Les téléphones et tablettes ont opposé Bill Gates et Steve Ballmer

Florian Innocente |

Des différences d’appréciation entre Steve Ballmer et Bill Gates sur la nécessité pour Microsoft de s’engager dans la création de téléphones ont écorné leur relation, a raconté le premier.

Parti de Microsoft depuis trois ans et aujourd’hui patron de l’équipe de basket des Los Angeles Clippers, Steve Ballmer a livré à Bloomberg quelques anecdotes sur ses dernières années passées à la tête du groupe qu’il a co-fondé.

Un bilan dont il retire néanmoins la fierté d’avoir contribué à créer puis piloter ce qui a démarré comme une PME pour devenir un géant mondial.

Il décrit 2008, la première année pendant laquelle il a assuré la pleine direction de Microsoft, comme « misérable». Gates, qui avait encore un pied dedans et un autre déjà dehors, « ne savait pas comment travailler pour les autres et je ne ne savais pas comment gérer Bill. Je crois d’ailleurs que je ne l’ai jamais su ».

Ce n’est qu’après le départ effectif de son partenaire que les choses sont devenues plus simples. Pour autant, Gates pesait toujours sur certaines grandes décisions.

Il y a toujours eu entre les deux hommes une relation comme entre deux frères, avec les bons et les mauvais côtés. Mais leur relation a subi les conséquences de désaccords sur la stratégie à suivre vis-à-vis du matériel — téléphone et tablettes — et elle a quelque peu dérapé, comme le dit sans détours Ballmer. Aujourd’hui chacun mène ses affaires de son côté.

Steve Ballmer raconte qu’il a un moment poussé dans la direction qui a conduit à la réalisation des premières Surface, face à un Bill Gates et un conseil d’administration dubitatifs. Le premier essai avec les Surface RT sur processeur ARM fut d’ailleurs un échec cuisant (900 millions de dollars furent consacrés à assécher les pertes). Mais l’activité Surface a peu à peu su trouver ses marques (lire Les ventes de Surface sont bonnes pour Microsoft).

Cette confrontation s’est accrue lorsque Ballmer a milité pour acheter Nokia. Le conseil d’administration y a été d’abord rétif, il était aussi inquiet du faible niveau de l’action de Microsoft alors que les bénéfices étaient pourtant bons, relève l’ancien patron. Finalement, et alors qu’il avait déjà annoncé son départ, le conseil a changé d’avis et Ballmer reçu le feu vert pour acheter le Finlandais, après de longues discussions conduites discrètement, sous le nom de code « Médaille d’or »… (Microsoft/Nokia : une négociation sur six mois).

L’opération fut tout sauf couronnée de succès. Steve Ballmer pense qu’il aurait pu en être autrement « Je crois que, si on l’avait fait d’une certaine manière, cela aurait eu beaucoup de sens. La société a décidé d’aller dans une autre direction et ce fut son choix ».

Au chapitre des autres regrets, il cite Vista, dont le difficile développement a pris beaucoup trop de temps. Cela a eu pour effet de mobiliser des talents parmi les équipes, qui auraient été plus utiles ailleurs. Notamment lorsque d’autres travaillaient sur leurs futures plateformes mobiles.

Si les choses étaient à refaire, il lancerait Microsoft dans le matériel bien plus tôt. Il lui a manqué aussi la perception que le modèle suivi jusque-là par le PC, à savoir un OS, un processeur et des logiciels conçus séparément ne s’appliquerait pas obligatoirement au mobile (Google a néanmoins bien tiré son épingle du jeu par ce principe).

Il nuance ensuite sa fameuse phrase sur l’iPhone qui ne marcherait jamais au vu de son prix de plusieurs centaines de dollars. Le ticket d’entrée était très élevé, mais ce qu’il n’a pas perçu à l’époque, dit-il, c’est qu’Apple allait « innover » en faisant en sorte que les opérateurs subventionnent ce téléphone et fondent son tarif dans celui de la facture téléphonique.

