Hachette v Amazon : les auteurs rentrent dans la bagarre

Mickaël Bazoge |

Le ton monte encore entre Amazon et Hachette, le premier cherchant à augmenter la marge qu'il réalise sur les livres de la maison d'édition vendus en ligne (soit 50% au lieu des 30% habituels). Le distributeur agit ici comme un supermarché standard qui joue de toutes les ficelles commerciales pour pousser ses fournisseurs à baisser leurs prix : précommandes impossibles, stocks réduits, long temps d'attente pour recevoir les bouquins achetés en ligne (lire : Livre numérique : Amazon joue à un jeu dangereux avec Hachette). Exception faite que ce sont désormais les fournisseurs du fournisseur, à savoir les auteurs eux-mêmes, qui se rebiffent.

900 écrivains, parmi lesquels Stephen King ou John Grisham, ont signé une lettre ouverte à paraître dans le New York Times. Le Guardian anglais a pu s'entretenir avec Douglas Preston, auteur américain à l'origine de cette initiative. « Nous nous sentons trahis parce que nous avons aidé Amazon à devenir une des plus importantes entreprises au monde. Nous l'avons encouragé dès le départ, nous y avons contribué avec des blogs gratuits, des commentaires et toutes sortes de choses qu'Amazon nous a demandées sans aucune rétribution ». Tout cela n'a servi à rien : « Nous pensions avoir un assez bon partenariat mais ces cinq dernières années, le comportement d'Amazon ne tient plus compte des auteurs ».

Si les auteurs signataires veulent voir Amazon réussir en tant qu'entreprise (c'est aussi dans leur intérêt que la société vende beaucoup de livres), ils refusent de subir les conséquences d'une affaire qui ne les concerne pas. Amazon a déjà répondu aux allégations de cette lettre en s'attaquant directement à Preston, qui « devrait écouter les lecteurs » : « [Ils] ont clairement choisi les livres numériques à moins de 10$. Même quatre ans après que les lecteurs aient exprimé cette préférence, M. Preston leur répond publiquement : "Le sens du droit du consommateur américain est absolument étonnant". (…) Ce qui est "étonnant" est qu'il pense que les lecteurs ne vont pas reconnaître un opportuniste qui cherche leur soutien tout en travaillant activement contre leurs intérêts ». Amazon, fort de sa position sur le marché, va donc continuer de jouer les gros bras contre Hachette et tous les éditeurs qui ne voudront pas plier contre sa volonté, et ce sans ménager une certaine brutalité.

La situation de monopsone d'Amazon, dans lequel l'entreprise n'écrase pas tout le marché mais est trop puissant pour qu'un concurrent crédible puisse proposer mieux, est un piège dans lequel sont tombées les maisons d'édition — et la condamnation d'Apple pour entente sur les prix, certes justifiée par les pratiques du constructeur et des éditeurs, empêche la Pomme de batailler sur ce front (Apple cherche néanmoins à améliorer son service, comme on l'a vu encore très récemment avec l'acquisition de BookLamp).

Douglas Preston a pris la tête du mouvement des auteurs contre les pratiques d'Amazon.

Dans cette bagarre, Amazon a cependant des alliés. Une pétition, lancée sur Change.org par l'écrivain Hugh Howey pour défendre Amazon face aux maisons d'édition qui ont « une longue histoire de mauvais traitements pour les auteurs et les lecteurs », a recueilli plus de 7 500 signatures. Howey n'est cependant pas tout à fait objectif : c'est un auteur qui doit sa réussite à ses œuvres auto-produites via le système Kindle Direct.

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avatar nono68200 | 

En gros, pas de gentil pas de méchant... Certains auteurs voient en Amazon le bien, d'autre le mal... Espérons tout de même que tout ça va faire changer les états d'esprits dans les deux camps, que ce soit les maisons d'édition, et Amazon.

avatar USB09 | 

@nono68200

M'étonne.

avatar pim | 

En France cette bataille ne nous concerne pas, puisque depuis trente ans la loi Lang « protège » le livre. N'est-ce pas, ça ne nous concerne pas ?

!!!

avatar izoong | 

Non on ne s'en tape pas. Amazon qui fait de très bonne affaire en France n'y paye pas d'impôt, tout en attaquant le plus gros éditeur français...

avatar C1rc3@0rc | 

La France a institutionnalisé le modele d'agence, celui la meme qui a fait qu'Apple et les 5 éditeurs américains sont passe par les griffes de la juge Cote!

Maintenant Amazon veut 50% sur les ventes au lieu des 30%… 30% qui c'est qui limite ses bénéfices comme ça déjà sur les livres, musiques, video, app… ça me rappelle quelque chose mais quoi?

Sinon faut comprendre Amazon, avec les dernières alertes lancées sur ses résultat, faut bien trouver des sources pour augmenter les résultats, les snipers de la fiancent sont sans pitié pour une société qui ne tient pas le rythme imposee de la chasse a courre…

avatar finaleSportivo | 

je lis pas de livre je m'en tape

avatar Yuku | 

@finaleSportivo :
Vu ton haut niveau de réflexion, ce n'est pas étonnant,.,

avatar puff | 

Et on tape sur Apple? Amazone mérite un redressement pour monopole mondial sur la vente de livres et autres. Une fois qu'ils les ont à leur botte, ils ne leurs laissent plus le choix. Genre de dictature du pouvoir

avatar puff | 

Comme Windows, il faut les faire re descendre

avatar puff | 

Et la concurrence c'est tjrs bon. Mais pratiquement offrir, ce n'est pas une bonne concurrence. Tout travail se paye

avatar Nesus | 

Sauf que même leclerc n'oserait pas demander 50% de marge sur un produit. Je suis effaré de lire ça.

avatar Sire Kiki | 

Il faudrait surtout que toutes les maisons d'éditions (en tout cas les plus importantes) disent non à Amazon et les menacent d'aller voir ailleurs, par exemple. ca calmerait peut-être Amazon...

avatar C1rc3@0rc | 

Pour menacer faut avoir les moyens…
Depuis que la mafia des éditeurs a dégommée les libraires, il reste quoi? Virgin? Fnac? Walmart? …
Pas un seul n'a la visibilité et les service d'Amazon…
Les seuls remparts contre la domination d'Amazon c'était Apple avec iTunes, et Google… C'est bien, la justice les a paralyse, a la demande des éditeurs..., pour ouvrir l'autoroute a Amazon

avatar deltiox | 

@Nesus
non Leclerc ne demande pas 50% de marge (quoique ?), il demande juste la mise a mort des pharmaciens, comme il peut demander la vente a perte d'agriculteurs etc.
Il ne vaut pas mieux.
Mais c'est une autre histoire

avatar ovea | 

L'idée est pourtant simple, les livres numériques n'ont besoins ni d'éditeurs, ni de distributeurs …

L'auteur écrit son livre,
le met en ligne sans DRM (pour une lecture simple sur n'importe quel support) pour un euros,
le livre devient accessible à beaucoup beaucoup beaucoup plus de lecteurs et
l'auteur reçois une rémunération plus que conséquente

avatar Teeto | 

Je connaissais pas... C'est pratique !
Cela fonctionne à la main d'Apple exclusivement et donc uniquement aux USA ? En soit une alerte attentat à Paris aurait aussi pu être notifiée afin que les gens évitent certains coins ?!

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