L'initiative de Free de proposer un VPN gratuit avec ses offres mobiles ne plaît pas à tout le monde. Nous ne parlons pas ici des vidéastes qui voient arriver une concurrence locale et gratuite à Nord VPN, mais bien des hommes politiques et d'associations. En effet, le mVPN permet en pratique de contourner une des mesures mises en place pour limiter l'accès aux sites pornographiques aux mineurs. En permettant aux utilisateurs de Free Mobile d'obtenir une IP localisée dans un autre pays d'Europe, le mVPN permet « par hasard » d'éviter de fournir des informations aux sites en question, qui doivent vérifier l'âge des personnes qui se connectent depuis la France.
Le député Thierry Sother a indiqué avoir saisi l'Arcom à ce sujet, car il considère que le service permet à des mineurs de contourner les restrictions d'âges mises en place en France. La réponse de Free, donnée par Le Monde, est que seule une personne majeure peut activer le VPN intégré, et que l'opérateur n'encourage aucun usage en particulier, car il a une obligation de neutralité. Dans la même veine, Olivier Gérard — coordonnateur à l’Union nationale des associations familiale (Unaf) — explique ceci : « Free présente, à juste titre, ce VPN comme un outil de sécurisation des pratiques numériques ; on dit aux parents que pour sécuriser la navigation de leurs enfants, ils doivent leur permettre de contourner les interdits. » Plus largement, la possibilité de contourner les restrictions d'âge est évidemment mal vue par les personnes qui ont décidé de mettre en place ces restrictions.
Le mVPN n'est pas anonyme
Si c'est une évidence pour certains, ce n'est pas le cas pour d’autres : le mVPN de Free Mobile ne peut pas vous anonymiser. Dans le meilleur des cas, le site auquel vous vous connectez ne peut pas déterminer que vous êtes un abonné Free Mobile, mais c'est à peu près tout. Comme le rappelle Bluetouff, les VPN qui promettent de ne pas enregistrer de logs (c'est-à-dire de journaux de connexion) tendent à mentir ou tout du moins maquiller la réalité. Dans le cas du mVPN de Free Mobile, la question de l'anonymat ne se pose évidemment pas : c'est l'opérateur lui-même qui s'occupe de la liaison, avec des serveurs qui appartiennent à Iliad. Comme l'indique Next, le point de sortie en Italie appartient par exemple à Iliad Italia. La navigation n'est donc pas anonyme et tout ce que vous pourriez faire illégalement avec ce mVPN sera bien lié à votre compte.
Free Mobile inclut un VPN gratuit, qui permet par hasard de contourner le blocage anti-porno
Notons par ailleurs qu'un des usages courants d'un VPN, la possibilité de sécuriser une connexion sur un Wi-Fi public, n'est pas envisageable avec le mVPN de Free. En effet, le mVPN ne fonctionne que sur une connexion Free Mobile, et uniquement en France. Il n'est pas possible de l'activer pour une connexion en Wi-Fi, étant donné qu'il est mis en place au niveau du réseau mobile et pas sur le smartphone ou l'ordinateur.
Une protection fournie par DNS4EU
Lors de leurs essais, nos confrères de Next ont aussi pu vérifier un point intéressant : la « protection renforcée contre les contenus frauduleux et malveillants » repose sur les résolveurs DNS de DS4EU. cette initiative de la Commission européenne propose différents résolveurs DNS ouverts, que vous pouvez employer avec n'importe quel appareil qui permet de modifier l'adresse IP des serveurs. C'est la variante Protective resolution qui est mise en place, qui intègre une protection contre les sites frauduleux identifiés. Free Mobile n'a pas choisi la variante Protective resolution with child. Comme par hasard…
DNS4EU, un nouveau résolveur DNS public et européen
