Peut-on être amateur, voire fan d’iOS, sans pour autant posséder un Mac ? Oui, bien sûr. Il est évident au vu de la proportion de Mac et d’iPhone/iPad vendus tous les ans, que l’énorme majorité des clients iOS ont un PC ou pas d’ordinateur du tout.
Mais chez ceux qui utilisent activement leur ordinateur, pourquoi ne pas être allé au bout du chemin, pourquoi ne pas avoir franchi la dernière étape et devenir un switcher : abandonner son PC pour un Mac ?
C’était la question du dernier appel à témoins dans nos forums (la discussion y est toujours ouverte). Un peu moins de vingt réponses ont été fournies. Il en ressort principalement trois critères : le prix, les configurations et les capacités d’évolution.
Acheter un Mac de bureau à un peu plus de 500 € ou un portable Apple autour de 800 €, c’est possible. Pour l’un ce sera du Mac mini et pour l’autre un MacBook Air 11" (dans la grande distribution ou sur le refurb ils sont même un peu moins chers). Sauf que… à ce tarif on a des machines anciennes de quelques années (fin 2014 pour le Mac mini !). Elles restent belles, d'une fabrication soignée, elles accepteront le prochain macOS Sierra et elles sont même assez uniques dans leur genre. Mais voilà, à ce prix du neuf on peut légitimement avoir le sentiment d’acheter du vieux.
Ptinicotine explique avoir souvent hésité à franchir le pas, mais « la raison » a toujours repris le dessus. Comme plusieurs lecteurs qui ont répondu, il est joueur et cela complique les choses :
Pourquoi mettre environ 1 300 € pour avoir un excellent portable qui ne te servira qu’en ordinateur secondaire ? Jouer sur Mac est compliqué OU très, très cher. Pour avoir une config’ très performante actuellement sur PC, juste pour la tour tu as une tuerie pour 1 500/1 600 €. Côté Mac, il faut se rapprocher aisément des 2 000/2 200 € pour une puissance équivalente sous Windows via Boot Camp. Car la majorité des jeux sont exclusivement sous Windows.
Flo699 justifie aussi son refus du Mac par cette comparaison tarifaire :
Au même prix qu’un Mac, j’ai un ordinateur 3 fois plus puissant. Quand je vois des Mac à 2 000 € sans GPU, je me dis WTF… Au même prix chez MSI, vous avez limite une machine pour faire du mining de bitcoins et faire tourner n’importe quel jeu en Ultra…
Cette critique des prix prohibitifs au vu des équipements proposés en entrée ou milieu de gamme, Pocketalex ne la conteste pas, mais il la nuance. Il distingue les machines de bureau des portables :
Le Mac mini est vendu avec un disque dur 5 400 t/min qui le rend totalement inutilisable. Une fois les bonnes options sélectionnées (Core i7, SSD, RAM) on se retrouve avec une machine intéressante et performante, mais vendue à un prix totalement délirant (1 300 € au mieux, ndlr).
Même son de cloche pour l’iMac : « Des composants au ras des pâquerette, le tout enfilé-collé à l’intérieur d’un sublime écran non démontable. Et une fois la machine obsolète, ce qui arrivera vite au vu des configs vendues, tout est bon pour la benne. ». Idem pour le Mac Pro : « excellente machine, mais son manque de mise à jour devient cruel » (lire aussi Le Mac Pro désespère les pros).
Par conséquent, estime-t’il, rien ne vaut un Hackintosh à l’heure actuelle, c'est à dire une solution plus puissante et évolutive pour moins cher.
Par contre, notre lecteur est moins sévère sur les portables MacBook, MacBook Air et MacBook Pro qui compensent certains de leurs composants anciens par une très bonne tenue générale : « Apple propose 3 types de machines vraiment intéressantes et très variées, pour différents types d’usages, mais tout le temps avec une belle “expérience OS X”. Les composants ne sont peut-être pas de dernière génération, mais ce n’est pas un point primordial. »
Critique nuancée également chez Sometime. Il juge globalement les Mac bien chers comparés à des solutions équivalentes, mais il pointe des avantages qui n’apparaissent pas sur l’étiquette et que l’on apprécie par la suite : « prise en charge en Apple Store, un matériel qui dure ou une fabrication de qualité ».
Ianos, qui est depuis toujours chez Apple, avant même l’arrivée du Mac, insiste sur cette longévité :
Je vois mes confrères sous PC (portables DELL entre autres) qui changent de machines très régulièrement (environ tous les 2/3 ans), alors que pour moi (malgré le fait d’utiliser Archicad) je change de Mac environ tous les 6 ans… Donc oui c’est plus cher, mais cela dure plus longtemps !
