iTunes Match : quid de la musique piratée ?
Sachant qu'iTunes Match, la fonctionnalité d'iCloud qui permettra de diffuser votre musique par le réseau, inspectera vos fichiers musicaux pour les identifier, PC INpact s'interroge concernant les fichiers piratés : iTunes Match traitera-t-il ces fichiers différemment ?
Techniquement parlant, iTunes Match utilisera la technologie d'identification MusicID de Gracenote (c'est du moins ce qu'indiquait un message sur page Facebook de Gracenote, depuis supprimé).
Pourquoi identifier la musique ? Cette méthode évite d'avoir à envoyer les fichiers qui se trouvent déjà en AAC 256 Kbps sur les serveurs d'Apple, permettant ainsi d'avoir l'essentiel, voire la totalité, de votre bibliothèque musicale dans le nuage en quelques minutes. Les fichiers dont Apple ne dispose pas seront quant à eux envoyés dans votre "casier virtuel".
Sans méthode de contrôle, certains y verraient un "blanchiment" de la musique piratée (lire Une première maison de disque s'oppose à iTunes Match).
Pourrait-on voir un système de vérification intégré à iTunes Match ? Pour déterminer la nature piratée d'un fichier, il faudrait disposer d'une base de donnée des fichiers illégaux partagés publiquement : si les fichiers obtenus depuis les plateformes légales n'intègrent plus de DRM, ils sont néanmoins marqués du compte utilisateur qui en a fait l'acquisition, mais les conditions d'utilisation vous permettent néanmoins de partager votre musique avec vos proche en toute légalité. Un fichier marqué d'un compte différent du vôtre n'est donc pas illégal par essence. Pour les MP3 réalisés à partir des CD du commerce et partagés illégalement, il peut être envisageable de les identifier avec un hachage de type signature MD5, bien qu'il existe une probabilité non nulle pour qu'un même fichier ait été réalisé avec la même source, puis compressé avec le même logiciel et avec les mêmes paramètres en toute légalité. Cependant si cette probabilité était très faible, (ce qui reste à déterminer), ces éléments pourraient suffire à identifier un fichier illégal, encore une fois en conservant son hachage dans une base de donnée.
Mais cela impliquerait de constituer cette base de donnée à partir de chaque version de chaque musique piratée, une tâche titanesque, et pour ainsi dire inenvisageable. Cependant, iTunes Match pourrait constituer une version allégée d'une telle base en notant ces éléments discriminants directement depuis les fichiers envoyés par les utilisateurs : si un même fichier est partagé à l'identique par une certaine masse critique d'utilisateurs, il est probablement piraté.
Une chose est sure, si Apple pourrait s'avérer en mesure de détecter les fichiers piratés, elle a d'ores et déjà indiqué que les données seraient envoyées de manière anonyme, iTunes Match ne sera donc pas un auxiliaire de police permettant de punir les fautifs, tout au plus le service pourrait-il refuser la validité de ces fichiers.
Par ailleurs, s'il est plus que concevable que les éditeurs de musique ont pu avoir ce type de velléités, on imagine assez mal qu'Apple se plie à ce type d'exigences : historiquement, la firme de Cupertino s'est toujours montrée bien plus encline à encourager la consommation légale qu'à combattre le piratage en tant que tel. Pour preuve, c'est elle qui a considérablement assoupli les restrictions des DRM du temps où les éditeurs ne pouvaient pas même envisager de s'en passer, au point de les rendre quasiment invisibles pour les utilisateurs. Par la suite, elle a également milité pour s'en défaire complètement, affichant une confiance indéfectible dans la probité des consommateurs, pour peu qu'on leur offre une alternative légale de qualité, ce à quoi elle s'est attelée du mieux possible.
D'autre part, iTunes Match intègre une réponse à cette problématique dans ses conditions mêmes : si l'envoi et la consultation des musiques préalablement achetées sur iTunes seront gratuits, il faudra cependant débourser 25 $ par an pour utiliser le service avec des musiques d'une autre provenance, permettant ainsi aux éditeurs de gagner un peu d'argent sur la musique piratée en elle-même, en échange d'une version de meilleure qualité pour l'utilisateur. Loin d'être un blanchiment, il s'agit plutôt d'une amnistie contre une modeste rétribution. D'autre part, ces musiques acquises en dehors d'iTunes devront se limiter à 25.000 unités, permettant ainsi d'éviter les abus tout en s'adressant aux férus de musique dotés d'une vaste collection légale.
PC INpact souligne d'ailleurs qu'Apple n'aurait non seulement guère d'intérêt à "fliquer" ses utilisateurs, mais qu'en outre elle devrait probablement faire face à une sérieuse controverse si par malheur elle s'y aventurait. Mais le simple désistement du label Numero Group (lire Une première maison de disques s'oppose à iTunes Match) est un indice probant, outre les conditions mêmes d'iTunes Match, qu'il n'est nullement question pour Apple d'agir de la sorte.