C'est le 15 septembre que Netflix orchestrera son lancement en France, après des mois de bataille rangée avec le premier gouvernement Valls. Cette date reste d'ailleurs sujet à caution puisqu'il ne devrait s'agir que de la présentation à la presse, même si de son côté, Télérama annonce le début des programmes ce jour; on sera rapidement fixé. L'hebdomadaire culturel participe du plan marketing de lancement du service de vidéo à la demande sur abonnement (sVOD), puisqu'il a obtenu une interview de Reed Hastings, le PDG de l'entreprise américaine, qui se charge de faire monter la sauce.
L'article apporte deux confirmations. D'une, que les prix seront de 7,99 euros par mois en définition standard sur un seul écran; de 8,99 euros pour deux écrans simultanés en HD; et de 11,99 euros en HD pour quatre écrans en simultané. On y apprend aussi, sans trop de surprise, que Netflix devra respecter la chronologie des médias : les films devront attendre trois ans après la sortie en salles pour être disponibles sur le service de sVOD. Et même si Netflix veut « proposer les meilleurs films et séries », « nous diffusons surtout des séries, qui ne sont pas soumises à cette réglementation ». Hastings ne s'avance d'ailleurs pas sur le catalogue qui sera disponible au lancement du service en France, préférant mettre en avant la « qualité » de son offre et son fameux algorithme qui propose des films et séries selon les goûts du téléspectateur.
La première série française produite par Netflix sera « une série politique, tournée à Marseille ». Elle sera diffusée en France et partout dans le monde dans un an, « si tout va bien ». Le CEO ne veut pas commenter d'éventuelles tractations avec EuropaCorp, la société de Luc Besson. Concernant le respect de la législation, Hastings explique que le siège européen, actuellement au Luxembourg, va déménager à Amsterdam où « c'est plus central et animé » — et sans doute aussi bon marché qu'au Grand Duché, question impôts. Le patron de Netflix promet cependant de produire des contenus, d'acheter des droits et de créer de l'emploi en France. « Les créateurs nous voient comme un atout, qui fait monter les prix ». Netflix ne sera pas soumis aux obligations de financement du cinéma français, mais « quand il y a des gros chèques à la clé, les artistes ont envie de créer des contenus ! Beaucoup voudront travailler avec nous ». De plus, l'entreprise devra reverser la TVA en France à partir de janvier 2015, après l'application des décrets Smad (services de médias audiovisuels à la demande) qui exigent que la TVA soit collectée suivant les pays où les clients se trouvent.
Si Orange a fait savoir, directement par la voix de son PDG Stéphane Richard, que Netflix n'allait pas être proposé — dans un premier temps, du moins — sur les box de l'opérateur, Reed Hastings indique qu'il discute avec « Orange, SFR ou Free. Tout dépendra des conditions financières ». En tout état de cause, le service sera disponible sur les PlayStation 3 et 4, Xbox, Chromecast, smart TV, et sur l'Apple TV (en espérant qu'Apple active l'accès à la chaîne). Netflix est aussi proposé directement depuis un navigateur web.
Avec ses 35 millions d'abonnés aux États-Unis, Netflix est devenu un poids lourd de la diffusion de vidéo en streaming, ainsi qu'un producteur de séries TV originales respecté. La décision « définitive » de se lancer dans l'Hexagone date de la fin de l'année dernière; ce lancement s'accompagnera à l'automne de la disponibilité du service en Allemagne, en Autriche, en Belgique, en Suisse et au Luxembourg.