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Netflix n’est pas prêt à arriver en France

Nicolas Furno

jeudi 04 juillet 2013 à 13:18 • 28

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Non, Netflix n’a pas prévu d’ouvrir son service en France, ni dans l’immédiat, ni même dans quelques mois ou années. C’est en substance le message très clair du directeur de la communication de l’entreprise qui fournit, en Amérique du Nord et dans quelques autres pays, un accès illimité à des milliers de films et de série pour un petit abonnement mensuel. Alors que les rumeurs s’étaient multipliées sur l’ouverture du service pour 2012 puis pour 2013, BFM a tout simplement contacté l’entreprise pour avoir sa réponse. Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette réponse ne saurait être plus claire : « Netflix n’a actuellement aucun projet de lancement en France. » Le problème qui se pose dans l’Hexagone est toujours le même : le calendrier de diffusion des œuvres qui est à la fois très rigide et totalement incompatible avec le modèle de Netflix. En France, un film ne peut pas être proposé en VOD par abonnement pendant les trois années qui suivent sa diffusion en salle. Or l’entreprise californienne s’est lancée dans les différents pays où son service est proposé avec un catalogue de films récents — ils ont tous moins de trois ans. Aux États-Unis, certains films sont même disponibles trois mois après leur sortie en salle… Tant que cette chronologie est en place, Netflix ne peut pas ouvrir son service en France. Et même si le récent rapport Lescure suggère d’assouplir cette chronologie (lire : Rapport Lescure : le CSA dans le rôle de l’Hadopi et une taxe sur les appareils connectés), elle resterait encore loin des besoins de Netflix.
Extrait d’une infographie Ecrans.fr sur la chronologie des médias en France
Au cœur de ces questions, un nom revient souvent : celui de Canal+. La chaîne privée finance toute la création cinématographique française, non pas uniquement par amour du septième art, mais aussi pour sécuriser sa place. En France, les films sont toujours disponibles dans le même ordre : en salle, à l’achat dans les magasins puis sur Canal+. Les abonnés payent cher ce privilège de voir les films et séries à la télévision avant les autres : il faut compter une quarantaine d’euros pour accéder à ce service. C’est bien Canal+ et son modèle économique qui auraient le plus à perdre de l’arrivée de Netflix, ou d’un autre acteur avec le même modèle. Comment justifier ces 40 € mensuels si on peut voir les films avant pour beaucoup moins cher (Netflix ne coûte que 9 $ par mois aux États-Unis) ? On comprend mieux, dès lors, que toutes les rumeurs concernant l’arrivée de Netflix en France proviennent en fait… de Canal+. Depuis plusieurs mois, la chaîne agite régulièrement cette menace pour mieux renforcer sa place dans le paysage audiovisuel français. Avec succès jusque-là : personne n’ose sérieusement s’en prendre à la chronologie des sorties, personne n’ose remettre en cause le monopole de Canal+ sur le cinéma et les séries.
Le premier décodeur, indispensable à l'époque pour regarder Canal+
Les cinéphiles ne sont pas dupes pour autant. Canal+ est en perte de vitesse et perd régulièrement des abonnés : l’an dernier, ce sont ainsi 80 000 clients qui n’ont pas renouvelé leur contrat (soumis à un engagement, qui plus est…). Certes, la chaîne n’a rien à craindre sur le court terme avec près de 9,7 millions d’abonnés, mais cette chaîne de télévision à l’ancienne (programmes diffusés à heures fixes) peine à répondre aux nouvelles demandes de ses clients. Avec l’offre CanalPlay Infinity, la chaîne a pourtant essayé de lancer un Netflix à la française. Ouvert à tous, ce service de VOD propose un accès illimité à des séries et des films pour 10 € par mois sans engagement. Une bonne affaire sur le papier, mais un essai rapide montre rapidement qu’il y a un problème : l’offre est non seulement insuffisante, elle est aussi de mauvaise qualité. On trouve une ou deux saisons seulement par série, les films sont en général anciens et ce sont souvent des petits films qui n’ont pas eu beaucoup de succès. Ajoutons que la qualité des vidéos laisse à désirer et qu’il faut le plus souvent passer par son navigateur. Dernière tentative en date de Canal+ : lancer une nouvelle chaîne dédiée exclusivement aux séries. Avec, pour certains programmes, une diffusion moins d’une semaine après les États-Unis. Une bonne manière de relancer l’intérêt de son offre, mais aussi de répondre au piratage : le très grand succès de Game of Thrones sur les sites de téléchargement est là pour le prouver. Il faut dire que la troisième saison vient d’être diffusée outre-Atlantique par HBO, mais qu’elle ne sera disponible à l’achat qu’en 2014 en France (même si on pouvait la regarder 24 heures après en VOD à condition d’être abonné à l’offre OCS d’Orange). Est-ce que cette nouvelle chaîne suffira à endiguer les départs de clients pour Canal+ et à répondre au piratage plus efficacement que Netflix ? Rien n’est moins sûr, car les habitudes de consommation ont changé. Certes, enregistrer la télévision est très facile aujourd’hui. Qui a envie de subir les contraintes d’une programmation à heure fixe, quand on peut regarder à n’importe quel moment des milliers de programmes sur les services de streaming ?
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