Patron ! On peut virer les photographes, on a des iPhone

David Bosman |

On a vu passer l'info, il y a quelques jours : le Chicago Sun-Times se sépare de a viré l'entièreté de son équipe de reporters-photographes. Ce sont les journalistes eux-mêmes, ceux qui écrivent, ainsi que des photographes freelances (payés à la tâche, donc pas salariés), qui seront chargés de prendre des photos... avec leur iPhone. Le journal poussant même la bonté jusqu'à leur payer des cours d'iphonéographe, pour les mettre à niveau.

Il y aurait tant de choses à dire sur cette info pourtant pas très longue et, en soi, pas plus dramatique ou intéressante que l'annonce de la fermeture de telle ou telle usine, qui met sur la paille ses ouvriers et ses cadres. Faut-il y voir la preuve que l'iPhone est un "vrai" appareil photo ? Ou que la photographie de presse n'est pas un métier ?

Pourquoi les virer ? Parce que c'est moins cher. Bien sûr. Le journaliste ne sera pas mieux payé pour pondre ses feuillets plus une ou deux images d'illustration, et un freelance ne coûte pas cher. Mais ça ne s'arrête pas là : selon le communiqué, c'est une façon de s'adapter et répondre à la demande des lecteurs.

Ce n'est qu'une photo

Le choix de virer les photographes est symptomatique du peu d'importance accordée à l'image dans la presse. Vous pouvez citer, sans aller voir, le nom du photographe qui fait la Une du dernier journal que vous avez lu ? Moi, non.

On s'extasie devant les images de quelques grands noms qui ont fait le photoreportage d'hier, mais aujourd'hui, à quelques rares exceptions, l'image dans la presse n'est plus que décorative, à peine plus utile que l'encart publicitaire, elle aère le texte, voire même elle n'existe que pour distraire le lecteur et le récompenser de l'effort de lire le journal. "Tiens, petit, repose-toi avant de lire la suite".

Parce que lire, c'est un effort. C'est peut-être aussi une des raisons du succès des vidéos — même plus besoin de lire le texte de l'article, qui est parlé dans une photo qui bouge toute seule — un des changements dont parle le communiqué du Chicago Sun-Times : les lecteurs préfèrent la vidéo.

On pourrait alors se demander s'il est encore légitime de parler de lecteurs, s'il ne faudrait pas parler de téléspectateurs ? Et s'il n'y a plus de lecteurs, à quoi servent les articles écrits... et leurs auteurs ?

Bref, même si l'image est rarement considérée à sa juste valeur, on sait qu'elle n'est pas secondaire. La preuve ? Combien de journaux oseraient sortir sans aucune photo ou illustration ? Oui, mais ce n'est qu'une photo. Tout le monde peut faire une photo. La preuve ? Tout le monde a un smartphone.

C'est ici qu'on serait tenté de se focaliser sur le choix de l'iPhone, pour remplacer les photographes pro et leur matériel pro.

Triomphe de l'iPhone ou triomphe du comptable et de l'indifférence ?

Oui, changer de matériel change le type d'image produite. Oui, l'iPhone est moins bon qu'un reflex pro doté d'un téléobjectif pro. Qui doute de ça ?

Pourtant, dans cette histoire, il n'y a aucune raison de penser que c'est une "victoire" pour les tenants de l'iphonéographie, ou une défaite pour leurs opposants. C'est une défaite pour la photo, peu importe avec quel boîtier on la pratique.

D'ailleurs, si Alex Garcia, un des photographes, explique que virer l'équipe et demander aux journalistes d'utiliser un iPhone est une décision stupide, parce que le matériel "n'est pas à la hauteur", il parle surtout du fait qu'en virant ses photographes, de talent, le journal s'est privé de leur expérience, de leurs relations, de leur savoir-faire.

C'est ça la vraie perte, celle que le journal ne semble pas avoir estimé. Ou bien l'a-t-il fait et jugé que cela n'avait aucune importance ?

On est tous ces photographes. Pas besoin de photographes pour faire des photos. Pas besoin d'ouvriers pour faire des voitures. Pas besoin de profs pour enseigner. Pas besoin de journaliste pour écrire. Juste besoin de clients, et encore : on a surtout besoin de les revendre aux annonceurs.

