La reconcentration des opérateurs téléphoniques français n’aura pas lieu à court terme, affirme le Figaro, suivi par d'autres titres de la presse. Orange et Bouygues vont réunir ce soir leurs conseils d’administration respectifs pour acter de l’échec des négociations, écrit le quotidien. Martin Bouygues a décidé de jeter l’éponge. Plusieurs points n’auraient pas trouvé de solution, dont celui de la participation de l’État dans le nouveau capital d’Orange.
Le Figaro raconte que trois exigences formulées hier par Bercy ont braqué le patron de Bouygues :
Le Ministre de l'Économie et Martin Vial, le patron de l'Agence des participations de l'État (APE) qui détient avec BPIfrance 23% du capital d'Orange, ont fait part de trois exigences jugées inacceptables par Martin Bouygues. Ils ont ainsi conditionné l'entrée de Bouygues au capital d'Orange à un prix plancher de 18,5 euros par action alors que les parties négociaient jusque-là à 17 euros (l'action cotait 15,40 euros en bourse vendredi). En renchérissant le prix d'Orange, Emmanuel Macron a réduit mécaniquement la valeur de Bouygues de plus de 10%. Deux autres clauses sont restées dans la gorge de l'homme d'affaires: l'interdiction pendant 7 ans pour Bouygues de monter au capital d'Orange, ainsi qu'un gel des droits de vote double pendant 10 ans.
Une médiation par Matignon a été proposée cet après-midi auprès des patrons d’Orange et de Bouygues mais elle n’aura pas lieu, continue le quotidien, qui évoque une reprise à venir des hostilités commerciales entre les quatre opérateurs et les conséquences financières pour les protagonistes, qu'il s'agisse des entreprises ou de l'État. Chez les clients, on peut supposer que l'heure n'est pas à la déception.
[MàJ à 19h20] : Orange et Bouygues [pdf] ont chacun officialisé dans un communiqué de presse la fin de leurs discussions et l’échec de cette opération.
Orange
« À l’issue de discussions approfondies, le Conseil d’Administration d’Orange a constaté qu’un accord en vue d’un rapprochement avec Bouygues Telecom n’a pu être trouvé.
Il a donc été décidé de mettre un terme aux discussions engagées le 5 janvier dernier entre Orange et Bouygues.
Fort de sa dynamique, Orange poursuit l’exécution de son plan stratégique engagé en 2015 basé sur l’investissement dans les réseaux très haut débit et une expérience client incomparable, et maintient l’ensemble de ses objectifs financiers. »
Bouygues
« Orange et Bouygues ont annoncé le 5 janvier 2016 avoir engagé des discussions pour explorer d’éventuelles opportunités de rapprochement entre Bouygues Telecom et Orange.
Dans le cadre de ces négociations, Bouygues a attaché une grande importance aux éléments suivants :
- l’intérêt des collaborateurs de Bouygues Telecom et les garanties sociales à leur apporter dans une telle opération ;
- le niveau de participation de Bouygues dans le capital d’Orange et la gouvernance associée pour être un actionnaire significatif permettant d’accompagner la croissance d’Orange sur le long-terme ;
- le risque d’exécution ;
- la valeur retenue pour Bouygues Telecom.
Après trois mois de discussions avec Orange, un accord sur l’ensemble de ces points n’a pu être trouvé. En conséquence, le conseil d’administration de Bouygues réuni le 1er avril 2016, a décidé à l’unanimité de mettre fin aux négociations en cours.
Dans un marché où l’hypothèse d’une consolidation devient désormais durablement exclue, Bouygues Telecom poursuivra sa stratégie stand alone qui a permis d’ores et déjà un retour à la croissance du chiffre d’affaires et de l’Ebitda dès 2015.
Bouygues reste convaincu que le marché des télécoms représente un potentiel de croissance important porté par le développement exponentiel des usages numériques et que Bouygues Telecom est particulièrement bien placé sur ce marché pour bénéficier de cette dynamique.
Il dispose en effet d’un avantage concurrentiel fort et durable grâce à son portefeuille de fréquences et à son réseau 4G, reconnu comme l’un des meilleurs du marché, et il continuera d’animer fortement le marché du Fixe.
Dans ce contexte, Bouygues confirme un objectif de marge d’Ebitda de Bouygues Telecom de 25% en 2017 et de 35% à plus long terme. »
[MàJ A. N.-S. 1er avril à 21h20] Free, qui était censé récupérer une partie du réseau et des boutiques de Bouygues, a réagi à son tour par voie de communiqué de presse.
A la suite de l’échec des discussions entre Orange et Bouygues en vue d’une consolidation du marché français, Iliad poursuit son développement avec notamment une accélération du déploiement de ses réseaux Très Haut Débit fixe et mobile et la commercialisation de ses offres simples et attractives.
Chat échaudé craint l'eau froide, et Free s'est fait griller deux fois par Bouygues. Le quatrième opérateur poursuivra donc sa route de son côté.