Un special event normal ? Entre 300 à 700 invités, à l’auditorium du campus d’Apple ou au Yerba Buena Center for the Arts de San Francisco. Un keynote aussi particulier que celui consacré à l’Apple Watch ? Un peu plus de 2 000 journalistes et personnalités, au Flint Center de Cupertino. Le coup d’envoi de la WWDC ? 5 000 développeurs, jusque dans les travées du Moscone West. Mais le Bill Graham Civic Auditorium peut accueillir jusqu’à 7 000 personnes.
Un lieu à la (dé)mesure des annonces du special event de ce 09 septembre 2015 : plutôt que de le remplir, Apple a fait le choix de le transformer, pour mieux mettre en scène ses nombreuses nouveautés. Trente-huit ans après la présentation de l’Apple II, le Bill Graham Civic Auditorium a abrité la mise à jour des iPhone, l’agrandissement de l’iPad, et la réinvention de l’Apple TV. Il s’agissait bien d’un « événement », au sens premier du terme.
Apple Watch
Bien que l’Apple Watch n’est commercialisée que depuis quelques mois, et qu’elle satisfait 97 % de ses utilisateurs, Apple lui apporte déjà des nouveautés. Présenté lors de la dernière WWDC, watchOS 2 apporte de nouveaux cadrans virtuels, qui peuvent contenir des complications fournies par l’une des 10 000 applications tierces, qui peuvent désormais tourner sur la montre elle-même.
Des nouveautés logicielles accompagnées de nouveautés matérielles, à commencer par une nouvelle collection Hermès, conçue en partenariat avec le grand nom français du luxe. Le boîtier en acier 316L y est associé avec des bracelets taillés dans le fameux cuir de la maison, dont un bracelet double tour et un large bracelet manchette. Dotés d’un cadran Hermès exclusif, les modèles de cette collection seront réservés aux boutiques du fabricant et quelques Apple Store.
À l’autre extrême de la gamme, l’Apple Watch Sport est désormais déclinée dans deux nouveaux coloris, « or » et « or rose ». Oui, il s’agit bien des mêmes couleurs que la prestigieuse Apple Watch Edition… mais ces modèles sont bien faits d’aluminium anodisé. Puisque l’automne arrive, de nouveaux bracelets Sport aux coloris pastel font leur apparition.
L’Apple Watch « classique » n’est pas en reste : le modèle au naturel est désormais disponible avec un bracelet (PRODUCT)RED, et le modèle noir sidéral peut maintenant être acheté avec un bracelet Sport assorti. Enfin, le bracelet à boucle classique possède désormais un revers marron, un coloris qui s’étend à l’avers dans une nouvelle version brune. Tous ces nouveaux modèles sont disponibles dès aujourd’hui dans 25 pays, à l’exception de la collection Hermès, qu’il faudra attendre jusqu’au mois prochain.
iPad Pro
La rumeur disait vrai : la gamme iPad est désormais chapeautée par un iPad Pro. Son écran est aussi haut que celui de l’iPad Air est large, ce qui signifie qu’il mesure 12,9 pouces de diagonale, et peut afficher deux applications côte à côte avec le mode Split View d’iOS 9. L’iPad Pro est un gros iPad, qui pèse plus de 700 grammes bien qu’il ne mesure que 6,9 mm d’épaisseur. Mais c’est aussi un iPad puissant, doté d’un processeur A9X presque deux fois plus performant que le processeur A8X de l’iPad Air 2, et de puces de stockage deux fois plus rapides.
L’iPad Pro fera un bon téléviseur portable, avec ses quatre haut-parleurs lui offrant (enfin) un son stéréo dans toutes les orientations — reste à trouver des films du calibre des 2 732 x 2 048 pixels de son écran. Mais l’iPad, et a fortiori l’iPad Pro, ne sert pas qu’à consommer : il sert aussi à créer. Du texte, par exemple, avec un Smart Keyboard que l’on peut décrire comme une Smart Cover à clavier intégré. Rappelant beaucoup celui de la Microsoft Surface, le clavier de l’iPad Pro se connecte automatiquement à l’aide de contacts magnétiques.
