À qui le tour ?

La rédaction |

Après avoir tenté de s'en prendre aux logiciels de peer-to-peer, puis aux fournisseurs d'accès web, les majors du cinéma et de la musique avaient décidé d'attaquer les internautes. Une campagne soudaine, largement médiatisée et qui commençait à produire l'effet escompté : effrayer les pirates.

Mais la donne a changé. Car le procès de Damien, relaxé malgré 488 films téléchargés, est passé par là (voir nos dépêches, ici et ). On sait maintenant que le fait de télécharger des films ou de la musique sur internet n'est en soi pas pénalement répréhensible.

Alors, les majors n'ont plus le choix. Elles devront cesser leurs poursuites puisque le cas de Damien fait désormais jurisprudence. Ce type de procès est très probablement voué à disparaître.

C'est pourquoi on se demande quelle sera la réponse de l'industrie. Qui attaquer ? Quel nouveau responsable de la baisse des ventes de CD va-t-elle désigner ? En résumé, qui sera le prochain sur la liste ? Les avocats des majors ne manquant jamais d'imagination pour formuler des plaintes, gageons que la bataille judiciaire est loin d'être terminée.

L'hypothèse la plus crédible voudrait que ce soient dorénavant les "uploaders" qui soient poursuivis. Plus précisément les personnes qui partagent des films et des musiques sur internet sans l'accord des auteurs. Ainsi, la personne qui télécharge ne serait pas inquiétée, tandis que celle qui rend les données disponibles au téléchargement serait, elle, passible de poursuites et de condamnations très lourdes.

Pas vraiment réjouissant ! Disons même injuste ! Car cela contredirait l'esprit de partage propre au web et inciterait à l'égoïsme... Imaginons quelques secondes une sorte de "scénario catastrophe".

Nous sommes en 2006. Les majors ont déjà réussi à mettre sous les verrous des dizaines d'uploaders. Le partage de fichiers est devenu dangereux, ceux qui s'y risquent sont de moins en moins nombreux. Conséquence, les réseaux d'échange se vident de leur contenu. L'offre diminue à vue d'oeil. Le peer-to-peer n'est plus cet accès gratuit et universel à la culture, sinon une simple technologie de transfert de fichier, utilisée pour des données libres de droits. Le P2P tel que nous les connaissons aujourd'hui est mort.

Certains grincent des dents à l'évocation d'une telle victoire des majors. D'autres, moins nombreux, estiment que cela ne serait que justice. Toujours est-il que la guerre judiciaire ne fait que commencer. Le prochain sur la liste devrait s'appeler "uploader", ou adopter une autre dénomination sous l'effet d'un nouvel éclairage médiatique. C'est une proie facile, car les textes de loi sont clairs en la matière : favoriser l'usage collectif d'oeuvres privées est puni de peines de prison. Les altruistes ont du souci à se faire, les fans de peer-to-peer également.

CONNEXION UTILISATEUR