Jimmy Iovine combat le tout gratuit et met la pédale douce sur les exclusivités

Mickaël Bazoge |

Jimmy Iovine, qui gère la florissante activité musicale chez Apple, a de la suite dans les idées. Dans une nouvelle interview donnée à Music Business Worldwide, il monte une fois de plus sur son cheval de bataille préféré : la valeur des contenus. Il se réjouit ainsi de voir que l’industrie de la musique a pu arracher à Spotify une fenêtre de deux semaines durant laquelle leurs nouveautés ne sont pas proposées à l’écoute gratuite (lire : Spotify : certains albums Universal réservés temporairement aux membres Premium).

« Les gens qui paient des abonnements devraient être avantagés » par rapport à ceux qui écoutent gratuitement de la musique, sur Spotify et ailleurs. « Les maisons de disques ont obtenu une petite victoire avec cette fenêtre. Mais quelle autre industrie fait cela ? Personne (…) La chose la plus importante pour les labels est de faire en sorte que les services payants soient plus intéressants. Et ne pas faire que les services gratuits soit aussi bons que les services payants ».

Jimmy Iovine estime que les artistes doivent être rémunérés. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles il travaille pour Apple. Il rappelle que personne chez Apple, ni Steve Jobs ou Eddy Cue, n’a songé à proposer un service gratuit. « Si Apple Music avait une offre gratuite [à l’instar de Spotify], nous aurions 400 millions d’abonnés. Ça rendrait mon boulot vraiment plus facile ». Rappelons qu’Apple Music offre trois mois d’écoute gratuite mais ensuite, il faut passer à la caisse.

Il en va de la « responsabilité » d’Apple de changer les mentalités, rappelle-t-il. Trouver de la musique gratuite, c’est trop simple par rapport à d’autres contenus : « Essayez de trouver Game of Thrones sur YouTube. Bon courage ! » À l’époque, la musique était plus simple et plus facile à partager que de la vidéo, « il était plus facile de transférer les fichiers ». Depuis, « les artistes se font avoir, tout simplement ».

En vieux routier de l’industrie, Jimmy Iovine sait aussi ménager la concurrence : « Je trouve que [ce que fait] Daniel Ek [le patron de Spotify] est génial. Il accomplit un travail fantastique ». Au départ d’Apple Music, « j’étais très frustré. J’essayais de concurrencer [Spotify] et tout le reste ». Il espère maintenant que le service de streaming d’Apple va devenir « cet endroit particulier où les artistes viennent et que cela encouragera plus de gens à s’abonner ».

Pour attirer ces artistes, Apple a joué la carte de l’exclusivité. Sans doute un peu trop. « Nous avons essayé. Nous faisons encore des choses quand l’occasion se présente. Les maisons de disques n’ont pas l’air de trop apprécier, et en bout de course il s’agit de leurs contenus » (lire : Spotify veut des exclusivités, Universal n’en veut plus). Apple Music se tourne désormais vers la vidéo, « et nous y investissons beaucoup d’argent ».

Le constructeur emploie 300 créatifs au sein d’Apple Music pour produire des vidéos. Tout cela devrait se concrétiser à la rentrée, avec un redesign du service dans iOS 11 qui mettra l’accent sur ce contenu (lire : Apple Music : vers une nouvelle interface avec iOS 11, et des vidéos).

Avec Apple, du matériel et de la musique

Jimmy Iovine porte l’idée d’un service de streaming depuis 2006. À l’époque, il en touche deux mots à Steve Jobs. Le patron d’Apple ne l’a pas suivi : « Je me souviens qu’il m’a dit : “Je travaille sur quelque chose et je ne veux pas de distraction”. Il ne m’a pas dit ce que c’était, mais il m’a assuré que c’était plus important que le streaming ». Et pour cause : Jobs travaillait sur l’iPhone.