Des images, aussi : si le stylet n’est pas la meilleure interface pour le contrôle d’une interface généraliste, il reste un excellent outil pour écrire et dessiner à main levée. L’Apple Pencil, un crayon numérique tout de blanc vêtu, bénéficiera forcément de son intégration native au système — de quoi assurer une latence minimale, tout en gérant au mieux la pression et l’orientation. Si ces deux accessoires distinguent l’iPad Pro de ses petits cousins, ils ne sont pas fournis avec : le clavier est vendu la bagatelle de 169 $, et le stylet vaut 99 $.
Décliné dans les trois couleurs maintenant habituelles, l’iPad Pro ne sera pas disponible avant le mois de novembre. Vendu 799 $, le modèle d’appel est (heureusement) doté de 32 Go. Deux modèles dotés de 128 Go de stockage seront proposés à 949 $ et 1 079 $ : le premier avec une puce Wi-Fi seulement, le deuxième avec une puce 4G LTE (cat. 6) aussi. L’iPad mini 2, l’iPad Air et l’iPad Air 2 restent au catalogue ; l’iPad mini 3 est remplacé par un iPad mini 4 qui n’est autre qu’un petit iPad Air 2 avec un processeur moins rapide.
Apple TV
Mais Apple a des ambitions pour un écran plus grand encore, celui de votre téléviseur. « Les applications sont le futur de la télé », dit Eddy Cue — à condition qu’elles tournent sur le nouvel Apple TV, pensait-il très fort. Alors que l’Apple TV utilisait jusqu’ici un système bâtard privé de fonctions indispensables aux applications natives, le nouvel Apple TV tourne sous tvOS, un système plus complet qui bénéficie d’un App Store.
Au premier coup d’œil pourtant, rien ne semble avoir changé, ou presque. L’Apple TV prend toujours la forme d’une petite boîte noire, quoiqu’un un peu plus trapue, et étale toujours ses fonctions sur une grille de rectangles, certes revue et corrigée. Peut-être faut-il regarder la télécommande pour commencer à comprendre : exit le cercle de contrôles inspiré par l’iPod, place à un pavé tactile lui donnant des airs de mini-iPhone ; exit l’infrarouge, place à une connexion Bluetooth ; exit la pile, place à une batterie offrant trois mois d’autonomie et rechargeable par un port Lightning ; exit l’aluminium brossé, place à du métal laqué noir.
Puisque la sortie HDMI du nouvel Apple TV prend en charge le protocole CEC, cette télécommande peut contrôler l’alimentation et (enfin) le volume du téléviseur. Elle fait aussi office de micro : l’Apple TV intègre enfin Siri, capable non seulement de répondre à des requêtes simples (montre-moi tous les films avec Mark Ruffalo, quel temps fait-il à New York ?, lance Netflix), mais aussi de réaliser des actions plus complexes (que vient-elle de dire ?, et Siri remonte la vidéo de quinze secondes et active temporairement les sous-titres).
Décidément polyvalente, la télécommande du nouvel Apple TV fait aussi office de manette. Son gyromètre permet de l’utiliser comme la manette de la Nintendo Wii ; la télécommande tournée sur le côté, le pavé tactile fait office de pavé directionnel. On trouvera bien évidemment des jeux dans l’App Store, mais aussi des applications de fournisseurs de contenus comme Netflix et Hulu, ou des applications plus généralistes comme celle d’AirBnb. Intéressé ? Vous devrez attendre la fin octobre avant de pouvoir vous procurer ce nouvel Apple TV, qui sera proposé à 149 $ avec 32 Go de stockage et 199 $ avec (surprise) 64 Go de stockage.
iPhone 6s et iPhone 6s Plus
Un special event de rentrée ne serait pas complet sans de nouveaux iPhone, qui doivent encore prolonger le succès d’un appareil qui représente près des trois quarts du chiffre d’affaires d’Apple. Puisque nous sommes dans une année « s », les nouveaux iPhone ressemblent aux anciens : l’iPhone 6s possède un écran 4,7 pouces, et l’iPhone 6s Plus (un nom digne des meilleurs tests d’élocution) possède un écran 5,5 pouces. Tout au plus sont-ils disponibles dans une nouvelle couleur, « or rose », ce qui permettra de les assortir parfaitement à l’Apple Watch Sport.
