La dévaluation surprise du yuan, orchestrée par Pékin ce mardi, a pour objet de stimuler les exportations du pays. La décision était inattendue, mais c’est un classique économique : les autorités d’un pays ne préviennent jamais d’une dévaluation afin de bénéficier de l’effet de surprise. La banque centrale vise une dépréciation exceptionnelle de l’ordre de 2% de la monnaie chinoise par rapport au dollar, ce qui a pour effet mécanique d’abaisser le coût des exportations, mais d’enchérir d’autant les importations.

Apple va devoir tenir compte de cette nouvelle donne, préviennent plusieurs analystes dans le Wall Street Journal. Le constructeur peut toujours prendre ces quelques 2% à son compte et gratter sur sa marge, ou augmenter ses prix. Le groupe n’est de toutes manières pas le plus à plaindre, puisque ce qu’il perd d’une main, il le gagne d’une autre : il fait en effet fabriquer ses produits en Chine, où les exportations sont devenues moins onéreuses.
Plus généralement, cette dévaluation est synonyme de difficulté économique pour le pays, qui accuse une baisse sérieuse de ses exportations (-8,3% en juillet). Arthur Liao, analyste pour Fubon, explique s’attendre à une demande plus faible pour l’iPhone en Chine, ce d’autant plus si le constructeur décide d’augmenter les tarifs de ses smartphones.
Lors de la présentation de ses résultats du second trimestre, Apple avait prévenu qu’une des difficultés qui pouvait se présenter à terme était précisément la force du dollar face aux autres monnaies — c’est le cas, par exemple, de l’euro, ce qui a forcé la Pomme à augmenter fortement ses tarifs au printemps.
De son côté, KGI (la société d’analyses où émarge le célèbre Ming-Chi Kuo) prévoit entre 65 et 75 millions d’iPhone vendus au quatrième trimestre de l’année. L’an dernier durant la même période, Apple avait écoulé 73 millions d’iPhone — autant dire que la croissance pourrait être nulle, voire négative, entre 2014 et 2015.

KGI explique d’une part que les ventes de smartphones ont reculé d’une année sur l’autre ; d’autre part, les nouveautés attendues dans l’iPhone 6s, tout particulièrement l’écran Force Touch, ne sont pas susceptibles d’enthousiasmer plus que de raison les consommateurs. La technologie d’appui prolongé déjà à l’œuvre sur l’Apple Watch et les MacBook constitue une avancée ergonomique intéressante, mais peu mise en avant dans les applications qui l’exploitent. Intégrée dans les futurs smartphones, elle pourrait bien ne pas attirer autant de nouveaux clients qu’Apple l’espère (lire : Force Touch sur iPhone 6s, ça se confirme).
D’ailleurs, la maison Fubon croit savoir qu’Apple aurait déjà réduit ses commandes d’iPhone 6s de 1%. Les informations du Wall Street Journal annonçant un lancement massif avec 90 millions de nouveaux iPhone ont du plomb dans l’aile.