Avant son acquisition par Audio Partnership, Cambridge Audio était réputée pour le design et le son de ses produits hi-fi. Depuis, la société britannique s’est cantonnée à l’entrée de gamme, pour ne reprendre du galon que très récemment. À la croisée de ces deux chemins, l’Air 100 est une enceinte sans-fil qui se veut d’une aussi bonne qualité que son prix est raisonnable. Est-ce vraiment le cas ? La réponse dans notre test.
Sans-fil, l’Air 100 ne l’est pas tout à fait : dépourvue de batterie, elle doit être reliée au secteur. C’est donc une enceinte de salon, un gros pavé de 35 cm sur 18 pesant plus de 4 kg. Recouverte d’un plastique brillant noir ou blanc et cerclée de métal, elle n’est ni particulièrement attractive, ni franchement repoussante. Elle est fade et insipide, passe-partout en somme, ce qui peut être tout autant un inconvénient qu’un avantage.
C’est au dos que l’on trouve les éléments les plus intéressants de l’Air 100, comme ces entrées jack 3,5 mm et RCA devenues bien rares alors qu’elles sont toujours aussi utiles, et un port Ethernet. Celui-ci n’est pas nécessaire au paramétrage de l’enceinte : au premier démarrage, elle diffuse son propre réseau Wi-Fi, qui permet d’accéder à une page de réglages. Une fois l’Air 100 connectée au réseau domestique, avec ou sans-fil donc, elle est disponible dans la liste des récepteurs AirPlay.
L’Air 100 renferme deux haut-parleurs de 10 cm d’une puissance combinée de 100 W utilisant la technologie Balanced Mode Radiator (BMR). Cambridge Audio assure que « les haut-parleurs BMR délivrent un son plus ample que des haut-parleurs de taille comparable » grâce à leurs mouvements longitudinaux. C’est incontestable, l’Air 100 « sonne plus grand » qu’elle ne paraît, mais on ne peut pas pour autant dire qu’elle offre une scène aussi ample qu’un système à deux voies véritablement séparées.
Le système BMR ne peut pas faire oublier que l’Air 100 est une enceinte tout-en-un. Sur ce point, il est moins convaincant que la construction 360° de la Libratone Zipp, qui offre un son plus « enveloppant ». L’enceinte de Cambridge Audio est plus comparable à la Bowers & Wilkins Z2, qui possède comme elle un évent bass reflex légèrement sous-dimensionné.
Car l’Air 100 ne manque pas de basses — mieux vaut d’ailleurs ne pas pousser son potard de réglages des graves, sauf à aimer la bouillie sonore. C’est une enceinte joyeuse et pêchue, tout à fait capable de sonoriser un grand appartement, mais qui sait aussi se montrer subtile et précise. Ce n’est pas un de ces produits hi-fi qui ont fait la réputation de Cambridge Audio, pas avec ces médiums un peu en retrait, mais elle est fort agréable.
Reste que son caractère dépend en partie de la connexion choisie, AirPlay ou Bluetooth. Rien à redire côté AirPlay, qui assure une transmission parfaite et une qualité maximale. Les choses sont un peu plus complexes avec le Bluetooth. Beaucoup, même, l’Air 100 prenant en charge trois codecs très différents :
- le SBC, universel mais de piètre qualité ;
- l’aptX, peu répandu mais de bonne qualité ;
- l’AAC, réservé aux appareils Apple et de très bonne qualité.
Avec un iPhone ou un Mac sous OS X Yosemite, l’AAC est un choix logique : le signal est transmis directement de l’appareil à l’enceinte, sans transcodage. Sauf que les appareils iOS ont tendance à vouloir diffuser en SBC plutôt qu’en AAC, allez savoir pourquoi. Aucun des Mac testés n’a voulu diffuser en AAC, même en forçant la transmission avec un outil fourni par Apple.
Reste l’aptX… qui n’est pas géré par iOS. Tous les Mac de moins de cinq ans le prennent en charge, mais restent en SBC s’ils sont déjà connectés à deux autres périphériques Bluetooth, bande passante oblige. La qualité est alors raisonnable, mais si l’on écoute des fichiers lossless, on entend clairement la différence avec AirPlay. Pire : la connexion n’est pas toujours très stable.
Bref, si vous avez un appareil Apple, restez-en à AirPlay, seule technologie capable d’assurer une transmission fiable et fidèle. Si vous avez un PC ou un appareil Android, rien ne sert d’acheter l’Air 100 : sa cousine sans AirPlay, la Bluetone 100, sera plus adaptée. L’enceinte de Cambridge Audio peut aussi diffuser de la musique en toute indépendance, celle des 20 000 radios auxquelles elle peut se connecter.
L’application Minx Air permet d’assigner une station à chacun des cinq boutons de raccourci sur l’enceinte, ou d’en diffuser d’autres. On aurait préféré que l’Air 100 intègre Spotify Connect ou Deezer Premium, qui offrent une bien meilleure qualité sonore. Allez, c’est au moins un pis-aller qui évite de tirer le téléphone de sa poche lorsque l’on veut se détendre ou cuisiner en musique.
À 299 €, il serait difficile de défendre l’Air 100 face à une enceinte comme la Bower & Wilkins Z2, qui lui est très similaire mais vaut 100 € de moins. Heureusement, on la trouve aujourd’hui à 219 € — et à ce prix là, elle se défend de manière tout à fait honorable grâce à un son ample et riche, de multiples options de connexion, des entrées supplémentaires, et un accès aux radios internet. Ce n’est pas du grand Cambridge Audio des années 1970, mais c’est clairement une option à considérer si vous rechercherez une enceinte AirPlay à prix raisonnable.