Et on découvre, un peu inquiet et sonné qu'en fait on n'a jamais été qu'un presse-bouton, un bête rouage biologique, coincé dans un vaste système d'engrenages et de poulies qui ne fonctionne que pour lui-même, quelque chose qu'une machine peut remplacer avantageusement, à chaque bond technologique vers plus d'efficacité, plus d'automatisation, plus d'intelligence. Parce qu'on est là : remplacé par du hardware et du software, qui coûtent moins cher et qui sont supposés faire aussi bien. Si pas mieux que nous.

En ramenant la photo de presse à un simple cliché que presque n'importe qui est capable de faire; en se privant de "vrais" photographes — et pas parce qu'il choisit d'utiliser des iPhone au lieu de reflex pro — ce journal envoie un message assez triste : on se fiche de la qualité des images, n'importe quel cliché suffira. Si l'image est belle, tant mieux. Sinon... les lecteurs s'en fichent.

On le sait, la presse va mal. C'est la solution comptable qui prévaut : réduire les coûts. C'est-à-dire essayer de couler moins vite.

Mais cette décision envoie un autre message qui ne va pas aider à sauver le navire : nos images sont des images "à l'iPhone", comme vous en trouverez partout, peu importe qui appuie sur le bouton — puisque même les photographes qui s'étaient fait un nom ont été remerciés. Mais alors, pourquoi perdre du temps et de l'argent à ouvrir un journal qui ne propose rien de neuf ou de différent de tout ce qu'on voit ailleurs ?

Apprendre à lire une image, comme on lit un texte

Reste la question de savoir ce qu'est un photographe : presse-bouton, artiste ou auteur ? L'auteur, c'est celui qui écrit. Nous savons tous qu'écrire c'est du travail, parce que nous avons tous appris à lire et écrire. Qui parmi nous a appris à écrire ou à lire une image ? Pourtant, ça aiderait à distinguer entre un cliché et une photo intéressante.

Il suffit de regarder autour de nous : nous baignons dans une quasi parfaite inculture de l'image. Deux exemples que nous avons en permanence sous les yeux :

Les JT, la principale source d'info pour beaucoup, comme la plupart des journaux et des magazines sont bourrés d'images de peu d'intérêt — quand elles ne sont tout simplement pas complètement pourries. Certains magazines ne se posent plus de questions et n'illustrent leurs pages que via les banques d'images à quelques euros la photo ou l'illustration. Et pourquoi s'en priver ? Le lecteur ne voit pas la différence ou, s'il la voit, il ne proteste pas.

De plus en plus de fictions elles-mêmes et pas seulement les séries-B ou les TV films, semblent filmées sans aucun souci de travailler la lumière — photographier, ça vient du grec et ça signifie à peu près "dessiner avec la lumière", pas dessiner avec des pixels ou avec de l'argentique, ni dessiner avec de la profondeur de champ ou avec une longueur focale X ou Y, ni avec du bokeh, de la vitesse d'obturation ou encore du piqué : avec la lumière — et sans aucun effort de composition ou cadrage. Du moment que l'image bouge sans cesse, ça leur suffit : ça fait dynamique. Sans doute pour éviter que le spectateur ne s'endorme.

L'image est donc un produit jetable : vite photographiée, vite vue et vite oubliée. Et il n'y a pas de raison que ça change. Cette course à la médiocrité entretient elle-même l'inculture de l'image dans laquelle nous baignons — et entretient la paresse des lecteurs qui ont de moins en moins l'occasion de goûter à autre chose et de découvrir que faire un effort peut en valoir la peine.

Et après ?

Après les photographes, qui les journaux vont-ils jeter par-dessus bord pour se maintenir à flot ? Combien de temps les lecteurs accepteront-ils encore de lire/regarder une presse qui sonne de plus en plus creux et qui ressemble de plus en plus à une simple *photo*copie de communiqués de presse ?

