De façon régulière, des malandrins réussissent à passer entre les mailles du filet de l'App Store et proposent des apps qui semblent anodines, mais qui cachent en réalité des plateformes de streaming illégales, qui donnent par exemple accès aux catalogues de Netflix, Disney+ et d'autres sans devoir débourser un centime. Mais la justice s'en mêle.

Diverses organisations liées au cinéma — centre national du cinéma et de l’image animée (CNC), la Fédération nationale des éditeurs de films (FNEF), le syndicat de l’édition vidéo numérique (SEVN), etc. — viennent en effet d'obtenir le blocage des serveurs qui alimentent des apps connues comme Kayak, Micro Habits, Univers Note ou Salan Rice. Nos confrères de L'Informé expliquent que la justice a ordonné le blocage aux principaux opérateurs — Orange, Free, SFR, Bouygues — le 15 mai.

Le point intéressant, c'est que si Apple supprime évidemment les apps de ce type quand elles sont détectées (et médiatisées), elles continuent habituellement à fonctionner pour ceux qui possèdent déjà les apps. La solution de faire couper les serveurs1 est donc plus efficace que d'empêcher les utilisateurs de télécharger les apps, et Apple (ou Google) rechignent généralement à supprimer les apps à distance chez les utilisateurs. Selon nos constatations, les apps visées par la décision de justice ont bien disparu des App Store et celles dont nous avons parlé ne sont plus fonctionnelles, avec un message d'erreur indiquant qu'une mise à jour est prévue. Comme Apple a supprimé les apps de l'App Store, cette potentielle mise à jour semble étonnante. Soit le message est faux (ce qui est possible), soit les apps disposent de mécanismes de mise à jour en dehors de l'App Store, ce qui peut cacher des problèmes de sécurité.

Notons enfin, comme le note L'Informé, que le jeu du chat et de la souris n'est pas terminé : d'autres apps ont pris le relais. Ils citent par exemple Virt Partn, qui était encore disponible sur l'App Store hier soir et qui ne l'est plus ce matin. Sous ses faux airs d'app de rencontre, un simple code permet d'activer l'accès à une plateforme de streaming illégale, qui est encore utilisable. Comme souvent avec ce genre d'app, le code se trouve en quelques clics sur les réseaux sociaux ou sur des boucles Telegram dédiées. Étant donné les sommes en jeu pour les personnes qui développent ces apps (grâce à la publicité), il y a peu de chances qu'un blocage par la justice change quelque chose : c'est malheureusement probablement peine perdue, car les pirates ont un coup d'avance.
-
Le blocage s'effectue au niveau des serveurs DNS des opérateurs, ce qui ne coupe pas réellement les serveurs, mais empêche une partie significative des clients d'y accéder. ↩︎