Aujourd’hui, « Emballé » par le travail de son successeur, Steve Ballmer s’autorise tout de même quelques motifs de satisfaction sur son action, comme le lancement de Bing (utilisé par Apple pour Siri en lieu et place de Google dans iOS), d’Office 365 et des efforts en direction des services dans le nuage, tels qu’Azure. Sur ce point, on ne peut guère lui donner tort.

avatar Titouchris89 | 

SB a fait de Microsoft ce qu'elle est maintenant!
Il a fait rater le virage mobile et aurait dû renforcer la marque Nokia qui avait encore une belle notoriété.
C'est affligeant qu'un grand dirigeant comme ça, payé des milliards, n'ai pas vu tout ça venir.
Et c'est encore plus affligeant qu'il fasse des excuses la, qu'il rende ses milliards.... et qu'il s'excuse plutôt de beugler comme un bœuf de Cobe sur scène, d'avoir fait Windows 8, etc...
Oui je n'aime ce monsieur :)

avatar awk | 

@Titouchris89

Tu as une vague conscience du volume de la valeur créée sous la direction de Balmer ?

Avoir une vision manichéenne de son héritage est de la pure bêtise ?

avatar Titouchris89 | 

@awk

Il a hérité de la vision et donc de la courbe montante de son prédécesseur je pense.

On pourrait dire la même chose pour Apple actuellement :)

avatar Titouchris89 | 

@titouchris89

La vision à long terme est la première qualité d'un chef d'entreprise... choses qu'avait Gates et Jobs... musk et quelques autres... mais pas Ballmer, ni Cook, toujours selon mon ressenti...

avatar awk | 

@Titouchris89

Tu m'as l'air d'être un spécialiste en vision et en critères d'évaluation des CEO qui eux aussi sont de sacrée vision ?

Mais tu as l'honnêteté de voir que ce n'est qu'un ressenti, ce qui change tout ?

Balmer a eu de très bonnes visions sur nombre d'enjeux business pour sa boite qui ont payé, ce qui aujourd'hui fait la profitabilité de MS lui doit beaucoup.

Il est aussi passé à côté de certaines transformations ce qui est inévitable particulièrement avec un mastodonte tel MS, sa culture et son inertie.

Steve Jobs lui même est en grande partie passé à côté de la révolution du web dans laquelle Apple a mit bien du temps pour se faire une place.

Concernant Cook il me semble délicat de prétendre aujourd'hui qu'il n'a pas de vision long terme et même très injuste.

Il me semble par exemple évidemment qu'il a très compris qu'Apple devait trouver un nouvel Eldorado à conquérir.

Sa réussite ne se mesurera pas avec les iPhone, les iPad, les Mac, les Watch mais avec sa capacité ou non de trouver un nouveau secteur porteur assurant la continuité de la croissance incroyable du CA et de la marge d'Apple.

Croire que les enjeux sont sur les produits actuels c'est manquer de vision ?

avatar Titouchris89 | 

@awk

Bien dit?
Tu as raison sur plusieurs points,
Il n'empêche que Balmer évoque pour moi le déclin de Ms et la situation délicate dans laquelle elle se trouve maintenant dans plusieurs domaines.
Par contre jouer l'ouverture maintenant est plutôt bienvenue (opportun) et par exemple porter mssql sur Linux est judicieux. Ils ont perdu des batailles dont je rends responsable Balmer directement. Et vista n'est pas, de mon point de vue, une erreur, bien au contraire.

avatar awk | 

@Titouchris89

Il faut ajouter que par bien des aspects le bonhomme est assez détestable.

L'incarnation de ce que furent pour moi pendant longtemps les valeurs de MS : La force brute sans subtilité, ni grâce, ni elegance.

Très efficace en terme de pure business mais pas très excitant intellectuellement.

MS travail bien plus son image depuis le changement de direction, mais MS teste une machine très lourde, rigide ou les esprits créatifs n'ont que peu de pouvoir.

Cela peut semblait idiot mais une visite au siège est pour moi édifiante. C'est gris et aussi séduisant qu'un centre administratif de l'ex RDA ?

avatar occam | 

@awk :

Terrain miné, mais je m’y avance quand-même :
Si nous faisions une hypothèse contrefactuelle, où en serait Microsoft aujourd’hui sans l’ère Ballmer ?

À titre d’exemple, je crois que tout le monde serait d’accord pour une hypothèse contrefactuelle sur Jobs ou Gates : sans eux, Apple et Microsoft n’existeraient pas, ou plus.
Je crois qu’on peut dire la même chose au sujet de Tim Cook, sur ses premières années à la tête d’Apple, durant la maladie et après la mort de Jobs : il a maintenu le cap et provisoirement sauvé le navire.

Mais Ballmer ? Quelles sont, selon vous, les décisions stratégiques prises par Ballmer et qui ne l’auraient probablement pas été sans lui ?

(À part le fait de ne pas aimer le type de personnage qu’il incarne, il me semble qu’il a su forcer à la diable la monétisation chez Microsoft, et qu’il a été un maître dans l’art brutal du levier.

