Carbon de Rio

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Il y a quelques semaines, lorsque Rio présentait le Carbon, la presse, voyant poindre un potentiel rival au baladeur d'Apple, l'avait aussitôt qualifié d'"iPod mini killer". Un départ en fanfare certes, mais avec un défi de taille à réussir, dépasser sinon égaler le best-seller de la catégorie. Nous vous proposerons donc dans ce labo de découvrir le Carbon en faisant abstraction de la concurrence pour évaluer ses qualités intrinsèques, avant de conclure sur des comparaisons.

Vraiment minuscule

La première chose qui frappe, lorsque l'on déballe le Carbon de Rio, c'est sa taille. Il ressemblerait presque à un lecteur MP3 à mémoire flash, mais ne nous trompons pas, c'est bien un disque dur Seagate de 5 Go qu'il renferme. Autre bonne surprise, son poids de 90.7 grammes, car on aurait pu craindre que sa miniaturisation l'oblige à une forte densité. Il n'en est rien, et le Carbon demeure un baladeur très discret et facilement transportable dans la poche du pantalon ou de la chemise. L'objet est esthétique : la face avant superpose différents tons de métal, mat ou chromé, cerclant l'écran LCD monochrome de 3.2 cm de diagonale orné du logo du fabricant. La face arrière est toute de métal vêtu, précisons déjà aux maniaques que les traces de doigts y seront inévitables (comme sur l'iPod d'ailleurs). Pour ne rien gâcher, la mise sous tension de l'appareil fait apparaître un rétro-éclairage du plus bel effet de couleur rouge sous le logo et les boutons du baladeur. Il est possible de désactiver cette option pour préserver la batterie. Celui-ci disparaît ensuite progressivement. La tranche du baladeur est faite en partie de caoutchouc gris qui, s'il protège en partie le baladeur des chocs, donnera au Carbon des angles saillants et assez inconfortables pour la prise en main à la face inférieure. Les boutons de navigation sont répartis sur le baladeur, au dessus pour la mise sous tension et la molette de navigation, et sur la face avant pour les contrôles de lecture : pause, avance et retour rapide, arrêt. Au centre, le bouton de sélection des options et des chansons. L'ergonomie du Carbon est réussie (si l'on excepte l'angle saillant de la face inférieure), on l'a bien en main. Il est pilotable d'une seule main grâce à la proximité de la roulette de défilement et du bouton de sélection des menus. Pour procéder à une sélection, il suffit de cliquer légèrement sur la roulette. Sur ce point, le Carbon est l'un des seuls baladeurs que nous ayons pu tester à proposer une ergonomie et une maniabilité satisfaisante. La roulette tactile et cliquable de l'iPod étant un modèle déposé, Apple oblige ses concurrents à développer d'autres solutions, et force est de constater que la réussite est rarement au rendez-vous.

La petite taille du Carbon à sans doute contraint Rio à opter pour un écran tout aussi petit. La taille des caractères est réduite mais reste fort lisible. Là encore, Rio a réussi à concilier miniaturisation et ergonomie : les menus alternent avec succès entre onglets et affichage par liste, quelques minutes suffiront à un utilisateur novice pour se familiariser avec le baladeur et utiliser la totalité de ses options. Petit bémol toutefois sur le logiciel interne du Rio, lorsqu'un artiste est sélectionné et que l'on écoute ses chansons, un retour au menu principal place obligatoirement le curseur sur la valeur par défaut ou le début de la liste. Il faudra alors systématiquement refaire défiler les noms d'artistes et les titres d'albums pour sélectionner la chanson de son choix. Un réel problème si on aime écouter Zucchero...

Power...


Les écouteurs fournis avec le Carbon sont tout ce qu'il y a de plus banals, recouverts de mousse noire, avec un câble assez court (1 mètre) ne laissant pas beaucoup de marge pour certains types d'utilisation. Le rendu sonore des écouteurs n'est pas fabuleux, les basses sont mal définies et les membranes saturent rapidement. On préférera rapidement un casque de tierce partie pour tirer avantage du Carbon. À ce propos, on relève que le connecteur mini-jack, qui affleure de la coque métallique du Carbon sans isolation particulière, pourra générer des courts-circuits avec la fiche de certains casques entrant en contact avec le métal et générer des parasites. Nous avons pu vérifier ce dysfonctionnement avec deux casques Sony et EuropSonic. Il ne reste plus qu'à s'armer de Chaterton pour pallier à ce problème.

