée à 7 nm ; son processeur (CPU) est équipé de huit cœurs qui peuvent fonctionner en même temps pour des performances jusqu’à 90 % supérieures ; sa puce graphique (GPU) en contient sept et elle est deux fois plus rapide qu’avant ; le moteur neuronal réalise 5 000 milliards d’opération à la seconde. Et à l’arrivée, les iPad Pro offrent des performances graphiques au niveau d’une Xbox One S, tandis que le processeur est plus puissant que 92 % des ordinateurs portables sur le marché.

Tout ceci, on le savait déjà et ArsTechnica a pu le vérifier en confrontant un iPad Pro 12,9 pouces de 2018 à ses prédécesseurs, à des iPhone et à des Mac et PC portables. En exploitant tous les cœurs, l’iPad Pro fait mieux que les MacBook Pro de 2016 et 2017, et il faut un 15 pouces de 2018 équipé du processeur le plus puissant (Core i9 six cœurs à 2,9 GHz) pour dépasser la tablette. C’est impressionnant pour une tablette nettement plus fine et sans refroidissement actif, mais ça l’est d’autant plus que ce Mac haut de gamme coûte plus de trois fois plus cher.

Comment Apple a-t-elle obtenu de tels résultats ? Pas un mot, mais on le sait assez bien, grâce aux études réalisés sur l’Apple A12 des iPhone (lire : Apple A12, une puce qui cache bien son jeu). Il faudra attendre les démontages de la tablette et surtout l’analyse au microscope de son SoC par les spécialistes pour savoir si Apple a fait des choses différemment pour l’A12X.

Naturellement, l’écart entre les deux versions de la puce s’explique par les cœurs supplémentaires, deux pour le processeur, trois en plus pour la puce graphique. Côté CPU, la possibilité d’utiliser les huit cœurs en même temps — quatre performants et quatre efficients — apporte un gros coup de boost, notamment par rapport à l’A10X qui équipait les anciens iPad Pro. À ce sujet, Apple se contente d’indiquer que le contrôleur de performances créé en interne a été modifié pour permettre cette utilisation simultanée.

Du côté de la puce graphique, Anand Shimpi a donné une petite explication technique pour justifier les progrès réalisés, au-delà de l’augmentation du nombre de cœurs. Par rapport à l’A12 classique, l’A12X utilise la même implémentation de la mémoire, mais la bande passante de cette dernière est plus élevée. Ce qui devrait apporter un avantage aux tablettes par rapport aux smartphones, même si on n’en sait pas plus.

Pour évaluer le GPU de l’iPad Pro, Apple a utilisé des ordinateurs portables et de bureau, et non pas d’autres tablettes et smartphones. Le constructeur est manifestement fier de sa comparaison avec la Xbox One S, répétée plusieurs fois pendant l’entretien. Ars Technica note judicieusement que c’est l’une des consoles fixes les moins puissantes du moment, elle est techniquement moins calée que les PS4 ou que la Xbox One X de Microsoft. Mais c’est bien mieux que la Switch de Nintendo, même si ce n’est pas difficile de faire mieux que cette console portable…

L’Apple A12X Bionic partage un point commun avec la Xbox One S en tout cas : sa mémoire est partagée. Traditionnellement, il y a de la mémoire vive pour le CPU et de la mémoire dédiée au GPU. Comme Anand Shimpi l’a souligné pendant l’entretien, c’est un problème pour les tâches qui exploitent les deux composants, les données doivent alors transiter d’une mémoire à l’autre, ce qui ralentit les tâches. Résultat, la plupart des apps n’utilisent qu’un seul élément, soit le processeur, soit la carte graphique, mais pas les deux en même temps.

Apple opte pour une stratégie différente avec tous ses SoC : « Nous avons une architecture unifiée, le CPU, le GPU, l’ISP1 et le moteur neuronal — tout cela fonctionne derrière la même interface mémoire, et vous n’avez qu’une seule réserve de mémoire ». Par ailleurs, iOS a été optimisé pour cette configuration et le système mobile n’a pas à gérer un fonctionnement différent, comme les Mac. Ce qui apporte des gains de performance, souligne le constructeur.

À défaut d’apporter des explications techniques détaillées, Phil Schiller s’est lancé dans une longue explication pour justifier la motivation d’Apple dans le domaine. D’après le SVP en charge du marketing, l’objectif n’est pas de faire mieux que tel ou tel concurrent, d’ailleurs la firme de Cupertino ne regarde jamais ce que fait la concurrence et l’objectif est toujours de faire mieux que précédemment.