Mais encore ? Qu’en reste-t-il aujourd’hui ?
Et, si vous avez envie de vous avancer, dans cinq ans ? )

avatar awk | 

@Titouchris89

Oui fastoche ??

avatar tchit | 

@rolmeyer

Troll

avatar occam | 

En finnois : paskapuhe.

1 - Kin. Zune. Vista. Windows 7.
2 - aQuantive. Yammer. Nook. Nokia.
3 - « We're selling millions and millions of phones a year, Apple is selling zero phones a year. »

Et si jamais on a trop honte à lire une interview xyloglosse de Phil Schiller ou boucoprique de Tim Cook, le remède :
https://news.microsoft.com/speeches/steve-ballmer-the-future-of-productivity/#sm.000009350pxah1fqapj5peoq40p9c

Juste pour renquiller.

avatar béber1 | 

"Il lui a manqué aussi la perception que le modèle suivi jusque-là par le PC, à savoir un OS, un processeur et des logiciels conçus séparément ne s’appliquerait pas obligatoirement au mobile"

"(Google a néanmoins bien tiré son épingle du jeu par ce principe)"

moui, mais quelle nécessité alors de faire des collaborations avec HTC (G1 & Dream, Pixel), et Samsung pour ses Nexus ?

avatar doogy | 

Personnellement je n'ai pas du tout aimé le comportement de Ballmer il semblait un peu trop pragmatique et faisait acte de désinvolture. Mais il faut admettre qu'il a eu de bonnes idées La Xbox c'est la toute première fois où Microsoft a commencé à créer du matériel et cela a mené la Xbox ou elle se trouve maintenant, il y a aussi Windows 7 selon plusieurs site qui disent que c'était leur meilleur os.

avatar occam | 

@doogy

Windows 7, «leur meilleur os » ?

Leur meilleur os, c'est le coccyx.
Windows 7 est juste en dessous.

Et puis on s'aperçoit que ce n'est pas un os.

avatar noooty | 

@occam

Et ça fait mal le coccyx quand on tombe dessus et qu'il se casse... la douleur est longue, et les séquelles aussi...

avatar awk | 

@doogy

Regarde les bilans de MS ?

avatar oomu | 

ha ben, voilà, sorti de son poste de langue de bois et de foufou enthousiaste, ça devient tout de suite plus posé, plus réfléchi, entre réussites et échecs assumés. Bien + intéressant à écouter.

----
"Google a néanmoins bien tiré son épingle du jeu par ce principe"

et bien voilà là où je reste sceptique et je vois Google buter à terme sur le même problème que Microsoft avec le PC.

On voit que le GROS des profits de l'industrie mobile est captée par Apple (les analystes estiment entre 90 et 94% voir >100% (!) si on considère les pertes des concurrents comme revenu négatif)

et non par Google malgré la diffusion d'Android.

Android est censé nourrir l'activité service et pub de Google. Mais les marges sont nettement plus faibles qu'une activité de constructeur comme Apple.

Est-ce que cela sera toujours intéressant et rentable pour Google ?

Dans les années 90 on estimait aussi que Microsoft était indéboulonnable uniquement parce que Windows était sur chaque PC. Mais c'est une activité à faible marge et MS a toujours tenté de pas en rester qu'à ça.

Le fait de devenir un constructeur (et ça prendra du temps encore pour s'y accomplir si la direction persiste sans faille) était pas que logique mais obligatoire.

Pour l'heure, Google a échoué avec Motorola, a échoué sur les tablettes, à un succès limité sur les chromebooks (éducation, voir si cela va devenir une activité importante) et le marché de la pub diminue.

Mais Google c'est pas que ça. c'est de plus en plus des services entreprises (par contre youtube, ça décolle toujours pas).

-
Mais on s'en fiche ! Y a jamais eu autant d'appareils intéressants malgré la mollesse de la gamme Apple. Des androids aux iphones en passant par des surfaces ou le radical 4 ports TB3 du macbook pro à 5000$ :)

avatar ovea | 

L'opposition Balmer/Gates met-elle en cause les activités de ce dernier avec Monsento pour imposer des semences stériles, entre autre en Afrique ?

avatar Mike Mac | 

Pour traduire la période" cul entre deux chaises" que Ballmer a vécu avec Bill trop proche de sa direction, il y a cette histoire significative :

Ballmer a eu la mauvaise idée d'envoyer Bill Gates visiter la division Microsoft Courier. Et c'est Gates qui a incité à jeter le projet par la fenêtre sous prétexte qu'Outlook n'avait pas été incorporé par l'équipe de développement.

