Prix unique : iBookstore et Kindle Store finalement pas épargnés

Anthony Nelzin-Santos |

iBookStoreLes boutiques de livres numériques d'Apple et d'Amazon devraient finalement avoir à respecter le prix unique. En deuxième lecture, le Sénat avait introduit une clause d'extraterritorialité dans la loi sur le Prix unique du livre numérique (PULN), affirmant que les sociétés opérant sur un sol étranger mais vendant en France y étaient soumises. Cette clause a disparu du texte lorsqu'il a fait la navette avec l'Assemblée nationale, il a fallu accorder les deux chambres, et c'est finalement l'argument du Sénat qui a prévalu.

La PULN est la transposition de la loi Lang au domaine du numérique : elle confie à l'éditeur la responsabilité du choix du prix, unique dans l'ensemble de la chaîne de distribution (afin d'éviter de favoriser les grandes chaînes au détriment des petits libraires). Dans les faits, l'existence d'accords de marges commerciales entre les éditeurs et les distributeurs permet aux plus gros vendeurs de pratiquer des remises (les fameux 5 %) qui contournent la loi Lang.

Les sénateurs tiennent à éviter que la situation ne se reproduise avec le livre numérique, et entendent « assujettir les éditeurs établis en France à l'obligation de fixer un prix de vente pour les livres numériques », afin d'éviter que les géants de la distribution du livre numérique, rarement français, ne fixent les prix. Pourtant, dans le cadre du modèle de contrat d'agent choisi par Apple ou Amazon, le prix unique (numérique) est censé être de facto préservé, puisque c'est l'éditeur qui fixe le prix de l'œuvre.

Cette disposition serait donc vide de sens (d'autant qu'elle ne concerne que les éditeurs français), et pourrait même être contraire au droit communautaire, ce que rappelait Hervé Gaymard, rapporteur de la loi qui avait déjà moqué la clause d'extraterritorialité (lire : L'iBookstore épargné par la loi sur le prix unique). Les instances européennes craignent en effet ce genre de dispositif ne favorise des ententes entre éditeurs, empêchant toute forme de concurrence. Bref, la partie de ping-pong pourrait connaître un dernier rebondissement.

[Via Le Magazine littéraire & Actualitté]

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avatar Guillaumeg33 | 
Oui d'accord …
avatar tigre2010 | 
Ok d'accord , mais pour le prix j exige de recevoir aussi la version papier . Faut charrier tout de même.
avatar nostronemo | 
C'est quoi le principe de "concurrence" entre éditeurs ? Si je veux lire du easton ellis (ou n'importe qui), j'ai pas le choix de l'éditeur ? Si ?
avatar iphonele | 
Comme si un livre était une marchandise qu'on choisit pour son prix ...
avatar Arthemus | 
Ça parait logique. Je ne vois pas pourquoi les plates-formes en ligne en serait dispensé.
avatar Ellipse | 
@Caramel10 Au hasard parce que le modèle économique est largement différent et que transposer des vieilles méthodes basées sur la rareté d'un produit pour protéger un support infiniment reproductible est une connerie sans nom ? Les éditeurs ont du recul par rapport aux maisons de disque. Or il s'avère qu'au lieu de mettre cette expérience à profit, ils veulent, eux aussi, garder tous les avantages du numérique sans en faire profiter le consommateur. Et après, ils vont se plaindre du piratage, les pauvres. Pour preuve, les amendements sur les livres non homothétiques ne bénéficiant pas de la TVA à 5,5 ne font que confirmer l’intérêt de cette loi: verrouiller le marché pour les grands éditeurs plutôt que de dynamiser et favoriser la création. @eric78 Peut-être sur ta planète la majorité des bouquins vendus sont des belles éditions sur Ansel Adams ou des La Pléiade mais sur Terre, et en France particulièrement, c'est malheureux mais c'est plutôt du Levy et du Musso en poche sur papier recyclé. Pour la ménagère, le prix entre en compte.
avatar Kevelian | 
voila comment forcer au piratage … quand on voit les prix exorbitant des e-book, qu’on ne peux pas revendre …. c’est du grand n’importe quoi cette histoire de prix unique qui au départ était fait pour protéger les petits libraire … mais dans le cas du numérique il n’y a plus de petit libraire elle est ou donc la justification du prix unique ??? a part pour protéger les amis du Fouquet’s
avatar matou4 | 
Le prix unique est bourré d'effets pervers, malgré de louables intentions. Je vous conseille le blog Notes d'un économiste sur le sujet, ce qu'y rédige son auteur (par ailleurs spécialiste de la question) est tout à fait passionnant.
avatar RaZieL54 | 
Et encore une loi sans intérêt qui justifie du "travail" des députés, et qui sera inapplicable même si elle s'avère conforme au droit européen (ce qui est loin d'être gagné). On est encore dans la grande tradition d'incompétence massive de ce quinquenat ou l'on fait de la loi baclées au kilomètre, souvent anticonstitutionnelle, régulièrement bafouant le droit européen, sans application possible puisque sans décret et qui paralyse toute la société civile et les organes legaux...

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