Depuis plus d’un an, six des sept grandes majors de l’industrie du cinéma négocient avec les réseaux de salles de cinéma afin de réduire la fenêtre d’exclusivité dont ces derniers disposent pour montrer les œuvres au public. Aux États-Unis, les films sortis au cinéma se retrouvent à la location 90 jours après leur exploitation en salles ; ce délai est parfois réduit à 70 jours. Mais l’industrie hollywoodienne aimerait beaucoup rapprocher les dates de sortie au cinéma et à la location.
Cet intérêt a plusieurs raisons pragmatiques : d’une part, cela permet de réduire un peu le piratage ; d’autre part, les studios économiseraient sur les frais de promotion. Actuellement, la sortie d’un film implique un gros effort marketing à sa sortie en salles, puis rebelote pour la disponibilité en location. En rapprochant les dates, les majors n’auraient plus à promouvoir deux fois leur camelote. Enfin, c’est aussi une manière de se rapprocher des habitudes de consommation des amateurs de Netflix.
Au début des négociations — qui sont loin d’être terminées —, les studios avaient proposé de compenser la réduction de la fenêtre d’exclusivité des exploitants en leur proposant une grosse part du prix du ticket payé par le consommateur pour profiter rapidement des dernières nouveautés cinématographiques à la maison : une location 17 jours seulement après la sortie en salles, mais au prix de 50 $.
Réalisant ce que ce tarif aurait de rebutant, les négociations tournent désormais autour d’un ticket à 30 $ pour louer un film sorti au cinéma il y a 30 à 45 jours. C’est effectivement un peu plus raisonnable et si on est deux ou trois derrière la télévision familiale, ce prix peut même s’avérer plus économique que plusieurs places de cinéma (et le popcorn domestique sera aussi certainement meilleur marché). Mais bien sûr, c’est encore très cher par rapport au prix d’une location au bout de 90 jours, qui tourne autour de 3 à 6 $.
Les discussions ont toujours lieu entre les exploitants et les studios et il existe des dissensions entre tous ces acteurs. Disney ne veut pas entendre parler de cette initiative par exemple, les films que le groupe produit (Marvel, Star Wars…) jouissant généralement d’une longue exploitation en salles. À l’inverse, Universal plaide pour une location très rapide après la sortie au cinéma (20 jours seulement).
En décembre dernier, la rumeur voulait qu’Apple pousse l’industrie hollywoodienne pour obtenir une telle réduction de la fenêtre d’exploitation en salles (lire : Cinéma : les films sur iTunes en même temps que dans les salles ?). Ce serait effectivement très intéressant pour iTunes. Autre initiative dans le même sens, The Screening Room, une société que Sean Parker tente de monter depuis de nombreux mois. Il s’agit cette fois d’un boîtier connecté qui diffuse des films qui viennent de sortir au cinéma, au prix de 50 $ la location.
Source : Variety