Microsoft a failli avoir son produit avant-gardiste que les technologies d' aujourd'hui rendent plus plausible .

https://www.youtube.com/watch?v=GlpftPSuXe4&html5=1

avatar awk | 

@Mike Mac

Il semblerait que l'anecdote soi apocryphe et que la réalité soit bien plus complexe ?

avatar stemou75 | 

Les années Balmer ont été un désastre. Certes la société a continué de profiter des revenus des vaches à lait mises en place à l'époque de Bill Gates, mais les pertes liées à l'achat de Nokia et probablement aussi bientôt de Skype sont énormes. L'image de Windows a été écornée par Vista. Et Microsoft s'est fait éclipsé par Google pendant cette période : les navigateurs internet, les OS pour téléphone. Quant au hardware : de gros échecs comme le Zune et des "succès" qui ont quand même connus beaucoup d'années déficitaires comme la Xbox (Sony est leader) ou les Surface (Apple est leader).

avatar awk | 

@stemou75

Va lire les bilans de MS pour mesurer "La catastrophe"

avatar awk | 

@occam

Toujours amusant les uchronies ?

En préambule il me semble bon de rappeler un fait très souvent oublié : Apple ou MS ne retrouveront jamais un Jobs ou un Gates

Tous les cabinet de chasseur de têtes te le confirmerons, des profils de ce type ne cherchent pas à prendre la direction d'un géant établis, ils créent leur entreprise.

Il faut donc accepter que les successeurs de ceux qui on incarnés l'âme d'entreprise devenues iconique de leur temps n'est jamais des successeurs leur ressemblant.

En second lieu on oublis souvent quelle est la nature de la mission première de ces successeur tant elle est loin de nos passion : faire passer une entreprise du rang de géant à celui de mastodonte.

Et c'est très loin d'être trivial ou à la porté du premier con venu qui n'aurait qu'à récolter les fruits de ce qui a été semé par les fondateurs en allongeant le bras.

Après j'ai un véritable soucis pour relevé le petit jeu que tu me proposes, je n'ai que fort peu d'estime pour Gates qui est l'incarnation de bien des valeurs que je déteste (Même si cela en surprendra certain)

Balmer est pour moi dans la ligné de Gates : opportunistes, malin, brutal, sans grande créativité ... un remarquable business man comme Gates.

Pour moi Balmer a fait ce qu'aurait fait Gates : croire en la toute puissance de MS pour toujours finir à s'imposer par la force sur tout les marchés même si on y arrive après les autres.

Balmer a continué à faire du Gates avec encore plus de brutalité : conquérir, tuer, résister, dominer ...

Mais cette superbe mécanique c'est grippé la force brute de la position, de la trésorerie, des PDM ne suffit plus dans un monde qui a changé.

Balmer n'a pas su changer la culture de MS et malgré les efforts du nouveau CEO je ne crois pas qu'elle est tant que cela changée en profondeur.

avatar occam | 

@awk

Merci !

Je n'ai jamais eu le plaisir (douteux, semble-t-il) de visiter Redmond, mais j'ai eu des échos de gens que je connaissais (du Poly de Zurich, pour la plupart) qui sont repartis de MS à cause de l'atmosphère irrespirable du temps de Ballmer.
Certains y retournent ou renouent des collaborations depuis Nadella.

Quand je travaillais dans des institutions ou des universités, je voyais les commis de MS à l'oeuvre : concourant à tout verrouiller côté IT. Ils ont si bien réussi que maintenant, même là où Redmond pousse maintenant au changement, ils mordent sur le béton. Le système Ballmer semble avoir tellement de prise sur les structures des clients que même Microsoft n'arrive plus à les faire bouger.
Un sacré problème, à terme. IBM semble mieux positionné de ce côté, dans un spectre très spécifique.

C'est pourquoi j'avais posé cette question

avatar awk | 

@occam

Cela bouge dans le bon sens mais il y a une grande dichotomie encore entre la R&D et la vision produit.

