Quelle est la durée de vie moyenne d'un smartphone entre les mains de son premier propriétaire ? Si on en croit un rapport du Sénat publié en juin 2020, il s'agit de 23 mois seulement, soit même pas deux ans. Faux, répond Apple, en tout cas pour l'iPhone.
Invités mi-octobre par la commission de l'aménagement du territoire et du développement durable du Sénat, trois représentants d'Apple France ont défendu le bilan environnemental de l'entreprise (compte-rendu en ligne).
Clément Lelong, chargé des initiatives environnementales, et Sébastien Gros, responsable des affaires publiques, se sont montrés surpris par la durée de vie moyenne de 23 mois évoquée par le sénateur Jean-Michel Houllegatte.
« La première vie d'un iPhone est plus longue. En outre, cet iPhone a une deuxième, puis une troisième vie. Pour mesurer l'impact environnemental total, il faut considérer les smartphones en général sur l'ensemble de cycle de vie du produit. La durée de vie d'un iPhone est bien supérieure aux chiffres que vous mentionnez », a déclaré Clément Lelong. Et d'enfoncer le clou :
Concernant la durée de vie moyenne d'un smartphone, nous savons, grâce à des études internes et à différents organismes, qu'elle est bien supérieure à 23 mois pour la première vie d'un iPhone et même pour sa deuxième vie. Elle dure un peu plus du double. Ce chiffre de 23 mois s'applique peut-être à nos compétiteurs, mais pas à Apple.
Mais d'où vient alors ce chiffre de 23 mois ? C'est la question posée par Sébastien Gros, qui affirme que même pour Apple la durée de vie moyenne est difficile à déterminer.
Le rapport du Sénat dit tirer ce chiffre d'une étude publiée en 2019 par le site spécialisé GreenIT.fr. Pourtant, cette durée n'est pas écrite noir sur blanc dans le rapport. Les sénateurs se sont sans doute basés sur ce passage :
Compte tenu de l’empreinte de nos usages numériques, est-il encore acceptable en 2019, de pousser les consommateurs à se séparer de smartphones parfaitement fonctionnels via des offres promotionnelles de type « smartphone à 1 euro contre un réengagement 24 mois » ? Certainement pas. L’interdiction des offres de « réengagement contre smartphone à 1 euros » – ou à défaut l’affichage obligatoire de la part du coût réel du mobile dans l’offre de réengagement - permettrait d’allonger significativement la durée de vie des smartphones qui n’est que de 2 ans dans les pays occidentaux.
D'une part, GreenIT.fr ne précise pas d'où cette durée de deux ans vient, d'autre part, le site semble oublier que les forfaits sans engagement sont largement majoritaires depuis plusieurs années en France. En 2019, selon le rapport de l'ARCEP, trois abonnés mobiles sur quatre avaient un forfait sans engagement et n'étaient donc pas incités à renouveler leur smartphone au bout de deux ans.
Une étude de Kantar Worldpanel datant de l'année dernière évalue la durée de vie moyenne d'un smartphone supérieure à deux ans en Europe (France, Allemagne, Royaume-Uni, Italie et Espagne) et aux États-Unis. D'après les estimations de l'institut, celle-ci s'est établie en Europe à 26,2 mois en 2018, contre 23,4 mois deux ans plus tôt. Le renouvellement serait plus fréquent en Chine, où il serait question de 21 mois.
En tout cas, cette durée de vie moyenne s'allonge à mesure que les innovations ralentissent et que le marché murit. Selon cette même étude, les iPhone ont une durée de vie plus longue que leurs concurrents, ce qui n'est pas une surprise compte tenu de la puissance de chaque modèle et du long suivi logiciel assuré par Apple. L'analyste Horace Dediu estimait en 2018 la durée de vie moyenne d'un appareil Apple a quatre ans, mais il mettait dans le même panier Mac, iPhone et iPad.
Mais quand un iPhone est vraiment trop vieux, que devient-il ? Pour éviter qu'il traîne dans un tiroir ou qu'il soit mis à la poubelle, Apple promeut son programme de reprise, nommé Trade In, qui permet d'échanger son ancien terminal contre un bon d'achat (les offres de reprises sont moins intéressantes financièrement qu'une vente sur le marché d'occasion).
« En 2019, nous avons collecté près de 8 millions d'appareils (dans le monde, ndr). La tendance s'accélérait jusqu'à la crise du Covid-19 qui nous a malheureusement contraints à fermer beaucoup de magasins », a expliqué Clément Lelong aux sénateurs.
Autre chiffre glissé à l'occasion de cet entretien, le nombre de participants en France au nouveau programme Apple pour les réparateurs indépendants. Ils sont une trentaine à avoir déjà rejoint ce programme qui leur permet d'avoir les mêmes pièces, outils et documentations que les réparateurs agréés et les Apple Store. D'après Olivier Knoepffler, responsable des relations clients, plus d'une centaine de réparateurs indépendants ont postulé.
