Spotify et Taylor Swift : le streaming musical fait toujours débat

Mickaël Bazoge |

Le retrait par Taylor Swift de sa discographie sur Spotify a remis en lumière les difficultés éprouvées non seulement par les artistes pour récolter les fruits de leur travail, mais aussi par les services de streaming pour tirer leur épingle du jeu dans un secteur où les maisons de disques engrangent la majorité des revenus. L'Adami, qui gère les intérêts des artistes-interprètes, a ainsi publié une pleine page de publicité dans Le Monde appelant à partager équitablement les revenus générés par les services web (sur un abonnement à 9,99 euros par mois, l'artiste ne récupère que 0,46 euros). La rémunération des auteurs-compositeurs-interprètes est un peu plus étoffée : ces derniers touchent en moyenne 14,6% d'un forfait chez Deezer ou Rdio.

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Les gagnants du secteur sont surtout les labels, qui exigent notamment des plateformes de streaming un minimum garanti qui n'entre pas dans le calcul des relevés d'exploitation des chansons. L'Adami va mettre sur pied une « coalition internationale » qui poussera l'industrie à se montrer plus équitable envers les artistes; parmi les solutions envisagées, « la perception directe de la part artistes via la gestion collective ».

De son côté, et aussi paradoxal que cela puisse paraître, Daniel Ek, le fondateur et CEO de Spotify, est d'accord avec Taylor Swift. Dans un long billet paru sur le blog de l'entreprise, il écrit que « l'art a une vraie valeur, et les artistes méritent d'être rémunérés pour cela ». Le débat autour de l'argent que générerait Spotify sur le dos des artistes l'exaspère au plus haut point, alors que la société a versé depuis 2008 deux milliards de dollars (dont un milliard rien que l'an dernier) aux artistes, maisons de disques, éditeurs et sociétés de collecte. Une somme que personne n'aurait obtenu avec le piratage, assure à grand trait le patron de Spotify.

Un des soucis auxquels est confronté Spotify est l'industrie de la musique elle-même : « Si l'argent n'irrigue pas la communauté créative d'une manière transparente et opportune, c'est un gros problème ». Ek travaille avec les maisons de disques afin d'accélérer le rythme des paiements, mais il souligne que Spotify est le principal moteur de croissance du secteur de la musique, et un des plus importants pourvoyeurs de revenus.

Daniel Ek défend le modèle freemium mis en place par la société, qui propose une offre gratuite financée par la publicité (dont les revenus sont reversés à l'industrie). « Si nous voulons amener les gens à payer pour de la musique, nous devons concurrencer le tout gratuit [piratage, radio, YouTube] pour attirer leur attention ». Ce n'est qu'après les avoir ferrés que ces auditeurs sont susceptibles de passer à la caisse. Ce modèle connait un certain succès : Spotify compte 50 millions d'utilisateurs actifs, dont 12,5 millions sont des abonnés payants à 120$ par an (plus de 80% des utilisateurs du service ont commencé avec l'offre gratuite). La majorité de ces utilisateurs sont âgés de moins de 27 ans, soit « des fans qui ont grandi avec le piratage » et dont on n'imaginait pas qu'ils allaient un jour payer pour écouter de la musique.

Les règlements versés par Spotify à l'industrie sont souvent pointés du doigt : les montants seraient insignifiants. Le patron de l'entreprise s'élève contre cette idée reçue et rappelle que les revenus générés par les écoutes des chansons de Taylor Swift (avant qu'elle retire son catalogue de Spotify), avoisinent les 6 millions de dollars par an. Enfin, les structures mêmes de l'industrie de la musique ont évolué : le seul artiste à avoir dépassé le million d'albums vendus cette année est… Taylor Swift, avec 1,2 million de sa dernière galette (1989), en une semaine. Les habitudes d'écoute des consommateurs ont changé, et tous les nouveaux morceaux de Swift sont aujourd'hui largement disponibles à l'écoute complètement gratuite, que ce soit via YouTube ou SoundCloud, ou encore sur les sites de piratage (1989 figure en bonne place dans les fichiers les plus populaires sur Pirate Bay). Sur Spotify, l'artiste aurait reçu une rémunération pour chaque écoute…

avatar Mme Michu | 

Si je lis correctement les artistes collectent donc 1euro 46
Les auteurs (1 euro) font parti des artistes
Le dessin de l'Adami est destiné à nous induire en erreur

avatar poulpe63 | 

+1, et ils s'enfoncent encore plus sur la TVA qui n'est pas de 1,99€ mais de 1,665€