Cela me rappel un peu la situation d'IBM à la grande époque : une des meilleures R&D du monde mais une lourdeur et une vision en tirant finalement peu profit ?

avatar occam | 

@awk :

Ah, la grande époque d'IBM...
Notre centre de calcul universitaire avait un IBM 3033 sous OS/VS2 MVS, avec JCL et, chic du chic, Time Sharing Option.
Langage officiel : PL/1, que tout le monde fuyait. Fortran 77, WATFIV, ALGOL, tout valait mieux.
Et puis, pour le maths, mon coup de coeur : APL !
Début des années '80, on a même eu droit à APL2, avec intro par le grand sachem d'APL2, Jim Brown. C'est là que j'ai compris qu'une lutte au Politbureau du PCUS, ce n'était rien à côté.
"Keep it in the link-pack area and give it 128 kB memory", nous dit le dr. Brown. Normalement, on n'avait droit qu'à 32 kB, et la link-pack area était strictement off-limits pour le commun des mortels. Seulement, comme on avait commencé à utiliser des IBM PC avec émulation de protocole 3270 au lieux des terminaux qui coûtaient le double, il fallait faire une translitération APL->ASCII.
Mais le mainframe broyait des caractères EBCDIC 8 bits, et l'ASCII 7 bits était considéré comme tout juste bon pour les cloportes. "I'll give you the transliteration code", nous dit Jim, "in fact I've already done so, I'm porting it all the time, but don't tell your top brass. Or mine. They may not want to acknowledge that an outside world exists," nous dit celui qui était tout de même chef du groupe APL2 chez IBM.

avatar awk | 

@occam

J'ai fait rigoler un vieux pote en lui disant que les nouveaux MacBook Pro seraient parfait pour ajouter les caractères spéciaux d'APL ?

avatar awk | 

@@occam

La suite :

Changer la culture d'une entreprise dominante est une des choses les plus difficile à faire pour un CEO, Lou Louis Gerstner a réussi à le faire avec IBM (Who Says Elephants Can't Dance? a lire pour comprendre ces questions), Balmer a clairement échoué chez MS, Nadella s'y essaye même si pour l'instant cela se voit bien plus en terme de communication interne qu'en interne (Une visite au campus de MS à Redmond suffit à s'en convaincre)

Cook bénéficie d'une culture d'entreprise forte issue d'un fondateur très attaché à des visions d'ordre plus intellectuelles et conceptuelles que ne l'était Gates et même s'il ne peut totalement l'incarner il la comprend pour le moins.

Pour moi le grand défi de Cook n'est pas de sortir de meilleurs iPhone, de meilleurs iPad, de meilleurs Mac, de meilleurs Watch ...

Au niveu de CA et de profit de l'entreprise son défi est de trouver le nouvel Eldorado permettant d'assurer la croissance alors même que les niveau atteint sont stratosphérique.

Il est claire depuis longtemps que l'ordinateur individuel n'est plus un marché porteur d'avenir pour qui que ce soit sur le marché.

L'Eldorado du Smartphone s'approche de sa fin.

Les iPad et les Watch ne seront jamais des relais de croissance d'un niveau suffisant

Cook doit mettre toute son énergie et toutes celle de son état majors sur la découverte d'une terre d'avenir.

Il est claire qu'ils investissent très lourdement pour la trouver et la tâche est titanesque, même pour un Jobs s'il était encore là.

Il faut prendre conscience que la taille d'Apple est tel aujourd'hui que le magique coup de l'iPhone ne serait pas d'une taille suffisante aujourd'hui pour assurer une croissance continue en partant des niveaux de CA où vous sommes.

Bref Cook a devant lui un défi colossal et ceux qui le juge sur des détails concernant les iPhone, les iPad, les Mac, Les Watch ... ce trompent en fait de guerre ... la vraie guerre n'est déjà plus là

avatar occam | 

@awk

En ce qui concerne la suite, au sujet de TC, je crois que c'est une analyse qui tiendra la route.

Rien à ajouter, sinon un sticky ?.

On peut y renvoyer certains grincheux de temps à autre, pour écourter certains débats. Enfin, quand ça mérite le nom de débats...

??

avatar awk | 

@occam

?????

avatar Applesoft | 

Pour répondre à la question du bilan de Ballmer. D'un point de vue global, son passage à la tête de MS est un succès que ce soit au niveau de la croissance du groupe, de son parcours en bourse. Note du Conseil d'Administration et des actionnaires : 8,5/10. Avec Ballmer, MS pèse 400 milliards à la Bourse et verse des sacrés dividendes depuis un bon bail.