Faire encore mieux que l’année précédente, voilà la véritable « passion » de l’équipe en charge des puces Apple. Faire mieux que la concurrence n’a aucun intérêt, parce que leur travail est fait « au service de l’utilisateur, pas de la compétition ». Phil Schiller revient aussi sur le travail effectué en interne, et souligne que cette équipe travaille main dans la main avec toutes les autres. Plusieurs fois par semaine, des réunions sont organisées pour connaître les besoins précis de chaque équipe et ajuster les futures puces d’Apple en fonction. Il a d’ailleurs rappelé que chaque génération nécessitait plusieurs années de travail.

iPad Pro 12,9 pouces et MacBook Pro 13 pouces.

C’est ce qui justifie la présence d’un moteur neuronal bien plus puissant, par exemple, il était nécessaire pour la réalité augmentée ou encore la photographie informatisée qui prend toujours plus d’ampleur. Plus dans le détail, cela explique aussi certains choix d’Apple, notamment en termes de gestion de la mémoire.

Au-delà des appareils iOS, est-ce qu’Apple compte exploiter toutes ses connaissances en matière de processeur et puce graphique pour le Mac ? Pas un mot de la part d’Apple, comme vous pouviez vous en douter…


  1. Le processeur d’images, une puce dédiée aux traitements automatiques de l’appareil photo. ↩︎

avatar cocotux | 

C’est bien mais complètement à côté de l’usage que l’on en a... encore une démonstration technologique, faire mieux, toujours faire mieux que l’année précédente, alors que les usages restent tout à fait les mêmes... Consultations, web, dessins... Pourquoi payer plus cher ce progrès pour au final faire la même chose ? Aucune app ne peut exploiter tout ce potentiel... C’est un peu comme les smartphones de 1To, ça impressionne mais c’est inutile à l’usage pour 99% des utilisateurs.

L’idée de toujours faire mieux est une vision intéressante, mais il faudrait que tout le monde évolue dans ce sens y compris les développeurs, l’OS etc... Le problème c’est que tout le monde n’avance pas à la même vitesse.

avatar Balthu | 

@cocotux

C’est surtout que l’ipad devrait être plus ouvert au partage et que les applications pc/mac soit aussi sur ipad... j’aimerais un final cut pro x sur mon ipad pro pour mes montages vidéos comme sur mon mac... mais on rêve beaucoup

avatar cocotux | 

@Balthu

Entièrement d’accord...! C’est la raison pour laquelle je suis resté sur Mac...
Même si parfois la simplicité de l’iPad me manque. Certaines apps iPad sont hyper bien faites pour une prise en main rapide, et elles vont droit à l’essentiel. Mais l’iPad manque surtout d’app plus complexes comme tu dis.
Il faudrait un mixte des deux dans l’idéal... Mais qui dit mixte dit tuer un appareil car ils auraient le même usage. Et là Apple l’a compris je pense

avatar Gueven | 

@cocotux

"Il faudrait un mixte des deux dans l’idéal... Mais qui dit mixte dit tuer un appareil car ils auraient le même usage. Et là Apple l’a compris je pense"

Ou pas ...
Peut être que le compromis ne répond pas au besoin.
Sur iPad, il y a tout de même de bons softs.

Mais par définition (manque de ports), il reste moins polyvalent (et je ne parle même pas des limitations de l’os, souvent liées à la sécurité).
Exemple super spécifique : Je peux éditer et gérer mon « code » VHDL sous Git sur mon iPad. Mais, impossible de flasher mon FPGA avec l’iPad. Sur Mac, c’est pas mieux, mais dans une VM je m’en sort ...

avatar ney | 

@Gueven

Tiens donc un amateur de VHDL ? rien à voir avec le sujet de l’article mais tu aurais des ressources pour un grand débutant en VHDL ? ?

avatar Gueven | 

@ney

Heu, j'ai lu quelques bouquins, notamment "Le language VHDL, du language au circuit, du circuit au language, chez Dunod" qui est facile d'accès.

avatar ney | 

@Gueven

D’accord merci ?

