À l'heure où on s'interroge sur l'obsolescence programmée, le cas du HomePod est intéressant à plus d'un titre. Pour son évolution, l'enceinte connectée repose en effet entièrement sur la bonne volonté d'Apple. De plus, c'est la première génération d'une toute nouvelle catégorie de produits : sitôt acheté, déjà menacé ?
Le HomePod est un appareil qui ne se cache pas derrière son petit doigt : plus qu'aucun autre produit Apple, il s'appuie quasi exclusivement sur l'écosystème du constructeur pour son bon fonctionnement. On peut aussi y écouter tous les services de streaming concurrents d'Apple Music, avec AirPlay.

Mais pour le reste, la configuration et le contrôle du HomePod s'appuient sur l'iPhone et sur Siri bien évidemment. Si demain Apple venait à se désintéresser de ce marché (ou à fermer boutique, sait-on jamais), le HomePod n'aurait-il plus comme vocation que de se transformer en cale-porte de luxe (ou en grattoir pour chat) ? On peut en douter.
L'iPod Hi-Fi, précédente tentative d'Apple de se faire un nom dans le milieu de l'enceinte audio, fonctionne toujours aujourd'hui malgré son abandon un an après son lancement. L'appareil embarque en effet une entrée audio 3,5 mm sur laquelle on peut brancher toutes sortes de sources audio.

Le HomePod n'a absolument aucun port à disposition, si ce n'est celui de l'alimentation. S'il intègre le support du Bluetooth 5.0, sa connexion avec le reste du monde et le transport de la musique ne se réalisent qu'avec le Wi-Fi. Le HomePod est compatible avec le 802.11ac MIMO, ce qui est aussi le cas des iPhone depuis l'iPhone 6s.
Le HomePod est un ordinateur audio, mais c'est d'abord et avant tout une enceinte et faire l'impasse sur deux des principales technologies de transport du son (jack et Bluetooth) relève une volonté très nette d'Apple de s'inscrire dans l'avenir de la musique (et même son présent) : le streaming.
Dans ce domaine, Apple a prouvé s'il en était besoin son engagement derrière Apple Music, qui continue d'engranger les abonnés à un rythme soutenu (le seuil des 40 millions d'abonnés a été franchi en avril). Spotify, YouTube Music et les autres peuvent bien disparaitre : Apple a les reins suffisamment solides pour investir des ressources considérables dans son service.

On ne se fait donc guère de souci pour le principal fournisseur de musique du HomePod. Mais technologiquement parlant, le HomePod est-il suffisamment armé pour tenir plusieurs années sans passer par la case renouvellement de matériel ? Une question bien légitime au vu du prix de l'appareil.
On serait tenté de penser que oui. Alors évidemment, il y a le précédent de l'Apple Watch de 2015 interdite de watchOS 5 ; et plus largement, la première génération de produits Apple n'a pas une très bonne réputation pour ce qui concerne leur support dans le temps.
Les tout premiers iPhone et iPad ont été supportés pendant respectivement trois et deux ans avant d'être remisés sur les étagères d'Apple. En ira-t-il de même pour le HomePod ? Même si le constructeur n'a pas très bonne réputation avec ses premières générations, le HomePod pourrait s'éviter ce destin funeste.
D'une, son fonctionnement repose sur AirPlay, une technologie apparue en 2004 sous le nom d'AirTunes et qui a essaimé largement au-delà des appareils du constructeur (HTC a une poignée de smartphones compatibles), et surtout dans les applications.

Contrairement à ce qu'on entend parfois, il est ainsi possible de diffuser sur le HomePod tous les services de streaming, qu'il s'agisse de Spotify, Deezer, YouTube Music… Il suffit de sélectionner l'enceinte dans le lecteur de musique d'iOS et AirPlay fait le reste. Solide, efficace et simple, cette technologie est véritablement increvable, on voit mal comment elle pourrait disparaitre de si tôt.
Avec la mise en route d'AirPlay 2, Apple a posé les bases d'une technologie qui durera vraisemblablement de nombreuses années — et on voit mal comment, du jour au lendemain, le HomePod cessera d'être compatible avec cette technologie.
Il en va de même pour un autre produit Wi-Fi d'Apple qu'on pensait enterré : la petite borne AirPort Express pourrait bien rejoindre la cohorte de produits compatibles AirPlay 2. Elle ne cesse en effet d'apparaitre dans l'app Maison depuis quelques bêtas d'iOS.

L'autre technologie sur laquelle repose le HomePod, c'est Siri bien sûr. Et dans ce domaine aussi, l'espoir fait vivre. En fait, Siri est le dernier service encore à jour sur le vénérable iPhone 4s qui en est resté à iOS 9.3.5 ! Les actions disponibles aujourd'hui sur un iPhone X sont tout aussi possibles à réaliser sur l'aïeul.

Même si l'iPhone 4s est complètement dépassé avec ses 7 ans d'âge, et qu'il faut prendre son mal en patience avec Siri, il n'empêche que l'assistant demeure actif et complètement fonctionnel. Et pour cause, Siri n'est qu'une interface, le gros du travail est effectué côté serveurs. De bon augure pour le contrôle vocal du HomePod…
La fermeture toute relative du HomePod ainsi que l'éventail limité de ses fonctions pourraient paradoxalement être le gage de sa longévité future. Les technologies sur lesquelles repose l'enceinte (le streaming, le Wi-Fi et Siri) vont sans nul doute continuer à faire l'objet de tous les investissements de la part d'Apple.

Et puis même quand un appareil est trop vieux pour recevoir une mise à jour, cela ne l'empêche pas de fonctionner : l'Apple Watch Series 0 privée de watchOS 5 n'en restera pas moins capable d'afficher l'heure et d'accomplir toutes les tâches dont elle est capable aujourd'hui. Même notre bon vieux iPhone 4s peut toujours rendre quelques services…