StopCovid : le gouvernement espère des tests en conditions réelles la semaine du 11 mai

Stéphane Moussie |

StopCovid, stop ou encore ? C'est « encore » pour Cédric O. Le lendemain de la déclaration du ministre de la Santé qui maintenait une incertitude sur l'aboutissement du projet StopCovid, le secrétaire d'État au numérique s'est fendu d'un long billet sur Medium défendant la fameuse application.

Cédric O confirme que StopCovid « demande encore un travail technique important » et qu'il faudra « encore plusieurs jours de travail acharné à l’équipe projet » pour disposer d'une application fiable et opérationnelle.

L'application ne sera pas prête pour le 11 mai, premier jour du déconfinement progressif. Néanmoins, l'objectif du gouvernement est de pouvoir mener des « tests en conditions du réel dans la semaine du 11 mai afin de terminer la phase de validation opérationnelle. » Après quoi, comme prévu, le Parlement sera saisi pour se prononcer sur la version finalisée de StopCovid.

Image Inria

Dans ce billet, Cédric O répond également à de nombreuses critiques entourant cette application qui doit servir à limiter la propagation du coronavirus. « Le chiffre souvent évoqué de 60 % minimum de la population équipée pour que le dispositif soit efficace n’a guère de sens, soutient-il. Comme l’ont écrit ce week-end certains des meilleurs épidémiologistes français et comme le soutient même l’auteur anglais de l’étude d’où est issu ce chiffre de 60 %, de telles applications trouvent leur utilité dès les premiers pourcents de diffusions, notamment au sein des villes. »

Plus généralement, Cédric O fait valoir qu'il serait regrettable de se priver d'un moyen pour « couper les "départs de feu" le plus rapidement possible. »

Quant à ceux qui ne possèdent pas de smartphone, une partie de l'équipe tente de trouver une autre solution qui pourrait être un boitier ou un bracelet, ajoute le secrétaire d'État. C'est Withings, spécialiste des objets connectés, qui planche en particulier sur le sujet, selon Le Monde. Mais « la faisabilité d’un tel dispositif reste toutefois très incertaine et nécessitera a minima des semaines supplémentaires de développement », prévient Cédric O. Non content de concevoir un éventuel bracelet connecté, il faudrait également le fabriquer en grande quantité au pas de course, un vrai challenge.

Sur la problématique essentielle de la confidentialité, le secrétaire d'État assure que certaines failles relevées par le collectif de chercheurs à l'origine du site risques-tracage.fr « ont été identifiées depuis l’origine et peuvent aisément être évitées. »

Le code de l'application sera diffusé en open source « dès qu’il aura atteint une certaine maturité » et il promet que la même transparence s'appliquera « à l’ensemble de l’architecture du système, jusqu’au serveur back-end. » Un comité rassemblant des parlementaires, des ONG, et des spécialistes du numérique et du droit, entre autres, veillera sur l'application.

Enfin, Cédric O réaffirme l'opposition de la France à la solution technique proposée par Apple et Google. « Le gouvernement français ne refuse pas l’API proposée en l’état par ces deux entreprises parce que ce sont des entreprises américaines, déclare-t-il. Il s’y refuse car, dans son format actuel, elle contraint le choix technique : seule une solution "décentralisée" peut fonctionner parfaitement sur les téléphones équipés d’iOS. »

L'API de traçage des contacts introduite dans iOS 13.5, actuellement en bêta.

Or, contrairement à d'autres pays, la France a choisi le fonctionnement « centralisé ». « Le résumé est simple : aucune solution n’est infaillible, mais leurs failles sont différentes », reconnait le secrétaire d'État. Concernant le modèle centralisé, la principale crainte est « l’action d’un État potentiellement malveillant » sur les données stockées sur le serveur central. Un risque qu'il écarte grâce « aux mécanismes de contrôle des démocraties. »

Puisqu'il n'adopte pas l'API d'Apple et Google, le gouvernement français, avec le soutien du commissaire européen au marché intérieur, demande une exception à Apple pour pouvoir exploiter plus librement le Bluetooth des iPhone, « faute de quoi l’application européenne telle qu’elle a été conçue ne pourra pas fonctionner correctement », avait déclaré Cédric O au Sénat mi-avril.