Les changements les plus importants sont aussi les moins visibles : l’aluminium du châssis, par exemple, utilise désormais la même formulation résistante aux petits chocs et aux rayures que l’Apple Watch Sport. Le capteur Touch ID est plus précis et plus rapide ; le processeur Apple A9 est 70 % plus performant que l’Apple A8 de l’iPhone 6 ; des puces plus modernes permettront d’atteindre jusqu’à 300 Mb/s en 4G LTE-A cat. 6 et 866 Mb/s en Wi-Fi 802.11ac. Mais les années « s » se distinguent d’abord et avant tout par l’introduction de nouvelles technologies.
La première d’entre elles s’appelle « 3D Touch » : comme celui de l’Apple Watch, l’écran des iPhone 6s est sensible à la pression. Un appui léger offre un aperçu (peek) de certaines fonctions ; un appui plus fort amène les contenus au premier plan (pop). Dans Mail par exemple, un appui léger donne un aperçu du courrier, et un appui plus fort l’ouvre. Un appui léger sur un lien montre le site, et un appui plus fort lance Safari. Appuyer sur l’icône d’une app sur l’écran d’accueil offre des raccourcis : appeler un favori sur l’app Téléphone, naviguer jusqu’à la maison sur l’app Plans, prendre un selfie sur l’app Messages. Le Taptic Engine offre un retour haptique, là encore comme sur l’Apple Watch.
L’autre grande nouveauté concerne l’appareil photo : alors que de nombreux fabricants ont progressé très rapidement ces dernières années, Apple se devait de répondre. Le capteur passe à 12 Mpx : comme les photosites sont un peu plus petits (1,22 µm au lieu de 1,5), l’électronique a été retravaillée de manière à réduire au maximum les interférences. Le résultat ? Si les photos fournies par Apple semblent témoigner de gros progrès, elles trahissent la présence de matériel additionnel : on attendra donc d’avoir en mains pour en juger, et surtout comparer avec la concurrence.
Si l’autofocus a été amélioré, la stabilisation optique reste l’apanage du modèle 5,5 pouces, et l’optique ne progresse pas. Les nouvelles capacités de traitement permettent toutefois d’augmenter la définition des panoramas à 63 Mpx, et surtout de filmer en 4K à 30 i/s. Mieux : toutes les photos sont désormais des « Live Photos », des photos animées. Sauf à ce que vous désactiviez cette fonction, les nouveaux iPhone conservent désormais une seconde et demie de clichés avant et après la prise de vue, l’animation se révélant d’un appui avec 3D Touch.
Les capacités de l’Apple TV vous laissaient espérer qu’Apple soit moins radines en stockage ? Reprenez vous : l’entrée de la gamme iPhone 6 s ne possède que 16 Go de stockage, pour 749 €. Il faut désormais ajouter 110 €, et non plus 100 €, pour passer à 64 Go, et 110 € encore pour passer à 128 Go. L’iPhone 6s Plus est proposé à 859 € en 16 Go, 969 € en 64 Go, et 1 070 € (!) en 128 Go. L’iPhone 5s reste au catalogue comme modèle d’appel, en 16 et 32 Go (509 et 559 €). Les iPhone 6 et 6 Plus sont décalés d’un cran, en 16 et 64 Go (639 et 749 €, 749 et 859 €).
Aux États-Unis, Apple expérimente par ailleurs un système de location d’iPhone, censé minimiser l’impact de l’abandon progressif des subventions opérateur. L’iPhone 6 s 64 Go sera proposé à 36,58 $ par mois avec un contrat AppleCare+ — vous pourrez ainsi le conserver pendant 24 mois, et ensuite le rendre à Apple, ou payer un petit supplément pour passer au nouveau modèle au bout de 12 mois. Les nouveaux iPhone seront disponibles en précommande le 12 septembre prochain, pour une livraison à partir du 25 septembre.
iOS 9 sera quant à lui disponible le 16 septembre, en même temps que watchOS2 et quinze jours avant OS X El Capitan. Cerise sur le (gros) gâteau, les prix du stockage iCloud baissent : le forfait de 50 Go passe à 0,99 € par mois, celui de 200 Go à 2,99 € par mois, et celui de 1 To à 9,99 € par mois.