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Test du casque modulaire Aiaiai TMA-2

Anthony Nelzin-Santos

vendredi 15 juillet 2016 à 10:13 • 12

Accessoire

Les smartphones ne sont pas modulaires, les ordinateurs portables non plus, et même les stations de travail ne le sont plus. Mais votre casque pourrait l’être, si vous vous fournissez chez Aiaiai. Puisqu’elle ne peut plus sortir du lot en misant sur le « gros son » ou le « design scandinave », la société danoise parie désormais sur la personnalisation. Ainsi le TMA–2 n’est pas un casque, mais 840 combinaisons de pièces détachées. La quantité est là, assurément, quid de la qualité ? La réponse dans notre test !

Aiaiai TMA-2.
Aiaiai TMA–2.

S’il s’appelle « TMA–2 », c’est qu’il y a eu un « TMA–1 ». Le MoMA l’avait exposé aux côtés de l’iPhone dans son exposition sur Dieter Rams : Aiaiai n’a donc rien changé de son design minimaliste — et donc travaillé — à l’extrême, mais elle a changé tout le reste. Alors que le TMA–1 avait été conçu pour les amateurs de « gros son », le TMA–2 est un caméléon sonore, qui adopte différentes personnalités selon les choix du client.

Et du choix, il y en a ! Quatre paires de haut-parleurs, trois arceaux, sept coussinets, dix câbles : il y a de quoi faire, et de quoi se perdre. La société danoise offre donc sept préconfigurations, comme la « DJ » qui rappelle le TMA–1, ou la « All Round » qui forme une entrée de gamme, contrairement à la « Young Guru » qui justifie son prix élevé par des composants exclusifs.

Que vous choisissiez une de ces préconfigurations ou que vous sélectionniez soigneusement des composants, vous recevrez un tas de sachets gris fleurant bon la sortie d’usine. Aiaiai se distingue ainsi par son approche véritablement modulaire, quand Axel Audio n’offre rien d’autre qu’une variété de modèles et de couleurs. L’assemblage des différents composants est aussi simple que rapide et, il faut bien l’avouer, vaguement satisfaisant. À casque modulaire, test modulaire : il faut multiplier les remarques pour saisir le produit dans son ensemble.

Les sachets renfermant les composants du TMA-2.
Les sachets renfermant les composants du TMA–2.

L’arceau H03 (60 €) est le plus confortable des trois modèles proposés par Aiaiai. C’est la pièce principale du casque, celle qui mérite le plus d’attention aussi. Sa finition « peau de pêche » est agréable à l’œil et au doigt, mais cela ne durera pas. Au mieux, les parties soumises aux frottements pendant l’utilisation et le transport finiront par briller ; au pire, elles finiront par « peler » lorsque le traitement de surface s’écaillera.

Si la firme danoise s’inquiète tant de l’apparence de son casque, elle aurait plutôt dû s’assurer que les traces de moulure soient complètement éliminées. Ces petits défauts sont d’autant plus frustrants que la pression de l’arceau vers l’intérieur est bien ajustée, et que le mécanisme d’ajustement de la hauteur des haut-parleurs est solide et pratique, si tant est que l’on puisse parler de « mécanisme » tant il est simple.

Toutes les prises jack possèdent un mécanisme « twist and lock » : une rotation dun quart de tour verrouille la prise. Cest bien, mais à ce prix, on aurait préféré un pas de vis métallique, même si Aiaiai privilégie la légèreté.
Toutes les prises jack possèdent un mécanisme « twist and lock » : une rotation d’un quart de tour verrouille la prise. C’est bien, mais à ce prix, on aurait préféré un pas de vis métallique, même si Aiaiai privilégie la légèreté.

Les haut-parleurs, justement, possèdent chacun deux prises jack 3,5 mm. Celle du haut permet de les connecter entre eux par l’entremise du câble intégré à l’arceau, dont une prise est soulignée de rouge, comme la fiche du haut-parleur droit correspondant. Celle du bas est évidemment réservée au câble allant vers la source musicale, qui peut donc prendre place aussi bien à gauche qu’à droite, selon les préférences de l’utilisateur.

Les haut-parleurs S01 (65 €) sont censés délivrer « un son plat et neutre ». Plats, ils le sont ; neutres, non. Les basses sont aussi atténuées que les aigus sont relevés : les films sont ennuyeux sans le soutien du bas-ventre sonore, les podcasts sont fatigants quand les sifflantes sont stridentes, et la musique loin d’être divertissante quand les instruments se mélangent. Cette proposition « bonne à tout faire » n’est en fait bonne à rien.

