À force de multiplier les embrouilles, Apple vient de se prendre un gros retour de bâton. La Pomme a perdu une manche importante dans l’interminable procès antitrust qui l’oppose à Epic Games aux États-Unis. La juge Yvonne Gonzalez Rogers a déclaré qu’Apple s’était ouvertement moqué de la cour en mettant en place diverses mesures allant à l’encontre d’un précédent jugement. Résultat, l’entreprise est tenue d’enlever immédiatement plusieurs barrières tarifaires entourant toujours l’App Store et les applications iOS.

Dans le détail, Apple a l’interdiction d’imposer « toute commission ou tout frais sur les achats effectués par les consommateurs en dehors de l’application ». Dans un rare éclair de lucidité, Phil Schiller avait lui-même reconnu durant une audience avoir eu des doutes sur la conformité de la nouvelle commission de 27 % sur les achats externes. Plus de doute possible, celle-ci doit disparaitre.
Apple ne peut pas non plus dicter le style et le placement des liens dans les apps qui mènent vers les achats externes, ni bloquer les boutons liés à cet usage, et plus généralement interférer avec la possibilité pour les utilisateurs de quitter une app pour faire un achat sur un site web. « Au bout du compte, Apple a cherché à préserver un flux de revenus de plusieurs milliards de dollars au mépris direct de l’injonction de cette Cour », a résumé la juge.
Epic Games a accueilli ce jugement comme une grande victoire. Son CEO Tim Sweeney promet le retour de Fortnite aux États-Unis sur l’App Store dès la semaine prochaine. Fort de ce succès, il fait une « proposition de paix » à son adversaire :
Si Apple étend dans le monde entier ce cadre sans friction et sans taxe voulu par la justice, nous rétablirons Fortnite sur l'App Store partout dans le monde et nous abandonnerons les poursuites actuelles et futures.
Mais Apple ne compte pas en rester là. Si elle est obligée d’appliquer immédiatement les nouvelles règles dictées par Yvonne Gonzalez Rogers, la firme de Cupertino a annoncé qu’elle allait faire appel. En poursuivant ce procès, elle prend le risque d’aggraver son cas alors qu’un de ses cadres a déjà menti sous serment.
D’après la juge, le témoignage d’Alex Roman, vice-président financier d’Apple, était « truffé de fausses pistes et de mensonges éhontés ». Ce cadre a par exemple menti en affirmant que la commission de 27 % sur les achats externes avait été décidée début 2024, alors que des documents ont révélé qu’elle avait été déterminée en juillet 2023. « Ni Apple ni ses avocats n’ont corrigé ces mensonges désormais flagrants », a asséné la juge.
La semaine dernière, dans le cadre du DMA, Apple a écopé d'une amende de 500 millions d'euros en Europe pour le même type de pratiques commerciales abusives. Ne changeant pas de ligne, la firme de Cupertino a déclaré qu'elle allait faire appel de la décision de la Commission européenne.