Ils nous prennent pour des (BIP) ces andouilles ?

avatar iPoivre | 

@Mme Michu :
Les 1€ de droits d'auteur c'est pour les organismes styles CSA ou Hadopi je pense, ceux qui gèrent le droit d'auteur:

avatar Mme Michu | 

Sacem, ou Hadopi sont censés reverser les droits d'auteurs... aux auteurs. Oui ils collectent, mais ils ne sont pas supposer garder cet argent pour eux
Les 1 euro de droits d'auteurs ne sont pas destinés aux intermédiaires qui s'ils margent de manière non négligeable sur cette somme, ce sont alors des parasites

avatar Mrleblanc101 | 

@Mme Michu :
To peux apprendre à lire avec de venir pourrir les commentaires? "Droits d'auteurs" et "Auteur" sont deux choses complètement différentes

avatar Mme Michu | 

Mais c'est le petit Mrleblanc101 qui n'a pas pris sa dose de calmants ce soir...
Infirmière, une double dose pour l'aider à revenir dans le monde des civilisés.

avatar KimoMac | 

Ah ça y est, le monde et en particulier boboland va enfin découvrir que Spotify deezer et cie sont une véritable arnaque sous forme de pillage et entubent toute la planète et les artistes en premier lieu, et que le client qui paie son abonnement pour pouvoir "jouir" de tout pour quasi rien - alors que ça a pour l'artiste pratiquement le même effet qu'un piratage "légal" et payant de surcroît - est complice ?

Ah ben il était temps...

avatar TimeMachine | 

Okay... mais sur mon petit CD mensuel que j'achète à 16.90 CHF, combien va à l'artiste ? Rien du tout non plus .... Et c'est comme ça depuis bien avant le streaming !

C'est bien joli de cracher sur le streaming, mais en attendant il rapporte + que iTunes par exemple!

Et voyez ça comme de l'argent en + ... perso, quand j'aime sur Spotify, j'achète !

donc mon abo à 12.90 CHF par mois + les cds !!! Que veulent les artistes de plus ???? Mon salaire en entier ? :L

Okay j'exagère... mais il me semble que même sur le cd physique, l'artiste s'il n'est qu'interprète ne touche pas grand chose du tout ! Vaut mieux être auteur-compositeur-interprète pour gagner quelque chose sur la vente d'un CD !

Et comme dit dans l'article.. Sans Spotify et consoeurs, cet argent n'existerait pas ...

On parle toujours de Spotify comme si c'était le SEUL revenu des artistes ! Et on pleurniche !

Mais Spotify aide plus à l'anti-piratage qu'ils ne tuent les artistes ! ....

avatar TimeMachine | 

Okay... mais sur mon petit CD mensuel que j'achète à 16.90 CHF, combien va à l'artiste ? Rien du tout non plus .... Et c'est comme ça depuis bien avant le streaming !

C'est bien joli de cracher sur le streaming, mais en attendant il rapporte + que iTunes par exemple!

Et voyez ça comme de l'argent en + ... perso, quand j'aime sur Spotify, j'achète !

donc mon abo à 12.90 CHF par mois + les cds !!! Que veulent les artistes de plus ???? Mon salaire en entier ? :L

Okay j'exagère... mais il me semble que même sur le cd physique, l'artiste s'il n'est qu'interprète ne touche pas grand chose du tout ! Vaut mieux être auteur-compositeur-interprète pour gagner quelque chose sur la vente d'un CD !

Et comme dit dans l'article.. Sans Spotify et consoeurs, cet argent n'existerait pas ...

On parle toujours de Spotify comme si c'était le SEUL revenu des artistes ! Et on pleurniche !

Mais Spotify aide plus à l'anti-piratage qu'ils ne tuent les artistes ! ....

avatar KimoMac | 

@TimeMachine :
Je suis tout à fait d'accord, le CD était aussi une arnaque pour l'artiste (non je parle pas de U2 hein)

Cela dit, Spotify et consorts ont pratiquement les mêmes effets au final qu'un piratage "légal" : seulement, ce ne sont plus les artistes seulement qui se font pigeonner, mais également les producteurs et les maisons de disques (qui elles, pour les "grosses" l'ont bien mérité)

Qui bénéficie de votre argent au final? Spotify et consorts, ainsi que les régies de pub!