avatar Scalp | 

Il ya encore des gens qui font du VHDL ? ney, ne perds pas ton temps, passe directement au System Verilog ! :-)

avatar ney | 

@Scalp

Pas le choix je suis étudiant et on apprend le VHDL ?‍♂️ mais merci j’irai jeter un coup d’œil ?

avatar Scalp | 

@ney
Je taquine, encore beaucoup de monde utilise le VHDL (surtout en Europe), et c'est d'ailleurs très bien pour débuter car c'est moins permissif.
Mais si t'as l'occasion de découvrir le System Verilog, tu verras que c'est extrêmement puissant car ça unifie efficacement tous les aspects du design en un seul langage (design ,verif, modélisation, assertions).

avatar Hideyasu | 

@cocotux

Il y a quand même l’arrivée de grosses apps qui laissent présager du bon sur iPad : Photoshop, autocad, etc.
Avec autant de fonctionnalités que la version desktop.

Si la puissance de l’iPad permet d’avoir les mêmes apps que sur Mac, c’est quand même pas mal !

avatar iPop | 

@Balthu

Rien n’empêche de le faire, c’est APPLE qui ne veut pas. Tout comme la bouderie de Adobe.
Les gens passent à autre chose.

avatar Gueven | 

@cocotux

"L’idée de toujours faire mieux est une vision intéressante, mais il faudrait que tout le monde évolue dans ce sens y compris les développeurs, l’OS etc... Le problème c’est que tout le monde n’avance pas à la même vitesse."

Avec ce genre de discours on serait encore a l’edge et la vidéo sur mobile n’aurait jamais existé.

C’est toujours comme ça :
Le hard propose des avancées en terme de performance,
Les développeurs imaginent de nouvelles fonctions qui utilisent cette puissance.

Tu ne peux par faire cela dans l’autre sens, car l’un conditionne l’autre ...

Donc, laissons le temps au développeur, et regardons un peu plus loin.

C’est souvent grâce aux early adopters (que certains nomment des pigeons) que la technologie va de l’avant ...

avatar cocotux | 

@Gueven

Certes il faut regarder sur le long termes, dans les 5 ou 10 ans à venir.
Mais si on regarde là maintenant ? Apple nous vend juste un iPad puissant qu’on ne peut pas utiliser, et par des paroles bien choisies et une démo technique elle nous le vend par magie.

avatar Gueven | 

@cocotux

"Certes il faut regarder sur le long termes, dans les 5 ou 10 ans à venir. "

La démo de photoshop montre quand même la direction. On est très loin du 5 à 10 ans.

Bref, cette puissance sera très rapidement utilisée. C'est comme au début des consoles vidéo ...

avatar SebKyz | 

@cocotux

Quand je vois la rapidité et la fluidité de l’iPad pro 10,5 je le dis que oui heureusement que les puces sont de plus en plus puissantes.
Les interfaces et les applications seront plus gourmande dans l’avenir et les puces puissantes d’aujourd’hui pourront le supporter. Pas s’ils elles étaient moins puissantes.

avatar Achylle_ | 

« C’est toujours les avancées hardware qui déterminent les possibilités offertes aux développeurs »
>> c’est tout à fait vrai sauf qu’ici, Apple est jugé et partie et n’est pas un simple constructeurs de Hard.
En imposant des limitations arbitraires à IOS, au port USB-C, en obligeant à passer par l’AppStore et ses 30% de comm, Apple empêche fortement le développement de grosses appli complexes.

C’est dommage car ce SoC A12X pourrait faire tourner certainement mieux tous les logiciels du marché, et probablement tous les derniers jeux AAA que l’offre Mac actuelle

Mais effectivement ce serait se tirer une balle dans le pied, d’où la volonté d’Apple de volontairement séparer les usages

avatar iPop | 

@Achylle_

Peut être mais ils ont réussi ce que Microsoft ambitionne maintenant (ce n’était qu’une question de temps car Windows n’est pas Linux)

avatar Kabrice | 

@Achylle_

Tu penses vraiment que si Apple empêchait le développement d’application complexe tu aurais Photoshop sur le point de tourner sur iPad? Ou que blizzard aurait développé Diablo.
La problématique c’est la rentabilité pour les développeurs. Ils faut repenser totalement la façon de développer une application pour qu’elle tourne bien sur iPad. Hors le marché des tablettes reste anecdotique face au ordinateur de bureau. La base installée est majoritairement sur Windows. MacOS représente quelques pour-cent. Et l’iPad encore moins.
Les pièces ce mettent en place mais vont demander encore beaucoup d’efforts et de changements.

