En février, AT&T, Verizon et le GSMA ont reçu une demande d'informations de la part du Département de la Justice US. Les deux opérateurs, ainsi que l'organisme qui définit les normes de la téléphonie mobile, sont soupçonnés de s'être entendus pour empêcher l'éclosion de la technologie eSIM, explique le New York Times.
Les cartes SIM électroniques permettent de passer facilement d'un opérateur à un autre en évitant les manipulations hasardeuses. Autre avantage, les eSIM prennent moins de place dans les appareils : il s'agit en effet d'une puce, pas d'une carte physique à insérer dans un berceau. Apple en fait l'usage depuis un moment dans les iPad Wi-Fi + Cellular (qui intègrent aussi un slot traditionnel), on trouve aussi une eSIM dans l'Apple Watch Series 3 cellulaire.
L'équivalent américain du ministère de la justice a ouvert il y a cinq mois une enquête antitrust : les deux entreprises et le groupement auraient en effet mis en place une collusion afin d'établir des standards permettant aux opérateurs de verrouiller les appareils sur leurs réseaux, même si les smartphones embarquaient une eSIM.
Apple, qui n'a rien confirmé, et un opérateur seraient à l'origine de cette enquête, d'après le quotidien américain. Le « cartel » en cause se défend : pour Verizon, il s'agit d'un moyen de lutter contre la fraude et le vol. Mais cette enquête ne serait finalement, pour l'opérateur, que « beaucoup de bruit pour pas grand chose », une « différence d'opinion » avec quelques constructeurs sur le développement des standards de l'eSIM.
AT&T et Verizon travaillent avec le Département de la Justice. Le GSMA confirme la mise au point de normes pour l'eSIM qui permettrait à un opérateur de bloquer un appareil sur son réseau, mais cette norme a été gelée le temps de l'enquête. Si celle-ci devait être mis en œuvre, un opérateur devrait demander sa permission au consommateur pour bloquer l'appareil à un réseau.
Au cœur de l'enquête, une interrogation : AT&T et Verizon, qui à eux deux captent 70% du marché de la téléphonie mobile aux États-Unis, ont-ils secrètement comploté avec le GSMA pour maintenir leur main-mise dans ce secteur ? Ce faisant, ils auraient freiné la libre concurrence tout comme l'innovation dans l'industrie mobile.
Si on se place du point de vue de ces opérateurs dominants, on comprend leurs réticences : en dehors de ses avantages techniques, l'eSIM est surtout un moyen pour l'utilisateur de faire jouer plus facilement la concurrence.