Le Carbon est équipé de toutes les options connexes que l'on retrouve sur le marché. Il se comporte en Dictaphone puis permet de retrouver les enregistrements vocaux dans une arborescence. Pendant l'écoute de chansons, il est possible d'affecter des signets à un endroit particulier que l'on affectionne ou que l'on souhaite retrouver rapidement. Dans les nombreuses options réglables par une pression prolongée sur la roulette de défilement, il est possible d'afficher le temps restant, la date et l'heure, le genre, le type, la qualité d'encodage et la taille du fichier en cours de lecture. Plus anecdotique, le Carbon fait office de minuteur. Il est également possible de visualiser l'espace disque restant et le nombre de titres embarqués.

L'interface utilisateur du Carbon est donc plutôt satisfaisante et facile à prendre en main. Elle manque hélas cruellement de réactivité. Un baladeur MP3 doit pouvoir être dégainé au détour d'un couloir de métro, éteint le temps de décrocher son téléphone portable ou acheter une revue, puis rallumé aussi rapidement pour reprendre ses activités en musique. La mise sous tension du Carbon est longue, 10 secondes, puis le temps écoulé entre la sélection d'une chanson et sa lecture oscille entre 2 et 5 secondes. Il faudra également patienter pour accéder aux signets ou aux enregistrements vocaux. Certes, il ne s'agit là que de courts instants qui ne perturbent pas la convivialité du Carbon, mais à répétition ce manque de réactivité perturbera celui qui souhaitera avoir une utilisation frénétique de sa bibliothèque musicale.

Côté autonomie, le Carbon marque encore des points, avec une capacité annoncée de 20 heures. Lors de nos tests, l'autonomie du baladeur s'approche plutôt des seize heures en lecture et volume normaux avec accès fréquents aux options, ce qui reste très honorable. Encore une fois, la miniaturisation ne s'est pas faite au détriment des performances.

Copain avec tous les ordinateurs

Le Carbon est équipé d'un port USB 2.0 et est livré avec le câble nécessaire à sa connexion avec l'ordinateur. Une fois relié, le Carbon se comporte comme un disque dur externe, sans installation de pilote particulier. Sur ce point, Rio a été inspiré de jouer la facilité, ce qui permet au Carbon d'être compatible avec les Mac comme avec les PC. Un CD fourni permet d'installer le logiciel Rio Music Manager sur PC (en anglais seulement) et un plug-in pour iTunes sur Mac. L'intégration logicielle est très réussie avec l'une ou l'autre solution et l'organisation ou le transfert des fichiers se fera très simplement. Le Carbon, compatible avec les fichiers MP3, WMA et Audible, supporte aussi bien l'USB 2.0 que l'USB 1.1, et l'appareil se recharge automatiquement dès la connexion sur l'ordinateur avec les deux protocoles. À ceci prêt que la vitesse du premier sera préférable à celle du second. Mais on pourra faire encore plus simple et rapide, il suffit en effet de glisser les fichiers audio à la racine du baladeur, seuls ou groupés et classés par dossiers. Ce dernier, à la première mise en marche, procédera à une intégration des morceaux pour les ordonner et proposer une arborescence de navigation. Sur ce dernier point, on aura remarqué que le Carbon n'interdit pas l'importation des fichiers dans le sens baladeur > ordinateur (contrairement à l'iPod), ce qui ne doit pas forcément plaire aux majors de l'industrie du disque, mais l'utilisateur n'en a cure et il préférera la simplicité aux restrictions.

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Petit détail qui ravira les utilisateurs d'Airport Express, le Carbon se recharge également sur le port USB de la borne.

En conclusion

Incontestablement, Rio vient de signer, avec le Carbon, un excellent produit. À un détail près, nous ne saurions que conseiller à ceux qui recherchent un baladeur de ce type de foncer, il s'agit là d'une très bonne solution pour qui souhaite avoir avec soi sa musique, dans un appareil aux dimensions idéales pour une quête d'extrême mobilité. Mais il y a un détail... c'est l'iPod mini. Impossible, au moment d'acheter, de ne pas se trouver indécis face à l'incontestable réussite du baladeur d'Apple. En quelques points, voici des arguments de comparaison qui permettront d'arrêter son choix. Coté design, le Carbon et l'iPod mini font jeu égal. Les questions d'esthétique étant toujours subjectives, on constatera que ni l'un ni l'autre ne présentent de défauts sur ce point, leur fabricants ayant attaché le plus grand soin à la qualité de leur finition.