Maintenant, rentrons dans les détails et regardons de plus près. De quoi s'aperçoit-on ? Ben que vous parlez presque toujours des sujets vous préoccupant. Or ce ne sont pas les sujets essentiels pour comprendre MS. Cette boîte, c'est d'abord et avant tout, et de très loin, le business "commercial", toute la pléthore de cochonneries logicielles (Office, Skype, Azure etc) que MS propose aux entreprises et qui ravissent les DSI :) Sur ce secteur, celui qui est le plus gros et le plus rentable, le bilan de Ballmer est un sans faute. Son côté commercial a fait des miracles et MS n'a fait que multiplier ses chiffres avec Ballmer dans ce domaine.

Et puis y'a le business "device and consumer" (Windows, Nokia, Xbox grosso merdo), celui qui s'adresse aux "end users", les trucs que vous connaissez par coeur : sur cette partie, le bilan de Ballmer est mauvais. Ils ont à peu près merdé partout.
- Windows en perte de vitesse constante de chiffre d'affaires
- Nokia pas besoin de vous expliquer
- Xbox rapporte pas des masses et se trouve derrière Sony, et plutôt loin (mais bonne image auprès du public)
Etc etc

Bref, Ballmer a surtout fait du bon boulot pour continuer l'expansion des solutions logicielles dans les groupes. Secteur sur lequel Apple est quasi inexistant. En revanche, sur le secteur end user, il est clair que Ballmer a fait du caca, n'a aucune inspiration et que le nouveau CEO est clairement bien plus orienté end user. Stratégiquement, au-delà de l'aspect que ça nous plaît, est-ce bien raisonnable ? Pourquoi aller se frotter à la pomme quand l'herbe est déjà bien plus verte ailleurs ?

avatar awk | 

@Applesoft

Ça fait du bien de voir qu'il y en a encore qui ne se vautre pas dans le pathos

très bonne analyse ?

avatar occam | 

@Applesoft :

Encore une réponse qui mérite un sticky. ?

« Cette boîte, c'est d'abord et avant tout, et de très loin, le business "commercial", toute la pléthore de cochonneries logicielles (Office, Skype, Azure etc) que MS propose aux entreprises et qui ravissent les DSI :) Sur ce secteur, celui qui est le plus gros et le plus rentable, le bilan de Ballmer est un sans faute. Son côté commercial a fait des miracles et MS n'a fait que multiplier ses chiffres avec Ballmer dans ce domaine. »

Je cite cela parce que ça vaut d'être souligné.
Quoique, dans mon appréciation personnelle, le mot "commercial" doit être mis en gras.

Venant d'abord d'un environnement mainframe IBM, puis DEC VAX, j'ai jugé la qualité initiale de l'offre stratégique MS en entreprise comme une vacherie innommable. "Cochonneries logicielles", oui, et à plus d'un titre. Quand les boîtes où je me trouvais ont largué les solutions mainframe, puis les réseaux Unix (Sun, surtout) pour les solutions Microsoft, ce ne furent que les DSI et le controlling à se réjouir. Les premiers, parce que la menace d'une autonomie des utilisateurs était éliminée, les seconds, à cause des économies de façade. Je me suis fait une fois virer en fanfare, et avec beaucoup de joie, pour avoir soumis à ma direction un calcul qui montrait qu'on perdait en temps de travail fichu, because infrastructure MS mal foutue et mal maîtrisée, environ le double de ce qu'avaient coûté les anciennes installations mainframe, DEC, ou Sun. Seulement, les coûts réels ne figuraient plus à la rubrique "informatique", donc voilà, happy controlling.

Cela aussi, pour moi, fait partie du bilan Ballmer. MS a engrangé immensément. Mais quel est le coût réel de cet immense succès commercial pour l'économie mondiale ? Je doute que ce bilan-là soit globalement positif, du moins pas sur toute la longueur. Corrigez-moi si je me trompe.

avatar rikki finefleur | 

occam
Etre sous l'emprise des sun, dec, ibm devaient vraiment être le paradis..
Belle époque ou l'on manipulait le client à sa guise, sans liberté avec des contrats que l'on connait.
Si ils avaient été moins soucieux de mettre des barreaux autour du client, leur destin eut été différent.
Et pour sur, on pouvait compter sur sun, dec pour démocratiser l'informatique.

avatar awk | 

@rikki finefleur

IBM ne manipulant pas le client à sa guise ?

Tu aimes vraiment le révisionnisme ?

avatar awk | 

@rikki finefleur

MS a presque tout appris en terme de pratique commercial d'IBM ?