Sometime complète son propos précédent en jugeant qu’Apple a tendance à sous-équiper ses machines d’entrée de gamme pour les rendre plus attractives financièrement parlant. Mais c’est au risque de se contredire sur le message de qualité qu’elle déroule régulièrement dans sa communication :
On peut certes considérer que tout le monde dans l’industrie s’arrange avec ses marges et cherche à maximiser son profit. Mais Apple avec ses discours grandiloquents, ses slogans “on adore nos clients” et ses justifications franchement limites me laisse un sentiment désagréable.
Quand Apple justifie que ses machines sont taillées - et conviennent - pour une certaine utilisation, alors que certains modèles indigents poussent par effet de gamme à passer au modèle supérieur, je trouve que l’on est dans le cynisme. Et je trouve ça en décalage avec le discours et l’image générale que veut donner la marque.
C’est un point que l’on a eu l’occasion de soulever dans le test du dernier iMac Retina 4K mais qui s’applique aussi aux iPhone année après année. Le vrai prix de l’entrée de gamme doit être calculé après avoir ajouté quelques options absolument indispensables. Un formidable écran 4K ne rime à rien associé à un piètre disque dur plutôt qu'un Fusion Drive ou un SSD. Et que dire des iPhone 5c de 8 Go vendus jusqu'à l'année dernière ou des iPhone versions "Plus" en 16 Go à des prix qui frôlent les 800 à 900 €.
Quelques lecteurs citent d’autres raisons qui les ont poussés à rester sur PC. Parlonzen aime l’interface et la convivialité de son iPhone mais il est rebuté par iTunes : « L’image que donne “Apple en fonctionnement sur un ordinateur” passe par iTunes, et imprime chez les utilisateurs la certitude que l’ergonomie et le confort d’utilisation ne concernent que les appareils mobiles de la marque. »
Pour Gilles07, on est dans le cas de l’occasion manquée. Lui qui a 4 iPad dont un “Pro”, 5 iPhone, une Apple TV, trois bornes AirPort et une Apple Watch acier : « J’ai longtemps attendu le (nouveau, ndlr) MacBook Pro 15", je voulais franchir le pas, mais keynote après keynote pas d’annonce ! Alors j’ai pris un Dell XPS 15 survitaminé à 2 700 €. Par contre j’aurais fait tourner Windows. »
Plus singulière, la réponse de chronos790 qui cite l’interface comme problème. On s’attendrait à ce que le très vieux principe d’une interface, de codes graphiques et de comportements homogènes d’une application à l’autre soient des avantages historiques du Mac pour les utilisateurs, eh bien non :
Sur Mac, c’est quasiment tout au même endroit, avec les mêmes couleurs ternes ou icônes ayant trop de “relief” si je puis dire (pas besoin de pseudo effets 3D, ce qui est visuellement fatiguant). J’ai besoin de voir que mes soft sont différents (ça aide à appliquer une logique et une utilisation à chacun d’eux). J’ai aussi besoin de faire un peu de gymnastique mentale, en m’adaptant à chacun, pour ne pas “m’ennuyer”.
À l’inverse, il apprécie cette uniformisation dans iOS : « Sur un appareil si petit, et si mobile dans son utilisation, aller à l’essentiel est un avantage. »
Il était quasiment joué d’avance que les prix d’Apple allaient rester une barrière difficile à franchir pour ces utilisateurs. On notera qu'à une exception près, c'est le matériel qui concentre les piques, le système d'exploitation est épargné. À cela, s’ajoutent maintenant les critiques sur une évolutivité de plus en plus réduite. Allez donc gonfler le SSD d’un iMac actuel ou d’un MacBook Pro et a fortiori (on peut le redouter) de son successeur…
Apple n’est pas la seule à contraindre ses machines à des régimes sévères, d’autres fabricants jouent aussi du bistouri pour affiner tant et plus leurs PC (lire Que vaut le HP Spectre 13, le concurrent Core i7/Thunderbolt 3 du MacBook ?).
Mais leurs gammes sont en général plus variées et offrent davantage de solutions de repli. Leurs choix sont moins radicaux aussi, avec des PC moins spartiates sur la connectique ou sur le niveau des composants. Ce sont deux philosophies qui s’opposent et qui n’ont pas fini de le faire. Au moins, pour le bonheur de chaque camp, l’iPhone et l’iPad savent garder une certaine neutralité dans ce débat et convenir à tous.