avatar jarno24 | 
Nous sommes TOUS des indésirables en sursis.
avatar jarno24 | 
L'économie actuelle n'est pas libérale : en tout cas pas au sens que lui donnait Adam Smith. Pour le théoricien du libéralisme, l'économie libérale était un moyen d'affranchissement servant in fine au bonheur de tous. Nous vivons dans un système néo-libéral post-tatchérien, pour qui l'homme doit in fine servir l'économie. Il serait temps de comprendre que ce n'est plus un combat de la gauche contre la droite, mais de l'humanité contre un système fou.
avatar Founs | 
Personnellement, depuis que je sais ce qu'est une bonne photo j'en fais dix fois moins et suis long à la détente… Réponse à la question de ceux qui sont aussi en péril : les secrétaires de rédaction… Puisque l'inculture orthographique ne choque plus.
avatar gazobu | 
Et chez vous a MacGe, il vous reste au moins un canon ou un nikon ?!
avatar Hideyasu | 
"On est tous ces photographes. Pas besoin de photographes pour faire des photos. Pas besoin d'ouvriers pour faire des voitures. Pas besoin de profs pour enseigner. Pas besoin de journaliste pour écrire. Juste besoin de clients, et encore : on a surtout besoin de les revendre aux annonceurs." Avec ça, MacG a tout dit. Tristesse…
avatar PachaColbert | 
Il faut bien comprendre une chose. Ce n'est pas la photo prise qui compte, c'est la façon dont elle est recadrée qui compte, la façon dont elle est travaillée et présentée. C'est par le recadrage qu'on transforme la réalité en fiction. C'est là qu'est le pouvoir dans la presse : Celui qui dit, découper ce cliché comme cela et mettez le là dans l'article. On prend une photo de 20 bonhommes et on recadre et on fait croire qu'il y a des centaines de manifestants… C'est ça aussi la presse. Rien n'est innocent, tout est pensé à ce niveau. Le reste c'est du blabla…
avatar tigre2010 | 
À force de vouloir tout tirer vers le bas...il n'en restera plus rien...ah si. La légion.
avatar Billytyper2 | 
Merci pour cet bel article. Etant moi même un passionné de photographie, je n'utilise plus mon reflex sur pour des occasions exceptionnelles. Le reste du temps, mon iPhone 5 remplit bien ses fonctions. C'est mon compact qui secondait mon reflex qui est très poussiéreux... Sinon je suis abonné aussi à la revue Photo. Certains reportages photos de guerre ou humanitaires sont simplement sublimes. Mais malheureusement, comme dit dans l'article, je suis incapable d'en citer un nom. Loin est l'époque où on peut retenir un nom tel Capa, Doisneau, Cartier-Bressons... par exemple.
avatar macsilvio | 
Et vous à Macgé une grande partie de vos articles ne sont que des copier coller d'articles vu ailleurs dont une partie non négligeable ne sont que des rumeurs...
avatar popo69 | 
@totorino : Citer ses sources un truc rare en France dans la profession ça ne veut pas dire qu'on fait du copier coller
avatar star974 | 
Triste époque que celle dans laquelle nous vivons, celle de de l'aculture des masses. Tout doit être simplifié, formaté, prêt à ingurgiter et bien sûr banalisé, marchandisé. En poussant la réflexion à une échelle macroscopique et en voyant tout ce qu'il se passe à travers le monde, comment ne pas penser que l'humanité fonce droit dans le mur pied au plancher ?
avatar Shupa | 
Bel article, oui, mais erroné selon moi. La culture photographique se porte très bien, les caméras haut de gamme aussi, l'art photographique va très bien, mieux que jamais je dirai. Mais quand je lis Marianne, ou quoi que ce soit, sauf géo et quelques autres, ce n'est pas la qualité de l'image que je regade...
avatar Ellipse | 
Ne me dit pas que tu crois vraiment au bullshit marketing d'une boite comme Leica ? (Leica MM, ahah ?) Leica, ça fait longtemps qu'ils ne s'adressent plus aux photographes. Leur cible, ce sont les dentistes à la retraite qui font du tata ginette avec leur matos à 15k€. Vas faire un tour sur summilux pour rigoler. Les journalistes bossent en Canikon. Les photogs de mode bossent en MF, avec de l'Hasselblad ou du Phase One. Leica n'a de toute façon rien de comparable, pas même le S2.
avatar lol51 | 
Pourtant les photographes de presse ont toujours été des témoins à l'œil acéré du monde dans lequel ont vit, pas des illustrateurs, mais des révélateurs. les photo ne sont pas simplement faite pour "être jolie" comme dans Géo... ou comme pour de la photo de mode, qui n'a d'objet que l'esthétique.