Avec un encombrement (90.7 grammes pour le Carbon et 107 grammes pour l'iPod mini) légèrement plus large à la base, aussi fin mais beaucoup plus ramassé sur la hauteur que l'iPod mini, le Carbon se glissera encore plus facilement dans les poches. Côté interface et ergonomie, l'iPod mini prend le pas sur le Carbon, qui, bien que remarquablement conçu, ne pourra rivaliser d'aisance avec la roulette tactile d'Apple et son système de navigation déposé. Quant à l'autonomie, le Carbon l'emporte sur l'iPod mini, avec près du double de longévité pour ses batteries. La taille du disque dur du Carbon est également plus large (5 Go qui une fois formatés permettent de stoker 4.64 Go de musique contre 4 Go pour l'iPod mini. Le Carbon n'est compatible qu'avec l'USB 2.0 lorsque son concurrent fonctionne avec le FireWire et l'USB 2.0 (un détail qui aura son importance lors de l'utilisation de ces produits avec d'anciens Mac). Tous deux sont cependant rétro-compatibles avec l'USB 1.1.

Le Carbon lit les fichiers MP3, WMA et Audible, lorsque l'iPod mini s'accommode de l'AAC, du MP3, de l'Audible, de l'AIFF, du WAV ou du format sans pertes Apple Lossless. Plus qu'une histoire de formats que pourrait résoudre le seul standard généraliste MP3, le choix du Carbon destine l'utilisateur à l'ensemble des magasins de musique en ligne (Connect, MSN Music...) mais interdit l'accès à l'iTunes Music Store, avec lequel seul l'iPod (et l'iPod mini) est compatible. On regrettera toutefois quelques détails dans l'utilisation du Carbon, comme l'absence de listes de lectures dynamiques à créer "au feeling" directement depuis le baladeur, ou encore un très léger sifflement lorsque le disque dur est sollicité (mise sous tension, importation de musique...). Le prix étant sensiblement le même pour ces deux produits, il ne reste plus qu'à faire un choix cornélien...

avatar tifilou68 | 
"Plus anecdotique, le Carbon fait office de minuteur." Maintenant que vous le ditent, c'est vrai que de façe il ressemble un peu à un "œuf-minuteur" :D
avatar Jitav | 
Ma musique est en AAC... donc, aurevoir Carbon.... 2Bad
avatar arekusandoro | 
( du Carbon destine l'utilisateur à l'ensemble des magasins de musique en ligne (Connect, MSN Music...) mais interdit l'accès à l'iTunes Music Store, ) Adieu Carbon, connect et msn music ne fonctionne pas sous mac!!!!!
avatar bill | 
C'est normal qu'elles soient floues, le photographe est quelqu'un de nerveux. Ce n'est pas bien de se ronger les ongles (pauvre pouce) ! :)
avatar Tyrael | 
C'est un peu stupide de dire qu'en choississant le format AAC et les DRM d'Apple on est enfermés : 1- Tous mes vieux CD sont rippés en AAC ou MP3 sans DRM et ça représente 80 % de la musique sur mon ordi. Il m'arrive encore (eh, oui) d'aller acheter un CD indisponible en ligne et le ripper (qq minutes tout en écoutant les morceaux). Où est la contrainte. 2- L'iTMS représente 60 à 70% des morceaux musicaux dématérialisés vendus en ligne et le WMA à peine 30% (faut pas oublier l'Atrac de Sony) : choisir autre chose qu'un iPod signifie se fermer encore plus de choix. D'ailleurs l'iPod accepte MP3, AAC, AIFF, WAV et Apple Lossless... 3- L'ACC (indépendamment de l'histoire des DRMs d'Apple) est un standard composant le MP4, le WMA reste encore un format propriétaire. Il me semble d'ailleurs qu'il se voit même attribuer des DRM différents (Janus de Microsoft vs Hélix pour Real) ce qui en fait, pratiquement plusieurs sous formats dans les faits. Bref, l'histoire de la plateforme trop fermée de l'iPod+AAC n'est qu'une partie de la vérité, l'autre étant que le format concurrent (WMA) et les players qui l'utilisent restreignent encore plus le choix... Et je ne parle pas de certains magasins de musique en ligne artificiellement incompatibles avec les Macs.

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