Bienvenue dans un monde moderne de merde

Et vous cautionnez le système en payant votre abonnement. C'est tout

avatar Vanton | 

@KimoMac :
Euh si le CD et le streaming sont des arnaques pour les artistes il reste quoi ?

Non parce qu'à un moment c'est bien gentil de gueuler mais faudrait proposer des alternatives.

Ça fait 5 ans que je file 10€ par mois à Spotify pour remplacer le piratage que je pratiquais à haute dose avant. Si ça vous va pas non plus, j'en retourne au piratage, ça me fera faire des économies !

Elle est où la solution ?

avatar KimoMac | 

@Vanton :
Acheter en direct sur le site des artistes, ils proposent souvent de vendre leurs créations en direct. Pirater était un moindre mal si c'etait pour verser vos 10 euros par mois directement aux artistes que vous aimez via des dons sur leurs site...

Au pire éviter les Spotify et cie et privilégier iTunes qui me semble clairement plus équitable en terme de répartition faute de mieux.

avatar porcupineric | 

@Vanton :
Bien résumé.
On donne 10€ par mois, c'est mal!!
On pirate et les artistes reçoivent ZÉRO: c'est mal.
On achète un CD neuf chez Amazon à 5€, l'artiste touche une misère, c'est mal.
On achète des CD ou vinyles d'occasion, l'artiste ne touche rien, c'est mal.
On arrête d'écouter de la musique et tout le monde sera content?

avatar porcupineric | 

@porcupineric :
Je précise quand même que je suis un très gros acheteur de musique: entre 50 et 80 disques par an, 1 concert par mois Spotify.

avatar ckermo80Dqy | 

Non le CD n'est pas obligatoirement une arnaque : c'est négociable dans le contrat entre le producteur et l'artiste. Il y a évidemment des contrats où l'artiste se fait arnaquer, mais il faut arrêter de dire n'importe quoi quand on ne sait pas. La différence entre ce que rapporte un CD et le streaming est incommensurable. Le streaming, en effet, est une forme de pillage légal sans parler, du côté du "client", de cette manière étrange, décousue, totalement contraire à la plupart des démarches artistiques, d'écouter de la musique. Pardon, maintenant on dit "consommer" de la musique, comme chez Auchan ou Carrefour. Même les ministres de la Culture (ils veulent faire branché-numérique) utilisent ce vocabulaire dévoyé et détestable de grande surface. Au secours !!

avatar Domsware | 

@Mme Michu :
Je trouve également cette répartition étrange. Et ce qui m'interpelle c'est la partie intermédiaire qui indique Producteurs et Plateforme de streaming.

J'aurai trouvé plus juste de placer les Producteurs avec les artistes. Peut être pour respecter l'ordre chronologique de la chaîne : les taxes viennent en dernier, après la part du streaming.

Ainsi 70% de 6,54 = 4,58
Donc 4,58 0,46 = 5,04 €
Les producteurs touchent donc 90% des revenus une fois les taxes et les frais de streaming enlevés !

Sans compter les 1€ de droits d'auteurs.

Il apparaît alors que si redistribution il doit y avoir il est nécessaire de commencer par modifier le pourcentage Producteurs / artistes.

De plus que désigne la catégorie artiste ? L'artiste avec tout l'environnement technique de production de son œuvre — musicien, ingénieurs sons, désigner... — ou bien seulement l'auteur ?

avatar KimoMac | 

@Domsware :
Si vous parlez des producteurs en faisant référence à ceux qui "produisent" concrètement la musique (et la encore, je ne parle ni de U2 ni de Dr Dre) eh bien eux aussi aux final, touchent peanuts des revenus du streaming

avatar Domsware | 

@KimoMac :
Merci pour â remarque : je prend le mot Producteurs tel qu'indiqué sur l'affiche.

avatar Domsware | 

Donc au final, sur 10 € :
• TVA : 2 € soit 20%
• Service de streaming : 1,5 & soit 15 %
• le reste : 6,5 € soit 65 %, reparti en :
-- "Producteurs" : 5,04 € soit 50,4 %
-- Droits d'auteur : 1 € soit 10%
-- Artiste : 0,46 € soit 4,6 %

avatar poulpe63 | 

Encore une fois : la TVA est calculée sur le prix HORS TVA, et non pas TVA incluse.
Quand on paye 10€ TTC, on donne à l'Etat 1,667€, non pas 2€.
Capiche ? ;)

avatar MrFloyd | 

En lisant l'article je n'avais pas compris que les plates-formes de streaming étaient les grosses gagnantes. Je pense que les majors, pour désambiguer le terme «Producteur», s'en mettent plein les poches comme d'hab.
Et comme d'hab aussi ils sont réfractaires à toute forme de re-répartition du pactole.