avatar gimly54 | 
Aucune photo pour illustrer cette article ? J'ai arrêté au bout du troisième paragraphe... (Je rigole bien sûr)
avatar tipablo | 
Mentalité de blaireaux. "Parce que le public veut ça…" Et qui l'a décrété ? Ils n'iront plus très loin. Ou ils reviendront aux professionnels.
avatar alexandre.rs | 
Et bien sûr, le journal continuera d'être vendu au même prix.
avatar jibu | 
C'est pareil en tournage documentaire TV : il n'y a plus d'ingénieur du son, c'est le caméraman qui prend le son en même temps que l'image.
avatar SRC | 
J'avoue ne pas connaître le Chicago Sun Times. Doit pas être terrible... Mais leur décision est pour le moins édifiante. Merci pour ce bel article.
avatar murdok | 
Merci pour cet article.
avatar pr0de | 
Bon article, et je n'en pense pas moins. Pour moi, il faut éduquer à l'image, à lire et décrypter les images. Mais je suppose que si l'école apprenait aux enfants – futurs citoyens-con-sommateurs pour notre chère République – à lire les images, personne ne croirait plus aux bobards de la télévision ou des médias en général. Il n'y a rien de plus subversif que l'éducation à l'image.
avatar Mollaret | 
A part dans les revues spécialisées il n'y a jamais eu de belles photos dans les journaux, et si il y en avait les même qui déplorent le manque de photos de photographes seraient les premiers à dire que ces journaux auraient de belles photos pour pallier le manque de profondeur des articles ! La France est devenue tellement peureuse depuis qu'elle a refusé la mondialisation qu'elle ne se rend même pas compte que dans 2 générations on sera même rattrapé par les peuples du sud. Plutôt que de se lamenter sur ce monde qui n'emploie plus de photographes (ce qui n'est pas nouveau) on ferait mieux de se lamenter sur une France qui a loupé la conception et la fabrication des drones alors que l'on était parmi les meilleurs dans l'aviation, que l'on ne fait que de l'informatique low cost du style Archos, pas de téléphone, d' OS etc, et que dès que l'on veut faire quelque chose l'état omni présent met tous les batons dans les roues car ce n'est pas sa logique. Et pour ceux qui savent prendre des photos on peut faire de très bonnes photos avec l'iPhone qui est meilleur que beaucoup d'appareils "mini" dont se servaient il y a 20/30 ans les grands photo-reporters !!
avatar lol51 | 
On ne parle pas seulement de l'esthétique dans cet article. Les gens ont si peu de culture qu'ils assimilent les photo-reporters à des photographes de mode...
avatar calotype | 
Merci MacG pour cet article, moins intéressant pour le fait relaté que pour son analyse et le mouvement de fond qu'elle relève. Une excellente lecture pour ceux qui veulent comprendre plus avant : "Le Divin Marché" de Dany-Robert Dufour
avatar Arldon | 
Belle article sur un thème malheureusement trop récurrent...
avatar lol51 | 
Détruire de la qualité pour pérenniser une boite... tu vois loin...
avatar lol51 | 
t'es pas la moitié d'un mec qui a un quart de cervelle toi. Si tu ne trouves rien à comprendre dans une photographie, J'imagine que tes yeux ne te serve qu'à regarder et pas à voir. Une vache qui regarde passer les trains...
avatar lol51 | 
@Yyyes : Ils ne sont pas aux antipodes, ils sont tous en train de se dire que baisser la qualité augmentera leur revenus...
avatar gweggedex | 
Désolé d'introduire une petite voix discordante, mais le travail des moines copistes, aussi magnifique qu'il ait été, fut remplacé par l'imprimerie. Ce fut certainement une perte à court terme ( certain étaient de véritables artistes), mais vu d'aujourd'hui cela ne pose plus de question . La bonne question à se poser aujourd'hui ne serait elle pas : que devons nous inventer pour éviter de se retrouver dans 20 ans dans un pays musée pour touristes chinois ? Ceci dit merci à MacG d'ouvrir le débat.
avatar lol51 | 
