Le temps d'écran des jeunes a compté parmi les sujets abordés hier par Emmanuel Macron, qui s'est dit favorable à un possible encadrement des usages. Décrivant des écrans qui « Trop souvent enferment là où ils devraient libérer », le chef de l'État a parlé de l'irruption de nouvelles technologies qui « bouleversent beaucoup [nos] repères » :
Chaque génération de Français doit apprendre ce que la République veut dire une histoire, des devoirs, des droits, une langue, un imaginaire, le sens profond du respect et de l’engagement, et cela dès l’enfance, en renforçant le soutien et l’exigence vis-à-vis des parents, en reprenant aussi le contrôle de nos écrans qui trop souvent enferment là où ils devraient libérer.
Une commission d'experts a été constituée avec comme mission d'offrir des recommandations d'ici à la fin mars. Après quoi, si un consensus se dégage, le président de la République n'exclut pas d'éventuelles « interdictions » et « restrictions sur les contenus » :
On a laissé beaucoup de familles sans mode d’emploi. Il faut qu’on ait un consensus scientifique, que les scientifiques commencent à nous donner un plan et qu’on éclaire un débat public, qui viendra ensuite.
À ce stade on est encore dans les intentions et les questions. Si des règles sont définies, seront-elles limitées à l'espace public — l'usage des smartphones est déjà interdit par exemple au collège — ou iront-elles jusque dans la sphère privée ? Et comment leur respect sera-t-il contrôlé et par qui ?
Sur ce sujet, le gouvernement a déjà poussé à une intégration de gardes-fous… qui existaient déjà, prônant toutefois une plus grande lisibilité de ces réglages système. Il y a eu des campagnes de sensibilisation dans les médias et un guide des bonnes pratiques, avec le concours d'associations, d'opérateurs, de fabricants de mobiles ou d'éditeurs d'apps. Tous les systèmes d'exploitation mobiles ainsi que les apps de réseaux sociaux ont depuis quelques années des dispositifs logiciels pour encadrer et réduire leur temps d'utilisation. Les outils sont là, encore faut-il qu'ils soient utilisés.
En Chine, cette question a fait l'objet d'un projet gouvernemental assez dur. L'été dernier, l'administration chinoise du cyberespace avait dit vouloir réduire drastiquement le temps d'utilisation des smartphones et du web chez les mineurs. Les fabricants de téléphones pourraient être amenés à inclure un mode "mineur" qui bloque l'accès à internet entre 22h et 6h. Les parents garderaient toutefois la main sur ce verrou. Un temps d'écran en somme, mais encadré par une loi.
Les sorties sur le web pourraient être également minutées : 1h quotidienne pour les 8-16 ans et le double pour les 16-18 ans, avec des messages à intervalles réguliers et une fermeture automatique des applications une fois le temps accordé atteint.
La Chine n'est pas la France, mais cette thématique ne connaît pas de frontières et les apps et usages décriés sont généralement les mêmes d'un pays ou d'un continent à l'autre. Il sera intéressant de voir si cette intention du président de la République se traduira in fine par une régulation plus amont qu'aujourd'hui, imposée aux éditeurs et développeurs d'apps et systèmes d'exploitation.