Le succès mondial et instantané de Pokémon GO a surpris ses développeurs qui ont vu leur planning d'ajout de fonctions retardé, de même qu'ils ont assisté à des phénomènes de triche dont ils n'avaient pas imaginé l'ampleur.
John Hanke, le patron de l'éditeur Niantic, raconte dans une interview à The Verge que ses équipes ont pris un bon semestre de retard sur le programme des mises à jour qu'elles s'étaient fixé initialement. La vidéo de présentation de Pokémon GO montrait par exemple un mode raid où l'on chassait en groupe, il est finalement arrivé mais le 21 juin dernier seulement (lire Pokémon GO veut pousser les dresseurs à s’allier).
Le premier et principal imprévu fut le succès éclair du jeu et la charge qui pesait sur les serveurs de Niantic. Pokémon GO, qui a offert un exemple concret de jeu en réalité augmentée auprès d'un vaste public, a été téléchargé 750 millions de fois et compte 65 millions de joueurs réguliers par mois.
« Depuis le lancement et jusqu'en novembre et décembre, nous avons remis sur pied et revu notre infrastructure uniquement dans le but de rester au niveau des besoins nécessaires ». Un nombre « conséquent » d'ingénieurs ont été réaffectés à cet effort, aux dépens du développement de nouvelles fonctions pour le jeu.
Sauf à « être complètement dingue ou irrationnel » un tel succès était impossible à prévoir au départ, poursuit John Hanke. Les problèmes n'ont pas manqué mais l'éditeur estime avoir réussi à encaisser le choc et être arrivé à un compromis satisfaisant pour les joueurs et ses serveurs.
Autre difficulté qu'il a fallu régler en pleine action, la répartition des rôles entre Niantic, Nintendo et The Pokémon Company, pour décider qui devait communiquer, comment et sur quels réseaux. Niantic avait eu les coudées franches pour son premier jeu Ingress où il était seul maître à bord. Cette fois, avec deux autres partenaires dans la boucle, la communication était moins ouverte, une lacune corrigée au fil du temps.
La tricherie, apparue assez rapidement dans le jeu — des bot se chargeaient par exemple d'aller chasser à votre place sans que vous n'ayez à bouger un orteil — a causé d'autres maux de tête à l'éditeur. « L'importance de Pokémon GO a donné naissance à des entités commerciales qui proposent d'améliorer un score ou un niveau, et ce sont de vrais business. Dès lors, elles ont les ressources nécessaires pour investir de manière importante dans ce genre d'activité. On n'avait pas vraiment anticipé une triche soutenue par un commerce, c'est assez compliqué de faire en sorte que tout le monde soit à égalité dans le jeu » (lire aussi Niantic a trouvé un moyen efficace pour troller les tricheurs à Pokémon GO).
Niantic a dû par conséquent confier à une petite partie de son équipe la tâche de lutter contre la fraude « Ces personnes devraient plutôt travailler sur de nouvelles fonctions » mais elle ne le peuvent pas, se désole leur patron.