Tu aimes vraiment dire des bêtises quand même.

avatar rikki finefleur | 

awk
" MS a presque tout appris en terme de pratique commercial d'IBM "
>> Drôle.
Je pense que soit vous êtes de mauvaise foi (?) , soit mal informé, soit vous n'avez jamais lu un contrat ibm, sun, dec et cie.
Rappelons déjà qu'à la base MS ne fournissait / n'imposait pas de matériel..
Restez donc dans votre dénigrement habituel.

Etre sous l'emprise des sun, dec, ibm devaient vraiment être le paradis.
Et pour sur, on pouvait compter sur sun, digital pour démocratiser l'informatique.
Curieusement, je ne pense pas que cela soit eux qui l'ont démocratisé.....

avatar awk | 

@rikki finefleur

?????

avatar awk | 

@rikki finefleur

Je ne suis même pas certain que MS soit un jour parvenu à reproduire l'emprise quasi absolu qui fût celle d'IBM ?

avatar Applesoft | 

NB : et pour ceux qui parlent souvent des marges brutes indécentes d'Apple (40% en moyenne), Microsoft avec son Windows, c'est ......... attention........ 90% :)

avatar awk | 

@Applesoft

Attention quand même c'est du soft et du service avec fort peu de matériel ?

avatar Applesoft | 

@awk :

And so ? Pourquoi accepter de payer plus cher pour un soft que du hardware ?
On prend ça comme un acquis mais bon, si on y réfléchit, au nom de quoi ?
De la supériorité de la ligne de code sur le savoir-faire industriel ?
C'est discutable et très subjectif. Produire une puce Intel n'a pas moins de valeur ajoutée que créer Windows.
On est juste habitués à payer plus cher un service car on nous y a habitués et qu'on est consentants.
Tout comme on est habitués à laisser plus de marge aux distributeurs qu'aux fabricants (évolution du capitalisme). Mais tu me diras que ça te dérange de laisser beaucoup de marge à Carrefour et peu aux fournisseurs. Ben là, symboliquement, c'est un peu la même chose.
Ceux qui font le plus de marge sont souvent ceux qui sont au bout de la chaîne, et qui vendent à nous autres, qui sommes sensibles au marketing. Et ça marche puisqu'on accepte de surpayer des logiciels en imaginant que c'est une valeur juste.

Pour revenir sur Windows, même si c'est en régression, c'est 90% de marge brute pour MS (la plus élevée pour le groupe) et très peu de développement de nos jours. Une "cash cow" extraordinaire qui doit nécessiter très peu de RH.

Sur le pathos, j'en ai comme tout le monde et je te le livre : j'aime pas Ballmer, je m'intéresse pas au business entreprises de MS (de mon point de vue, c'est globalement un piège, une arnaque et une compromission avec les DSI qui sans MS se sentiraient démasqués par leurs supérieurs hi hi). Quant au business end user, globalement j'aime pas. J'ai eu une xBox qui a claqué au bout de 2 mois (remplacé par PS3 et PS4 dont je suis ravi), je préfère largement MacOS à Windows, le fail de Nokia ne m'a pas surpris une seconde, le Zune fut une blague etc. Voilà pour mon avis et mon expérience personnels :) Comme disait très justement Jobs sur MS : "they have no taste".

Ah si y'a un truc sur lequel ils ont bien capté leur public et qui reste une référence : Office.

avatar awk | 

@Applesoft

"And so ? Pourquoi accepter de payer plus cher pour un soft que du hardware ?"

Si je peux me permettre là tu fais une grosse erreur sur ce qu'est le concept de marge.

Le fais que la Gross Margin (Je prend la définition US car c'est celle qui donne les ratio connu et public) soit plus importante pour une activité logiciel que matériel est quasiment mécanique.

Apple et MS sont hybride dans leur offre mais imaginons deux sociétés faisant l'une exclusivement du logiciel et l'autre exclusivement du matériel

Imaginons que les deux société est exactement le même chiffre d'affaire

La Gross Margin se calcul en retranchant au CA les Cost of goods sold ç-à-d : Les coûts de matière première, les coûts de fabrication, les coûts de stockage, les coûts de transports.

Les coûts de commercialisation, de R&D, de frais généraux ..; arrivent après

Donc mécaniquement sur des bien immatériel la Gross Margin est plus importante que pour des biens matériel.

C'est d'ailleurs un solde intermédiaire de gestion qui n'est pas le plus intéressant, mais c'est celui qui parle le plus au grand publique même s'il le comprend très mal et l'utilise tout aussi mal.

Il sera plus intéressant par exemple de s'intéresser à la marge opérationnel.

avatar awk | 

@occam

"Encore une réponse qui mérite un sticky. ?"

