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Procès iBooks : une injustice faite à Apple, pour Eddy Cue

Mickaël Bazoge

mardi 02 décembre 2014 à 20:44 • 5

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C'est le 15 décembre qu'Apple revient devant les prétoires pour défendre son appel visant à annuler le jugement (daté de juillet 2013 ) concernant l'affaire de la fixation des prix dans le secteur du livre numérique — un dossier dans lequel le constructeur de Cupertino a été reconnu coupable d'entente illégale au fédéral. Il s'agit ici du volet civil, dans lequel Apple a accepté un accord à l'amiable de 450 millions de dollars avec les 33 États américains et les consommateurs qui s'étaient sentis floués. Cet appel concerne certes la décision en faveur du Department of Justice (DoJ), le ministère fédéral de la Justice, mais si la Pomme l'emporte, elle n'aura pas à verser les 450 millions de dollars.

Afin de préparer les esprits à cette nouvelle bataille qui va opposer Apple au DoJ, Eddy Cue s'est exprimé dans les colonnes de Fortune pour défendre l'honneur de l'entreprise. Il est vrai que les prix des e-books ont augmenté (de 17% en moyenne) lorsque l'iBookstore a levé son rideau virtuel en avril 2010. « Si vous voulez nous condamner là dessus, alors nous sommes coupables », explique le vice président d'Apple en charge des contenus internet. « Je savais que certains prix allaient augmenter, mais enfin tout le monde le savait, parce que c'était ce que disaient les éditeurs : "Nous voulons que les distributeurs augmentent les prix, et si nous n'en sommes pas capables, alors nous ne proposerons pas nos livres en versions numériques". En parallèle, d'autres prix ont commencé à baisser aussi, parce qu'il y avait de la concurrence sur le marché ».

Eddy Cue sent qu'Apple doit batailler pour faire émerger « la vérité » dans cette affaire aux multiples rebondissements. « C'est un sentiment partagé avec Tim [Cook], qui est : "Vous devez vous battre pour vos principes, peu importe les conséquences. Parce que ce n'est pas juste" ». Apple a toujours senti derrière les jugements de Denise Cote, la juge en charge de toute l'affaire, une certaine volonté d'en découdre avec Cupertino, concurrent d'Amazon sur le marché de la distribution de livres numériques. Un Amazon qui est sorti renforcé du coup sur la tête qu'a reçu Apple; le distributeur a eu les mains libres pour imposer ses vues au secteur de l'édition, comme on l'a encore vu récemment avec le mano-a-mano contre Hachette.

Eddy Cue rappelle à Fortune comment les négociations avec les six principales maisons d'édition ont débuté. En novembre 2009, il ramène chez lui un prototype d'iPad, qui devait être présenté en janvier de l'année suivante. « Je me rappelle l'avoir pris avec moi pour jouer un peu avec, et je me suis dit qu'il ferait un super lecteur d'e-books ». Il a suggéré l'idée à Steve Jobs d'ouvrir une boutique de livres numériques, sur le modèle d'iTunes. Mais le CEO de l'époque a répliqué qu'il n'allait pas « retarder le produit pour ça ». Cependant, Jobs s'est dit prêt à laisser son vice président voir ce qui pouvait être fait.

Pour la juge Cote, les prémices de l'entente illicite sur les prix ont débuté mi décembre, lorsque Eddy Cue et son équipe ont commencé à rencontrer un à un, à New York (et séparément) les responsables des six maisons d'édition (soit Hachette, Harper­Collins, Macmillan, Penguin, Simon & Schuster et Random House) afin de leur faire part de la volonté d'Apple de se lancer sur ce marché. Cue tient à préciser qu'il n'a jamais rencontré plus d'un éditeur à la fois, réduisant ainsi les risques de collusion… même si évidemment, rien n'a interdit les dirigeants de ces entreprises de se contacter, ce qu'ils n'ont d'ailleurs pas manqué de faire entre les mois de décembre et de janvier.

Ces premières rencontres ont été l'occasion pour le dirigeant d'Apple d'« écouter et d'apprendre » ce dont les maisons d'édition avaient besoin. Il a finalement été convenu que les termes du contrat entre Cupertino et les éditeurs allaient être les mêmes que pour iTunes et l'App Store. « Les différences ne sont pas si grandes qu'entre Apple et d'autres industries. ». Il donne cet exemple : « Aujourd'hui chaque banque a le même contrat de base pour Apple Pay ».

En bout de course, Apple a pu obtenir la signature de tous les éditeurs la veille du lancement de l'iPad. « Si je devais le refaire, je le referais encore », assure Eddy Cue.

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