Le projet d’euro numérique avance bon train. Le Conseil de l’Union Européenne a récemment validé différentes propositions visant à faire naître cette alternative aux pièces et aux billets. L’idée est de réduire la dépendance vis-à-vis de Visa, Mastercard ou encore des solutions de paiement dominantes comme Apple Pay grâce à une monnaie numérique émise par la Banque centrale européenne (BCE).

Le projet vise à répondre à des questions de souveraineté, les deux tiers des transactions par carte dans la zone euro étant traitées par des prestataires non européens. Selon la BCE, treize des vingt pays de la zone euro ne disposent pas de système de cartes bancaires national. Une telle dépendance à des systèmes étrangers est un problème : la BCE a bien remarqué que Visa et Mastercard ont suspendu leurs activités en Russie en mars 2022 après l'invasion de l'Ukraine.
À quoi cela va ressembler ?
Dans l’idée, un compte euro numérique devrait apparaître dans l’app de votre banque sous forme d’un compte distinct. Il sera sinon possible de passer par une app dédiée ou par une carte spéciale, qui est à l’étude. Le compte sera limité afin d’éviter qu’il ne devienne un produit d’épargne, la Banque Centrale Européenne envisageant pour le moment un plafond autour des 3 000 €. Il sera possible d’ouvrir un compte euro numérique même sans avoir de banque en se rendant dans un bureau de poste. Tout serait gratuit pour l’utilisateur, une législation empêchant les banques de le facturer.
Une version hors-ligne sera disponible avec un porte-monnaie prérempli sur un composant sécurisé du téléphone. Il pourra servir en cas d’urgence (par exemple après une coupure de courant ou lors d’une panne), mais sa conception fait que perdre son smartphone revient à perdre son argent. Cet aspect hors ligne est intéressant au vu des diverses pannes de systèmes de paiement et des menaces de cyberattaques. De plus, les prestataires sont invités à aller plus vite que jusqu’à présent avec une latence de bout en bout plus faible.
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L’Euro numérique se doit donc d’être 100 % européen, géré par des entreprises européennes qui seront exclues si elles quittent le Vieux Continent. Ses créateurs veulent mettre en avant la confidentialité pour éviter les théories du complot sur une éventuelle surveillance. L’ambition affirmée n’est pas de remplacer l’argent liquide, et la proposition du Conseil vise à interdire le refus des paiements en espèce.
Un lancement d’ici quelques années
Les établissements bancaires ne voient pas forcément d’un bon œil ce projet, que certains prennent comme un concurrent direct risquant de leur piquer les fonds de leurs clients. Il faudra encore quelques années avant de pouvoir essayer cette nouveauté. Le projet doit être examiné par le Parlement européen mi-2026 et ne devrait commencer à être testé qu’en 2027. Le lancement est attendu en 2029 au plus tôt.
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