Finalement ces histoire de TB3 et d'usb-c ont du bon, un sujet comme celui-ci qui en tant normale aurait attiré tous les rageux bas de plafond devient un lieu où on peu échanger des trucs qui se tiennent ?

avatar awk | 

@occam

MS par bien des aspect doit beaucoup à IBM.

Son succès initiale évidement fruit d'un improbable concours de circonstances chez Big Blue, mais aussi bien des éléments de sa stratégie commerciale.

Comprendre les enjeux de pouvoir dans les entreprises, les peurs des DSI, les enjeux politiques, les offres qui tenaient la route, savoir abuser de son pouvoir de sa position dominante, de son aura et de son image.

Le classique "si je choisis IBM personne ne me fera des reproche au board des années 70" était devenu ""si je choisis MS personne ne me fera des reproche au board"

Commercialement MS a fait un remarquable travail en entreprise et continue à le faire en sachant adapter son discours, sa position, son offre ... aux enjeux du moment

C'est une sacré machine de guerre.

avatar awk | 

@Applesoft

" "they have no taste".

Et ils n'en n'ont toujours pas ?

Cela reste hors R&D une boite de bourin office serte mais assez bas de plafond aucun rapport à l'élégance conceptuelle.

avatar awk | 

@@Applesoft

"Sur le pathos, j'en ai comme tout le monde et je te le livre "

Puisqu'on en est là.

Je viens d'un monde plutôt scientifique dans son rapport à l'informatique.

J'ai détesté ce qu'avait pondu IBM avec ce monstre de Frankenstein qu'était le 5150 fruit d'un bricolage indigne d'IBM.

Les CPU x86 et leur architecture si loin de l'état de l'art de l'époque avec la belle orthogonalité des 68k et des VAX par exemple.

Quant à MS-DOS je ne pouvais même pas appeler cela un OS, mois qui ne jurais que par UNIX

La révolution "Micro-informatique" c'est insatncié pour moi dans les station de travail et il a fallut attendre l'arrivée de NT pour que je commence à jeter un oeil sans mépris pour les PC.

J'ai bricolé de proche en proche sur des Mac mais ma première vrai aventure dans le monde de Jobs fût le NeXT

Je suis aujourd'hui un utilisateur assez ouvert de macOS à W10 en passant par GNU/Linux ... mais je trouve qu'il manque toujours une âme aux produits MS même si techniquement ils sont aujourd'hui plus que respectable.

avatar Applesoft | 

@awk :

Ben tu décris bien au niveau comptable la définition de la marge brute (et c'est bien de partir de là car autrement, chacun donne sa définition de la marge brute, donc on parle bien au niveau comptable) que l'on peut résumer encore plus sommairement : marge brute = prix de vente - coût de revient. Comme tu le dis, les frais marketing / commercial / R&D / généraux viennent après.

Et peut-être sans le savoir, tu soulèves ma question. Oui mécaniquement, il paraît "normal" de trouver une marge brute supérieure pour du software par rapport à un Mac par ex. Disons simplement qu'un Microsoft "consomme" bien plus de marge en frais opérationnels par rapport à son prix de vente de logiciel qu'un Apple qui en consomme aussi sur la fabrication d'un Mac. Ce qu'un Microsoft gagne en marge brute, il le perd en frais opérationnels par derrière par rapport à un Apple grosso merdo car au final les 2 boîtes font à peu près la même marge opérationnelle.

Mais à nouveau, au nom de quoi ? C'est ma question. En quoi le business des logiciels nécessiteraient-ils plus de frais opérationnels ? En se posant cette question, on se pose la question du prix d'un logiciel. Les boîtes d'"'immatériels" sont celles qui gagnent le plus d'argent, les constructeurs automobiles en revanche ne gagnent rien. Et d'une certaine manière, c'est qu'on accepte que ce soit tel quel. C'est nous qui achetons et faisons le marché en arbitrant ce que l'on estime être un prix juste, c'est nous qui décidons de mettre la "valeur ajoutée" où nous le désirons.

Bref, vaste débat :)

NB : la marge opérationnelle est intéressante mais pas autant que l'EBITDA qui est encore plus pertinent car dans la marge opérationnelle, on a des dépréciations et des amortissements qui sont des éléments "polluants".
- la marge brute, c'est bien pour comprendre un secteur
- l'EBITDA, c'est clé pour vite comprendre la création de valeur d'une boîte
- le free cash flow, c'est encore mieux

Pages

CONNEXION UTILISATEUR