L’ancien patron d’Interscope a tenté de vendre ses idées à d’autres. Et notamment chez Intel, « avant de rencontrer Steve ou Eddy ». « Je leur ai dit : “Si nous pouvons travailler ensemble, votre plateforme peut vraiment tirer profit de la musique. Et vous pouvez aider l’industrie de la musique à gagner de la valeur, plutôt que tous ces trucs gratuits ». La réponse du fondeur a été lapidaire : « C’est une histoire intéressante, Jimmy. Malheureusement, toutes les industries ne durent pas éternellement… ». « Nous sommes sur une autre planète », a pensé Iovine en sortant du rendez-vous.

Après la vente de Beats à Apple en 2014, et la transformation de Beats Music en Apple Music, Iovine se réjouit des ventes des casques et écouteurs de la marque. « Beats va vraiment bien aujourd’hui. C’est même frappant de voir à quel point Beats va bien mieux qu’avant».

D’après lui, concevoir et produire du matériel, c’est le nouvel objectif à atteindre pour les services : « Maintenant, vous voyez tous ces gars comme Snapchat qui se lancent dans le matériel. N’importe laquelle de ces entreprises auraient voulu [acheter] Beats car nous proposions une voie facile vers la conception matérielle. Vous ne pouvez pas vous réveiller un jour et dire : “Je fais du matériel”. C’est une activité difficile ».

Il a également beaucoup appris auprès de Steve Jobs et d’Eddy Cue. « Je sais que je ne serais jamais aussi bons qu’eux pour faire du matériel, mais je sais que je pouvais faire mieux que beaucoup de personnes [dans ce milieu] ».

avatar occam | 

Il faut voir comme on nous parle
Comme on nous parle

On nous inflige
Des désirs qui nous affligent
On nous prend faut pas déconner dès qu'on est né
Pour des cons

avatar p@t72 | 

un fan de souchon.
remarque je l’aime bien!

avatar iBaby | 

Vas-y que je me mousse !

Je dis seulement : plus personne ayant un iPhone en 2017 ne tolérerait de voir des pixels sur son écran. Apple Music & Spotify, AAC/MP3 /Ogg Vorbis, c'est idem : des gros pixels dans les oreilles. C'est en ce sens que Jimmy Iovine devrait travailler. En attendant et même ensuite, je suis très bien chez TIDAL.

avatar byte_order | 

Étonnante c'est confusion entre gratuit et financé par la pub.

avatar lome_bbrr | 

effectivement

avatar p@t72 | 

Lovine... le Vrp d'apple truc!
il fut une époque ou tu avais un plaisir d'aller acheter ta galette de ton groupe préféré.
aujourd’hui tu n'as plus ça.
surtout que la zik de maintenant c’est un grand chaudron de daube!

avatar fte | 

@p@t72

On peut voir la chose très différemment aussi.

Il fallait, pour réussir dans ce milieu, beaucoup de chance, un peu de talent, ou de bonnes relations. Beaucoup d'artistes talentueux restaient sur le carreau.

Aujourd'hui on peut s'auto-produire, se faire connaitre par des chemins alternatifs, et s'il faut encore une belle dose de chance, il y a beaucoup plus de possibilités d'exister.

En tant qu'auditeur, j'ai aujourd'hui beaucoup plus de choix hors de la sphère des majors, je découvre beaucoup plus d'artistes et de musiques variées qu'il y a 10 ans.

Quant au streaming, s'il y a bien une chose que je ne regrette pas, c'est la bibliothèque de galettes que j'avais accumulées.

Bref. Je ne suis pas un croyant du c'était mieux avant.

avatar debione | 

Je trouve qu'actuellement il est infiniment plus difficile de se faire connaitre, justement à cause de l'auto-production...

