Lors d’une récente interview, le patron d’Apple Music n’a pas mâché ses mots à l’égard de Spotify. « Je trouve ça fou qu’au bout de 20 ans, on continue toujours à proposer de la musique gratuitement, a asséné Oliver Schusser, dans une attaque à peine voilée vis-à-vis du numéro un du streaming. Je pense que c’est une terrible erreur. »
Et d’enfoncer le clou : « [À Apple], nous considérons la musique comme un art. Et jamais nous ne voudrions offrir de l’art gratuitement. » Ces déclarations incisives s’inscrivent dans un cadre particulier : Oliver Schusser était interrogé par le président de la National Music Publishers' Association (NMPA), qui représente les éditeurs américains de musique.
Alors que les montants reversés aux artistes par les services de streaming font toujours l’objet d’intenses débats, le patron d’Apple Music a rappelé la position (presque) unique de Cupertino dans le domaine. « Nous sommes le seul service qui n’a pas d’offre gratuite », a-t-il fait valoir, oubliant au passage Qobuz, Tidal et les mois d’abonnements gratuits distribués à la pelle.
Lorsqu’Oliver Schusser a évoqué le prix de l’abonnement à Apple Music, le président de la NMPA a glissé malicieusement qu’il espérait une augmentation. Qui dit abonnement plus cher, dit en effet plus de chance d’améliorer la rémunération des artistes.

Un utilisateur de Qobuz rapporte cinq fois plus qu’un utilisateur de Spotify
Mais le prix du forfait n’est pas le seul élément qui compte dans le financement de l’industrie musicale. Oliver Schusser a souligné les accords passés avec les ayants droit pour ajouter les paroles des morceaux à son service, et ce « à une époque où le modèle de licences pour les paroles n’était pas très clair, et où internet était rempli de paroles publiées sans autorisation. » Pour lui, la reconnaissance du travail des artistes passe aussi par leur identification : « Pour chaque chanson, nous proposons ses crédits. On peut consulter qui a écrit le morceau, où et quand il a été écrit, et qui l’a interprété ».
Le natif d’Allemagne a taclé Spotify à plusieurs reprises, en critiquant notamment la diversification du leader du secteur : « Alors que d’autres s’éloignent de la musique pour investir dans d’autres types de contenus et créer des sortes de supermarché de l’audio, chez Apple Music nous restons totalement concentrés sur la musique. » Une critique un peu facile : Apple Music peut évidemment se focaliser sur la musique quand Apple a d’autres services à part entière consacrés aux podcasts et aux livres audio.

Le responsable a aussi tenu à rassurer l’audience d’auteurs et de compositeurs concernant l’intelligence artificielle, une technologie qui peut être utilisée pour inonder les services de titres générés en un tournemain. Apple a mis au point des outils pour repérer les morceaux générés par IA et les retirer promptement.
Mais il voit aussi dans l’IA un moyen de proposer de nouvelles fonctionnalités, comme AutoMix sur iOS 26 qui enchaîne parfaitement deux morceaux ou la traduction des paroles pour le mode karaoké. « Et nous avons toujours des humains qui s’assurent que les paroles sont correctement traduites », a précisé Oliver Schusser.
Au bout du compte, le patron d’Apple Music a encore voulu faire passer l’idée que son service se démarquait des autres par la place accordée à l’humain :
Lorsque nous avons lancé Apple Music il y a 10 ans, nous étions inquiets, profondément inquiets que le streaming transforme la musique en un produit de consommation. […] C'est pourquoi nous avons lancé Apple Music Radio. […] C’est vraiment l'endroit où les artistes peuvent venir rencontrer nos équipes, nos créatifs, et créer du contenu, que ce soit une émission de radio ou une interview.
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