Et il aura fallu attendre des années pour que la gravures sur plaque de métal redonne des images aux livres qui soit d'une qualité digne des plus grands enlumineurs, quant à la perte typographique même avec open type aujourd'hui, on a pas retrouvé la richesse du travail à la main. L'imprimerie a été une belle révolution mais les révolutions humaines se sont faite avec les mots et les idées qui ont été imprimés, du sens... De la qualité de pensée. Des siècles plus tard, les photographes dans l'imprimerie On permis de rajouter du sens, de révéler notre monde autrement que par les mots, une richesse qui a dépassée les manuscrits. Aujourd'hui l'industrie se rends compte qu'elle peut atteindre ses objectifs sans autant de qualité et en proposant des images vide de sens, voir des propos vide de tout intérêts. La question de la qualité est essentielle dans notre monde. Va-t-on sacrifier tous les savoir faire pour le rendement d'un profit financier ? Si la réponse est oui, autant tous sauter du world trade center.
avatar nessbeal | 
Abordé le thème de l’article est intéressant, mais je ne partage pas du tout l’analyse qui est faite par l’auteur. Actuellement, je regarde une très bonne série que je recommande à tous qui s’appelle Madmen. L’histoire se passe dans les années 60, période faste de la consommation, on suit les aventures de plusieurs personnes travaillant dans une agence de publicité. Il s’avère qu’à cette époque les publicités étaient réalisées entièrement en dessin. Les agences de publicité avaient en leur sein un département dédié à cette profession pour réaliser les visuels et les affiches publicitaires. D’ailleurs, on a tous en image en tête de ces affiches publicitaires de coca cola des années 60. Inutile de vous expliqués ce qu’il est advenu de cette profession au fil du temps dans ces agences... Il s’agit juste d’une logique évolution des choses. Critiquer la société comme le fait l’article est un peu disproportionné. La photographie devient quelque chose de purement artistique comme le dessin en son temps. Et alors ? Je trouve aussi complètement faux et injuste de dire : « Il suffit de regarder autour de nous : nous baignons dans une quasi parfaite inculture de l’image. » (sic) Je pense qu’au contraire notre génération l’a trop intégré. Le vrai problème c’est que la photographie s’est banalisée. Et que contrairement à la génération de mes parents il n’y a plus rien de magique dans le fait de prendre une photo. D’autres révolutions technologiques sont passées par là. Je pense qu’il est injuste de dire qu’il y a un appauvrissement général. Au contraire, le lecteur, spectateur est rompu aux codes visuels qu’utilise les professionnels de l’image. Dans ce cas comment expliquez-vous le succès d’instagram ? Les gens expriment toujours leurs intérêts pour la beauté de l’image abstrait ou artistique. Le succès de ce réseau social en est la preuve. Idem pour Flickr. Pour la vidéo, il suffit de voir le nombre important de courts métrages sur You Tube qui singe les mises en scène des films à gros budget. Le vrai problème c’est au contraire la vulgarisation de l’image. Alors qu’il fallait investir une somme conséquente dans un appareil photo réflexe, aujourd’hui un simple filtre d’une application photo permet d’obtenir ce résultat artistique. Bref, il y aurait beaucoup à dire sur le sujet, mais je pense que l’auteur est complètement passé à côté du sujet selon moi. Vraiment...
avatar lol51 | 
Parler d'instagram comme référence de l'intérêt de la photo artistique... drôle monde ou effectivement tout un chacun se prends à faire l'artiste et à se dire "rompu" au code de l'image... Alors que quasiment personne n'a conscience des effets koulechov qu'on se mange à tout bout de champ... Certes la photo c'est banalisée. mais la qualité de vision et la réflexion qui va avec, ça, on voudrait nous faire croire que c'est vendu avec la boite !
avatar lgda | 
@maleole : En effet l'exemple des forfait démontre l'attitude faux-cul ou inconsciente de beaucoup de consommateurs qui veulent toujours plus pour toujours moins chère, et se plaignent de la baisse de qualité.
avatar lol51 | 
Les gens ne réclameraient pas des prix moins cher s'il avaient plus d'argent. la destruction du travail entraine la destruction de valeur qui accélère la paupérisation.
avatar BeePotato | 