Seule une discrète sérigraphie permet de distinguer les différents haut-parleurs dun coup dœil.
Seule une discrète sérigraphie permet de distinguer les différents haut-parleurs d’un coup d’œil.

Les haut-parleurs S04 (100 €) sont beaucoup plus convaincants avec leur « bobine japonaise » et leur « diaphragme ultra-léger en titane ». Rapides et précis, ils offrent un son riche et détaillé. Les basses sont relevées, mais les médiums et les aigus ne sont jamais écrasés, bien au contraire. On retrouve là une signature sonore « moderne », qui ne conviendra certes pas aux puristes, mais est plutôt bien exécutée.

Les haut-parleurs sont livrés « nus », autrement dit sans coussinets. Ainsi, le TMA–2 n’est ni un casque supra-auriculaire ni un casque circum-auriculaire, mais l’un ou l’autre selon les coussinets choisis. Ceux-ci s’accrochent aux haut-parleurs à l’aide de simple fiches, une solution certes moins élégante qu’une fixation magnétique, mais tout aussi efficace.

Les coussinets EO2 (35 €) font du TMA–2 un casque supra-auriculaire. Leur épaisseur « tend » l’arceau : plaqués contre les oreilles, ils isolent convenablement des bruits extérieurs, mais tiennent d’autant plus chaud que le cuir PU ne respire pas. Cet enfermement relatif tend à réduire la scène sonore et augmenter les basses fréquences, jusqu’à rendre les haut-parleurs S04 insupportables, mais pas au point de sauver les S01.

Les haut-parleurs sont livrés sans coussinets, que lon peut choisir séparément.
Les haut-parleurs sont livrés sans coussinets, que l’on peut choisir séparément.

Les coussinets E05 (50 €), à l’inverse, transforment le TMA–2 en un gros casque circum-auriculaire. Les 52 mm de diamètre internes laissent de la place aux oreilles, mais aussi au son, de quoi « détendre » les basses des S04… et révéler un peu plus les faiblesses des S01. Surtout, ces coussinets sont confortables : la microfibre est certes salissante, mais elle est douce et respirante, et la mousse à mémoire de forme épouse le contour de l’oreille en toute légèreté, évitant même le « point chaud » que les porteurs de lunettes connaissent bien.

Restent enfin les câbles, qui ne font aucune différence en matière sonore, mais modifient sensiblement l’apparence et l’encombrement du casque. Le câble C02 (25 €) s’accorde mieux aux S04, dans une application plutôt « DJ » ou « studio » du TMA–2, avec son câble enroulé extensible de 1,5 à 3,2 mètres. Le câble C07 (25 €) est assez similaire, à ceci près que la gaine en tissu noir est remplacée par une gaine en plastique bleu. Le câble C06 (40 €) se prête quant à lui aux usages mobiles avec sa télécommande aux trois boutons clairement séparés.

Ces différents composants peuvent être assemblés en quatre grands types de configurations, mais nous sommes toujours revenus à la combinaison H03+S04+E05+C02, qui correspond peu ou prou à la préconfiguration « Young Guru ». Cela ne veut pas dire que le configurateur est tout à fait inutile : les modèles « prêts à écouter » proposés par Aiaiai utilisent trop souvent les mauvais haut-parleurs S01 pour que l’on puisse les acheter les yeux fermés.

Mais il est vrai que son intérêt est assez limité : vous pourrez certes y sélectionner des composants en fonction de vos goûts et de votre budget, mais y achèterez-vous vraiment des composants supplémentaires ? Le concept de modularité apparaît comme une excuse pour vendre une douzaine de casques sous le même nom, en optimisant la gestion des stocks et en déléguant l’assemblage au client.

Aiaiai n’insiste peut-être pas assez sur le principal bénéfice de cette modularité : elle facilite le remplacement des composants défectueux. Et comme les pièces du TMA–2 peuvent être montées sur le TMA–1, on peut espérer que celles d’un futur TMA–3 restent compatibles avec le TMA–2, étendant encore sa durée de vie. Voilà qui justifierait pleinement le surcoût de l’approche de la firme danoise — notre configuration à 235 € se compare avec des casques à 175 €.

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