En 2003, Steve Jobs présentait iTunes 4 et dans la foulée, une boutique de musique en ligne au concept extrêmement simple : 0,99$ le morceau. Apple venait de révolutionner la distribution de la musique en ligne et accompagnait le mouvement de fond de la dématérialisation de la musique, débuté avec le succès — en toute illégalité — de Napster.
On a tendance à l’oublier, mais à l’époque les services de téléchargement de musique étaient un cauchemar : PressPlay permettait de jouer autant de fois un morceau acheté… mais il fallait aussi honorer un abonnement mensuel, et sans possibilité de graver de CD (c’était important dans le temps) ! Rhapsody proposait lui la gravure de CD, mais il fallait s’acquitter d’un abonnement de 9,95$ par mois en plus de frais pour chaque morceau gravé (!). On revient de loin.
En jouant la carte de l’outsider (Apple n’était pas à l’époque le mogul qu’elle est aujourd’hui), la Pomme a su imposer ses vues à des maisons de disques complètement déboussolées et dépassées par le phénomène du piratage. Elles s’en sont longtemps mordues les doigts : de fait, elles venaient de créer un géant de la distribution musicale sans concurrent ou presque, un partenaire difficile incontournable avec qui il faut compter… et composer.
Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts et Apple a laissé passer le train du streaming musical, alors que les utilisateurs ont commencé à perdre le goût de la possession de musique pour lui préférer la location. Apple Music a bien l’intention de remettre l’église Apple au centre du village musical. L’entreprise y parviendra-t-elle ? Premiers éléments de réponse ce 30 juin.