avatar reborn | 

@Achylle_

Pourtant des grosses appli 3D furent présenté pour mettre en avant la puissance du soc

avatar Maxxi | 

Le taff qu’a fait Apple avec ce processeur est quand même impressionnant. Ils arrivent à faire aussi bien(sinon mieux) qu’Intel dont c’est le cœur de métier.
Certes l’iPad bride le potentiel mais m’étonnerait qu’Apple en reste là.
Imaginez un A13x ou A14x dans un Mac. Ça va envoyer du bois.

avatar byte_order | 

Le coeur de métier d'Intel n'est pas de faire des processeurs ultra mobile, non.
Sinon ils seraient présent sur ce marché loin devant les autres, vu leur place en terme de processeurs avant l'arrivée de la demande d'ultra-mobilité.

Intel aussi sait parfaitement doubler ou quadrupler la taille des caches mémoires de ces processeurs, doper la vitesse du bus memoire etc pour booster les perfs.

Ils vendent cela dans leur gamme de procs Xeon en particulier.
Le tout dernier d'entre eux a 48 coeurs *physiques*, 96 logiques, x4 la vitesse du bus mémoire, par exemple.

Intel a bien essayé de proposer une version ultra mobile de ses procs, mais comme c'était pas son coeur de métier, ils ont mis beaucoup de temps à régler des problèmes qu'ils n'avaient pas trop l'habitude de devoir gérer, comme de ne pas avoir une source électrique puissante en permanence et des contraintes d'autonomie à gérer en conséquence.

Mais cela a pris près de 10 ans à Apple à monter en performance une architecture ARM pour commencer à concurrencer les processeurs de moyen gamme d'Intel.

Votre "sinon mieux" me semble donc un peu précipité.

avatar Maxxi | 

@byte_order

Visiblement les perfs de l A12X valent celles d un core i5. Pour un TDP inférieur et du coup une autonomie supérieure

Après je veux bien qu’on dise que le cœur de métier Intel ce sont les xeon mais je pense pas qu’ils aient envie de se faire sortir du marché des processeurs portables qui représente l immense majorité du marché en volume.

avatar reborn | 

@byte_order

"le cœur de métier Intel ce sont les xeon"

Tu sais cela fait 10 ans qu’Intel essaye de se positionner sur le mobile sans succès. Aussi bien sur les soc que les modems. Ah si seulement Apple avait choisir l’intel atom pour son iPad au lieu de son soc maison..

Intel aurait du etre à la position de Qualcomm et aujourd’hui ils s’en mordent les doigts

avatar jean_claude_duss | 

C’est mieux que la switch, mais les démo de NBA 2K18 sont pas vraiment plus impressionnante que ce qu’on a sur une switch

avatar SebKyz | 

@jean_claude_duss

Je trouve qui si. C’est vraiment pas mal j’aimerais bien comparer côté à côté. La Switch a un ventilateur aussi. Je le demande comment celle de l’iPad arrive à tenir la cadence sans ventilation...

avatar Hōjō Tokyo | 

Toute cette puissance dans un iPad ?
Toute cette puissance dans iOS ?

Je n’attend qu’une chose c’est de switché sur iPad Pro mais va falloir que Apple arrête de voir l’iPad comme un produit sous neuroleptiques.

avatar oomu | 

Des pouvoirs cosmiques phénoménaux. Dans un vrai système de poche...

avatar Fabeme | 

Cet iPad plus les annonces à la WWDC concernant une conception unifiée Mac et iOS des apps... les choses s’installent petit à petit mais ça devient intéressant :)

avatar bbtom007 | 

Avec la rumeur du mac arm, on aurait donc besoin :
iMac os X et pour l’iPad iOs X.
Faisons de la fiction : en mode charge ou desktop, un cpu (A15X?) 8 coeurs hautes performances hyper threadé -> 16 cœurs logiques ça devrait être suffisant pour concurrencer les machines (MacBook / Air) avec proc intel non ?

avatar leber726 | 

On sait si la puce tient aussi bien la charge pendant plusieurs minutes ou plusieurs heures ? Si c'est le cas c'est effectivement très prometteur pour la suite.

avatar Dgamax | 

L’inconvénient des ipad comparé aux Mac c’est que les apps sont trop simple et après quelques mise à jour, celui va ramer comme pas possible ...

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