AppleMusic de mémoire, c'est 30 millions de morceau, soundcloud plateforme préféré des indépendant, c'est 150 millions de morceaux... Juste 5 fois plus... Il y a 20 ans, quand presser 500 cd avec le studio te coutait 10-15k, quand tu avais une obligation de concert, maintenant sur mon soundcloud, cela me coute le temps de transfert, c'est à dire peanut's... Mais au lieu d'arriver au milieux de quelques millions de morceaux, tu débarques au milieu de centaine de millions de morceaux... Statistiquement , c'est indéniable qu'il est plus difficile de se faire remarquer maintenant qu'hier...

avatar Domsware | 

@p@t72

Aujourd'hui j'ai une utilisation que j'aurai aimé étudiant : discuter de musique et puis dénicher le morceau quasi instantanément, puis rebondir sur un autre... Le choix est désormais quasi infini.

Étudiant, les Inrocks étaient un mensuel. On se concertait entre nous pour acheter les albums présentés dans le magazine. Puis on les écoutaient pendant un mois en boucle. Et ainsi de suite. Aujourd'hui l'écoute est différente puisque l'on peut tout écouter : un album passe beaucoup moins de fois dans les oreilles. Au début j'étais désorienté mais maintenant ça va mieux : un morceau attire mon attention et je plonge dessus, sur l'album, l'artiste...

avatar iBaby | 

Tu as tout aujourd'hui. Tu peux aller acheter 1. ta galette si tu connais un disquaire 2. de ton groupe préféré si t'en as un 3. mais c'est cher et Amazon bouffe les disquaires.

Je vais encore acheter des disques symboliques chez mon disquaire, ceux de mes musiciens vivants préférés justement.

Autrement, je découvre pléthore de perles en musiques jazz ces temps-ci, via le streaming CD de TIDAL, avant d'en acheter certains en physique. Mais je le répète et le radote encore : optez pour le streaming qualité CD, c'est la condition vitale d'une musique plus vivante + un matériel audiophile entrée de gamme, c'est que du plaisir. Je m'apprête à offrir pour la deuxième fois en moins d'un an une paire d'enceintes à 150€ neuve qui font le job à merveille pour redonner vie à une vieille chaîne CD bas de gamme.

?Quand les geeks vivront de musique
Il n'y aura plus de lossy
Le lossless sera le standard
Et nous serons tous audiophileeeeeeuh?

avatar occam | 

@iBaby

"Et nous serons tous audiophileeeeeeuh"

Mais nous, nous serons morts mon frère...

avatar GoldenPomme | 

@iBaby

"?Quand les geeks vivront de musique
Il n'y aura plus de lossy
Le lossless sera le standard
Et nous serons tous audiophileeeeeeuh?"

C'est le grand public qui écoute des format avec perte. Les geeks ça fait longtemps qu'ils utilisent du flac avec leur foobar + driver ASIO sous windows, daphile et d'autres chez les barbus du libre.

avatar Hideyasu | 

@iBaby

Enfin pour les gens qui ne sont pas audiophile, je vois pas l'intérêt d'aller chez Tidal et d'acheter un matériel adéquat.
Et il y a beaucoup de gens dans ce cas, y compris moi.

avatar debione | 

Parce que l'oreille cela se développe? Comme on peut développer notre odorat? Je ne suis pas cinéphile, est-ce que pour autant je devrais accepter que du VHS? Ou alors tout comme l'audiophile, il est quand même au final plus agréable d'écouter un morceau de musique dans de bonnes conditions ou une image un peu meilleur ou un écran un peu plus grand qu'un smartphone?

Du moment que l'on écoute régulièrement de la musique, ben c'est comme quand on regarde régulièrement la télé, pourquoi ne pas tendre vers du "meilleur"?

avatar debione | 

"Il en va de la « responsabilité » d’Apple de changer les mentalités, rappelle-t-il. Trouver de la musique gratuite, c’est trop simple par rapport à d’autres contenus : « Essayez de trouver Game of Thrones sur YouTube. Bon courage ! » À l’époque, la musique était plus simple et plus facile à partager que de la vidéo, « il était plus facile de transférer les fichiers ». Depuis, « les artistes se font avoir, tout simplement »."

Youtube gratuit? Depuis quand il ne l'a pas utilisé... Parce que la pub, il y en a passablement, et il me semble que les artistes et les grosses chaines se font rétribué au nombre de vues...

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