Tu as l'air de complètement occulter le rôle du consommateur dans la destruction d'emplois, pourtant il existe bel et bien. Les multinationales cherchent à maximiser leur profit ? Les patrons se foutent de leur employés ? Oui, sans doute dans une certaine mesure. Maintenant, dis-moi quelle est la différence fondamentale de logique entre "pour le même prix je peux avoir 10 ouvrier Chinois" et "pour le même prix, je peux avoir un téléphone et une télé en plus" ? Les consommateurs eux-même cherchent à avoir plus avec moins, et se foutent royalement de savoir qui travaille derrière. Certains préfèreraient que ce soit fabriqué en France ou au moins dans l'UE, mais l'idée de se restreindre un peu... non c'est trop demander. Eux aussi ils détruisent le pouvoir d'achat de leurs concitoyens ET leur modèle social par leurs choix de consommation. Relis les commentaires sur MacG/iGen dès qu'on parle d'une taxe : "c'est trop des cons les dirigeants, j'm'en fous, j'irais acheter en Suisse/en Belgique/au Luxembourg/sur Amazon UK". Et hop ! ils deviennent complices des états qui ont modèle de taxation intenable s'il se limitait à leur pays (mais qui fonctionne en aspirant les taxes qui devraient être payées ailleurs, grâce aux sièges bidon des sociétés qui fuient l'impôt). impôts qui pourtant financent les études de leurs enfants, leur santé, l'hôpital de leurs parents/grands-parents, payent l'entretient des égouts, des routes etc. Mais là encore, ils ont une réponse toute prête : c'est parce que c'est pas bien géré, c'est parce qu'ils sont nuls. Donc ça mérite bien qu'on évite de payer les taxes, et qu'on déséquilibre encore plus la situation. Et si le déséquilibre augmente... c'est parce qu'ils sont tous nuls, bien sûr. Et voilà, en combinant le tout c'est la faute des patrons et des politiques. Jamais celui des consommateurs qui participent au cercle qui conduit à la paupérisation. C'est bien pratique. -- p.s. : j'ai bien conscience que pour certains pans entiers de l'économie, le consommateur lambda ne peut avoir quasiment aucun poids. ça ne dédouane pas de tout pour autant.
avatar Spaam | 
Depuis quand un photographe de mode travail ai leica ??? Il y a peut être quelques exceptions (leica m8 ou 9, canon 1d ou nikon d3 ou d4) mais ils travaillent tous au moyen format avec dos numérique. Entre ce problème et ceux qui travaillent au noir et cassent les prix en détournant le statut d'auto-entrepreneur, les rédactions de certains magazines et offices de tourisme qui font des pseudo concours pour avoir les photos gratis, les rédactions de journaux qui ne mettent plus les noms des photographes à côté des photos publiées etc... le métier est entrain de mourir. Je plein les photographe auto entrepreneur sérieux et les artisans photographe...
avatar nessbeal | 
@ Elance Je comprends ce que tu veux dire mais les développeurs photo ? Tu en as pensé quoi de leurs disparitions ?
avatar lol51 | 
Personnellement je dirais qu'il n'y a pas à ce réjouir de voir un métier disparaitre. Mais quand il disparait avec en résultante une perte pour toute la société, c'est grave. Les enlumineurs on disparu avec l'imprimerie et le monde entier en a profité, même si la qualité artistique des manuscrits à été perdue. Ce que dit l'article, c'est que nous allons perdre, au delà de la qualité artistique de la photo de presse, une qualité de regard : le sens que l'on crée par le fait de prendre une photo. Et seul de bons photographes réussissent sur un événement à saisir cela. C'est dommageable à long terme pour tout le monde de le perdre.
avatar lgda | 
Ce mouvement a déjà été initié par les gratuits, des photos de banques d'images et maintenant les photos toutes pourries des lecteurs pour illustrer un fait-divers. Pour aller au bout de leur révolution les gratuits devraient introduire "le papier des lecteurs" pour les faits-divers dans un premier temps puis pour l'ensemble des rubriques ensuite. J'imagine le truc, "une info postée par Kevin de la Motte-Beuvron : ce matin en allant au travail j'ai vu du bas de ma rue un homme courir poursuivi par deux policiers, plus loin une voiture de police est arrivée et ils l'ont attrapé et plaqué au sol en criant "bouges plus, bouges plus". Ho là là c'était impressionnant. Ensuite je ne sais pas ce qu'il s'est passé car je devais aller travailler mais je penses qu'ils l'ont emmené au poste." Évidemment qu'avec l'arrivée des gratuits a la qualité de m. et la concurrence de l'info web tout gratuit mais non vérifié la presse écrite doit faire face à une rude concurrence. Pour cela il y a deux voies : le sérieux et la qualité ou la sous-enchère. Malheureusement nombre de journaux choisissent la sous-enchère. Le Chicago sun-times en est un parmi d'autres. Ce qu'on a redouté à l'arrivée des gratuits est en train de se confirmer, une baisse générale de la qualité pour réduire toujours plus les coûts, le journal n'ayant plus la mission d'informer mais étant devenu un produit consommable comme un autre dont il faut baisser les coûts de production pour marger au maximum. Les lecteurs suisse-romands auront reconnu de quoi je parle.
