Vous gardez un souvenir ému des forfaits mobiles à un chiffre pour le prix et deux pour la data ? Des 50 Go pour 4 € chez B&You en 2016, des 20 Go à 5 € chez Sosh en 2018… ? Cette époque est révolue chez les quatre opérateurs et Fabienne Dulac, la directrice générale adjointe d'Orange, suggère dans une interview à La Tribune qu'on n'est pas près de la revoir.
« En février 2019, nous avions en France des offres mobiles à 5,99 euros par mois pour 40 gigas de données, je m'en souviendrai toute ma vie », explique la dirigeante, chez qui ces niveaux de prix ne sont pas synonymes d'une période bénie. Des clients oui, mais des opérateurs beaucoup moins. Peu à peu, les tarifs ont augmenté, les volumes de data aussi. Aujourd'hui, résume-t-elle, les offres se logent « entre 17 et 18 euros ».
De fait, un tour chez les principaux acteurs montre qu'à 5 € on n'a plus droit qu'à des forfaits exprimés en méga-octets (100 à 200 Mo) et qu'il faut débourser entre 16 et 17 € pour 100 Go. Une dose de données copieuse, mais pas forcément en ligne avec les usages.
Dans sa synthèse sur l'année 2021, l'Arcep a observé que les clients actifs sur les réseaux 4G consommaient en moyenne 12 Go par mois. Aucun des quatre opérateurs ne propose une offre proche de ce seuil qui reflète pourtant des usages réels. On n'a que le choix entre quasiment rien pour pas cher ou beaucoup pour un prix possiblement plus élevé que ce que l'on aimerait payer.
La mauvaise excuse de Bouygues pour augmenter ses anciens petits forfaits
Pour Fabienne Dulac, le marché s'est assagi : « Les quatre acteurs ont mis en place une forme de 'market repair' en diminuant le niveau des promotions, et en rétablissant, au final, les prix à des niveaux qui correspondent mieux à la valeur fournie ».
Si les usages tournent autour d'une dizaine de gigas par mois en moyenne, les opérateurs prennent les 40 Go comme base de calcul pour établir leurs autres propositions, explique la dirigeante d'Orange : « c'est l'offre de référence client ». Et la tendance n'est pas d'aller vers du moins cher, mais d'augmenter les prix concomitamment aux services. Ce que Fabienne Dulac traduit par un autre anglicisme : « more for more ».
Les études internes d'Orange confortent cette stratégie, à en croire la dirigeante. Les clients ne rouspèteraient pas tant que ça devant cette inflation. Le Covid-19 et l'essor du télétravail auraient participé à faire évoluer les priorités, avec la qualité du service passant devant le critère du prix.
Cette orientation soutenue à la hausse s'explique par les investissements consentis dans la 4G, la 5G et la fibre, justifie Fabienne Dulac, qui parle d'un marché français qui était « devenu atypique » en Europe par les niveaux de prix atteints. Et qui le reste malgré la vigueur des hausses : « Nous sommes toujours bien en dessous des prix espagnols, allemands, anglais et même belges ». Une façon de relativiser, mais qui ne règle pas le problème pour ceux qui n'ont guère besoin de 100 ou 200 Go par mois pour eux-mêmes, leurs proches ou leur progéniture.