Orange et SFR se marquent à la culotte au niveau du contenu. Les deux opérateurs, qui ne veulent surtout pas se transformer en bêtes tuyaux, ont dévoilé coup sur coup leurs ambitions dans ce secteur. Orange Content, une « nouvelle entité » au sein de l’opérateur historique, va piloter la stratégie de contenus de l’entreprise, en particulier pour l’acquisition de droits de distribution auprès des studios et aussi pour la production de contenus originaux.
Orange dispose de plusieurs canaux de diffusion, comme les chaînes OCS — 2,6 millions d’abonnés — appréciées des amateurs de séries US (on pourra ainsi profiter de la prochaine saison de Game of Thrones en J+1). Un nouvel accord signé avec UGC Images va permettre à OCS de diffuser, en première exclusivité, des films 10 mois après leur sortie en salles ; ce sera le cas de Gaston Lagaffe, par exemple.
Le groupe s’est également arrogé les droits de distribution de Valérian et la Cité des mille planètes, le prochain blockbuster de Luc Besson. Le film sera en exclusivité sur sa VOD dès le 26 novembre à la vente, et OCS le proposera en première diffusion à partir de mai 2018. Sur les cinq prochaines années, Orange va investir 100 millions d’euros dans la production de séries TV via Orange Studio et OCS. Une première série sera lancée d’ici la fin de l’année, a promis Stéphane Richard le PDG de l’entreprise.
À fond le contenu chez Altice
La maison mère de SFR amplifie elle aussi ses investissements dans le contenu. Alain Weill, le patron des médias du groupe de Patrick Drahi, a annoncé au Figaro la création d’Altice Studio. Il s’agit d’une « offre globale » regroupant une « chaîne linéaire » et « une plateforme à la demande ». Dans les faits, cette chaîne diffusera 400 films chaque année, et tous les mois les abonnés aux offres premium de l’opérateur profiteront de deux nouvelles séries originales (Altice Studio sera aussi disponible sous forme d’application mobile).
SFR produit ou coproduit des séries comme Les Médicis, Taken ou encore Riviera. L’effort va se poursuivre avec un investissement de 250 millions d’euros par an, dont 160 pour les bons soins d’Altice Studio. 40 millions seront consacrés spécifiquement à la production, notamment avec des partenaires européens et mondiaux (la RAI italienne, la Sky britannique ou encore Netflix et Amazon). Le reste se destinera à l’acquisition de droits.
Altice Studio sera disponible le 22 août. Elle rejoindra alors les autres services de contenus de l’opérateur, comme le bouquet de presse SFR ou encore SFR Sport. Comme souvent avec l’opérateur, il va imposer ce contenu auprès de certains de ses abonnés — ceux aux offres Power — contre monnaie sonnante et trébuchante. Next Inpact indique que la facture de ces utilisateurs va s’alourdir de 3 à 5 euros d’office. En contrepartie, ils recevront soit le « Privilège Grand Divertissement », à savoir Altice Studio, pour 5 euros supplémentaires (au lieu de 20 €), soit le « Privilège Sport et Divertissement » (SFR Sport et TV Privilège), pour 3 euros de plus.
Les abonnés qui ne voudraient pas de ces « privilèges » et de la hausse des prix correspondante devront le notifier sur leur compte. Une méthode de vente pour le moins agressive, qui n’est pas une première pour l’opérateur au carré rouge.