avatar code16 | 
Des exemples imagés auraient été les bienvenus ;-)
avatar ElGringo13 | 
Ah force de nourrir culturellement les gens avec de l inepte et du médiocre en permanence et dans tout les domaines ( litterature cine tv musique)il faut s attendre a ce que cela ce généralise et empire. De plus en plus de pub sont tournée au 5d par des photographes alors que photographe et real sont 2 métier bien différent et même certains plans de film ( oui je sais c est parfois plus simple et plus pratique pour certaines situation) Le niveau culturel serait il en baisse? Il est déjà pas loin des pâquerette. Pourquoi le dernier daft punk fait un carton? Parceque les générations actuelles n ont aucune référence de ce qui s est fait avant sinon au lieu de crier au génie ils crierai a l imitation
avatar star974 | 
@chrisann Je vous cite: "marchez de l'avant et pas en arrière". Marcher se fait forcément vers l'avant. Marcher en arrière, c'est reculer tout simplement. Vous avez raison, ne réfléchissons pas, continuons à avancer tête baisser vers ce mur qui se rapproche. Notre époque est forcément formidable et le passé, détestable. Notre belle époque qui a vu naître la mondialisation, véritable aubaine pour une poignée de privilégiés de se faire toujours plus d'argent au détriment des peuples et de l'environnement. Vous avez raison, que chacun ramène tout a soi et aille de l'avant.
avatar dragonrave | 
Excellent article de fond. Une fois de plus. Une autre excellente raison de rester sur MacG:)
avatar DELOS | 
Cet article mélange plusieurs sujets. Déjà, personne ne semble relever le caractère absurde de voir un article gratuit et sans photo (ici sur ce site) se plaindre que la presse payante a de plus en plus de mal à mettre des photos. c'est comme ça, les ruptures technologiques modifient l'ordre ancien, et il faut s'adapter ou périr. Les considérations d'ordre moral sont tout simplement hors sujet. Ensuite, croire qu'on ne peut pas faire de bonnes photos avec un iPhone, c'est bien une remarque de quelqu'un qui n'y connaît pas grand chose à la photographie. Allez voir sur Flickr, vous serez surpris de voir le nombre de photos faites avec un iPhone. Non, le vrai sujet, c'est: est ce que le savoir-faire d'un photographe est nécessaire dans un journal, à côté du savoir-faire du journaliste. Et : est-ce que le journaliste peut l'acquérir. Visiblement, la réponse de la direction, c'est que la différence de savoir-faire ne justifiait pas la différence de coût. Ou alors, que l'exigence de qualité secteur est trop faible. Ou bien, qu'en 2013, l'image est tellement banalisée que la photographie doit faire partie des compétences d'un journaliste. Dans tous les cas, les gémissements anti patron et anti système sont tout simplement pitoyables, c'est le monde où vous vivez, s'il ne vous plaît pas allez sur une île déserte. Ou changez-le, mais tout le monde n'est pas Steve Jobs.
avatar lol51 | 
Il ne s'agit pas de rupture technologique. l'iphone est là depuis des années et de très bon photographes l'utilise AUSSI. Comme vous dite le vrais sujet C'est le savoir faire du photographe, non en terme de technique, mais en terme de vision. La réponse de la rédaction du WS est de dire qu'ils n'ont besoin que d'illustrateurs-photographes, et pas de photographes de presse. La banalisation de l'image DANS LA PRESSE, c'est de la non-vision, de la non-pensée et finalement permettre aux cerveaux de n'avoir à réfléchir que comme des miroirs. Enfin, si vous trouvez des gémissements anti-patron dans ces commentaires, vous avez une compréhension assez spéciale ou une volonté de déformer les propos qui sont généralement tenu au fil de ces pages de façon à ce qu'ils se conforment à votre vision du monde. ici, tout le monde parle de qualité et de destruction de valeur. ça vous dérange ?
avatar Homer Simpson | 
"un freelance ne coûte pas cher". En France, il faut dire : "un auto-entrepreneur ne coûte pas cher"...

Pages

CONNEXION UTILISATEUR