avatar TomSupraBoy | 

Donc quand Apple va proposer l'offre de streaming Beats à 5$ comme le disait certains articles, ça va se passer comment concrètement la rémunération des artistes?

avatar ckermo80Dqy | 

Ce sera juste encore pire au niveau rémunération, s'ils arrivent à faire plier les labels comme ils l'ont fait avec iTunes. Quand je pense qu'on trouvait que Steve Jobs était génial d'avoir mis les majors à sa botte. Personne n'a compris ce qui était en train d'arriver. L'industrie du disque, quelle vision ! Trop occupés à se goinfrer avec leurs rééditions qui ne coûtent rien, dans leurs bureaux remplis de commerciaux et d'où les vrais producteurs ont disparu depuis des décennies. Vous vous rendez compte ? Il y avait parfois de vrais artistes aux postes de décision ! Il a fallu y mettre un terme :)

avatar Hugualliaz | 

J'avoue que j'ai du mal à comprendre. Je suis un gros consommateur de musique et je ne pourrai jamais payer tout ce que j'écoute. Alors l'abonnement permet de faire tout ça et quand j'aime vraiment un artiste j'achète son album (8 albums par an environ). En sachant que je n'achèterai jamais un album par mois et que je paye 10€ par mois c'est tout bénef pour eux, non ? En sachant que sans streaming je n'achèterai JAMAIS autant d'albums...

De plus, dans la définition d'une œuvre il y a celle que l'on veut diffuser et celle que l'on ne veut pas. A partir du moment où un artiste diffuse volontairement son œuvre au plus grand nombre, au nom de quoi il devrait toucher une rémunération ? Je n'ai jamais compris ça, pour moi la musique n'est pas une fin mais un moyen. Là où l'artiste va gagner de l'argent c'est quand il se produit devant son public non ? (En général il est même grassement rémunéré !).

Pour le reste, Spotify est en déficit il me semble, ce n'est pas rentable...

avatar poulpe63 | 

Et leur rémunération est supérieure quand une radio diffuse leurs morceaux ? La pub est plus rémunératrice ?

OK, un artiste semble mieux rémunéré si il diffuse lui-même sa zik.
Quid du coût d'un studio ? de la promo/pub ?

Que je sache, malgré le succès de l'iphone, Apple continu à faire de la pub... et c'est pas gratuit.

Que les artistes soient rémunérés correctement, OK, mais toutes la chaine (technicien, marketing, hébergement) se partage le gateau...

Idée : plus de deezer/spotify/radio musicale/... et on verra ce que feront les audiophiles...

avatar iBaby | 

« La majorité de ces utilisateurs sont âgés de moins de 27 ans, soit « des fans qui ont grandi avec le piratage » et dont on n'imaginait pas qu'ils allaient un jour payer pour écouter de la musique. »

L'instantanéité a aussi un prix. Une fois qu'on l'a imaginé, cela prend de la valeur.
Personne ne parle de Qobuz (19,99€ en Flac). iGen serait fâché avec Qobuz ? Sans compter leur modèle bien plus intéressant, streaming téléchargement.

avatar Xav852 | 

Netflix propose de la vidéo pour moins cher ..

avatar iBenou | 

Les chiffres de vente que vous donnez sont les chiffres US. Peut-être faut-il préciser ou donner les chiffres monde?

avatar CrazyMan5981 | 

C'est le streaming musical lui même qui n'est pas rentable !
Je préfère acheter quelques CD des musiques des chanteurs qui me plaisent, plutôt que d'aller dépenser tous les mois pour une infinité de choses dont je n'écouterai pas la moitié et qui sera toujours moins bien fournie.

Je pense que c'est plus rentable d'acheter une fois uniquement ce qui nous plait vraiment plutôt que d'aller payer tous les mois pour tout et n'importe quoi !
Ça devient de l'industrialisation capitaliste de la musique et les auteurs eux ne gagnent toujours rien dans tout ça !

Il faut couper les mauvaises graines que sont les ayants droits avant toute chose (qu'ils se reconvertissent dans un autres métier s'ils ne sont pas content), et dès que tout ce mauvais sera parti, je pense que les auteurs auront un peu plus leur place dans la musique et leur gain de cause !

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