Si vous tentez de discuter avec un cinéphile du résultat de certains Blu-ray et autres versions « streaming », vous entendrez souvent parler du grain, un artefact issu du côté analogique de la pellicule. Et c'est logique : dans de nombreux transferts de la pellicule vers le numérique (majoritairement pour les films sortis avant les années 2000), le grain est parfois lissé, effacé, caché. Pour certains, une image moderne doit être nette, sans grain. Mais au fil du temps, cette opinion a évolué et de nombreux transferts modernes tentent de garder le grain visible… même si les codecs employés pour les vidéos en haute définition ne s'en accommodent pas nécessairement. C'est là qu'intervient le nouveau choix de Netflix : tirer parti d'une fonction du codec AV1, le FGS (Film Grain Synthesis).

La technologie existe depuis les débuts de l'AV1, mais elle n'avait pas été généralisée sur Netflix, qui emploie l'AV1 depuis 2021. Le fonctionnement reste un peu particulier : elle supprime le grain pour ensuite l'ajouter artificiellement. Les explications sur le blog de Netflix sont détaillées, mais l'idée est d'analyser le grain de l'image, de le caractériser et de le supprimer de l'image avant la compression. Ce choix améliore la qualité de l'image et permet une meilleure compression : encoder un fond uni nécessite moins de ressources qu'un fond composé de milliers de points avec des couleurs généralement différentes. Au moment de la lecture, les données récupérées avant la compression sont transmises sous la forme de métadonnées et permettent littéralement de reconstruire le grain de l'image.



Selon Netflix, les gains sont parfois impressionnants — on passe de 8,2 à 2,8 Mb/s dans un exemple —, avec un gain moyen de l'ordre de 31,6 %. La réduction du débit amène de nombreux avantages indirects : moins de mise en mémoire tampon, un démarrage plus rapide, une meilleure stabilité et même un meilleur accès à une image en Ultra HD. C'est marginal (0,7 % des heures vues), mais la diminution du débit moyen permet d'obtenir une image en 4K pour ceux dont le débit en réception n'était pas assez élevé pour l'obtenir auparavant.
La société n'indique pas si la technologie a été mise en place partout, mais ce n'est probablement pas le cas : elle est surtout utile pour les séries et les films captés avec une caméra analogique, et pas une caméra numérique (qui sont apparues au début des années 2000). De plus, tous les contenus ne sont pas disponibles en AV1 et tous les appareils ne sont pas capables de décoder le codec. Chez Apple, par exemple, l'AV1 est réservé essentiellement aux systèmes sur puce qui intègrent le décodage matériel, depuis les puces M3 sur les Mac, par exemple. S'il est possible de passer par dav1d dans certains cas, ce n'est pas généralisé.

dav1d, le décodeur AV1 le plus optimisé qu'Apple refuse d'utiliser