Finalement, l'obstacle technique n'est peut-être plus si insurmontable : « Les discussions se poursuivent. Elles ne sont pas, à court terme, rédhibitoires, les solutions existantes permettant a priori de développer une version de l’application satisfaisante sur les iPhone. » Le Royaume-Uni, qui a choisi comme la France le modèle centralisé, aurait trouvé une solution pour faire fonctionner son application « suffisamment bien » sans passe-droit de la part d'Apple.

avatar J'en_crois Pas_mes yeux | 

@ julien74
Et si le gouvernement avait eu les dents moins longues en voulant récupérer un maximum de datas l'application décentralisée aurait un taux d'adoption supérieur et de ce fait une efficacité supérieur. Le gouvernement par son choix centralisé est responsable de cet échec probable.

avatar julien74 | 

@J'en_crois Pas_mes yeux

Ah mais c’est ce que je dis sur toute la ligne. On a l’impression d’un candidat avec un examen à QCM qui fait systématiquement les mauvais choix à toutes les questions.
Et faire 0% à un QCM faut limite le faire exprès....

(Gouvernement et toutes ces strates de hauts fonctionnaires, car le gouvernement n’est que la partie visible de cet iceberg mammouth)

avatar J'en_crois Pas_mes yeux | 

@ julien74
C'est bien agréable de finir sur une note d'accord :-)

avatar axeljsannino | 

Ça me fait bien rire cette arrogance française de toujours vouloir tout faire soi même car on a peur des GAFA. Ya que des français pour vouloir créer leur propre appli en faisant appel à 7 entreprises différentes et en demandant à Apple et Google de leur donner accès à une partie de leur technologie pour leur appli nationale. L’excellence à la française c’est aussi ce qu’on se traîne au pied et qui fait que notre pays est en retard sur la transition digitale comme sur pleins d’autres choses. À trop vouloir sur-protéger et garder sa souveraineté on finit par ne rien faire et enterrer des projets, qui pourtant, de base, devait servir l’intérêt commun. J’entends crier à la fin de la vie privée, poser vous la question ce qui a le plus de valeur à vos yeux: la vie privée ou la vie tout simplement. Encore un autre exemple de gâchis de nos technologies. On a de formidables outils mais dans les mains de personnes qui craintives. Le monde évolue avec ou sans l’accord des français, et la vie privée n’est plus privée depuis bien longtemps il serait temps de s’en rendre compte. 🤦🏻‍♂️

avatar echobravo | 

@axeljsannino

C’est totalement faux. D’autres pays veulent faire la même chose comme le royaume uni par exemple. Arrêtez en permanence de dénigrer votre pays c’est fatigant. Quand vous n’aurez plus que des populistes à la tête des démocraties vous n’aurez qu’à vous en prendre à vous-même.

avatar axeljsannino | 

@echobravo

Ce n’est pas dénigré son pays que de dire qu’on est souvent en retard sur pleins de choses, il n’y a qu’à regarder les faits pour s’en rendre compte. Que ce soit sur des questions ici d’utilisation de technologie, d’évolution des institutions, la transition énergétique, comme sur l’adoption de lois social. Des qu’on touche à quelque chose c’est compliqué. Vous citer l’Angleterre (qui d’ailleurs n’est pas un des pays les moins conservateurs qui existe) mais il y a des tas de pays qui n’ont pas le quart des débats que l’on à nous sur ce sujet comme sur d’autres et qui sont beaucoup plus avancé que nous. Qui plus est, ce n’est pas parce qu’on vit dans un pays qu’on doit être en complète manque d’esprit critique et idolâtrer son pays. On peut aimer son pays et pour autant le critiquer, comme on peut aimer quelqu’un en lui trouvant des défauts. Après c’est une question de point de vu.

avatar J'en_crois Pas_mes yeux | 

@ echobravo
La complexité de cette épidémie ne peut se satisfaire du simplisme des polémistes :
Virus Batters Some Areas. Why Does It Spare Others? (Researchers Hunting for Patterns to Explain Wide Variation in Infection Rates)
https://static01.nyt.com/images/2020/05/04/nytfrontpage/scan.pdf

avatar julien74 | 

@echobravo

Mon mais vouloir faire a notre sauce on va avoir des semaines de retard et pour ceux qui veulent pas d’une appli (qu’il suffit desinstaller entre nous), ou un bracelet (qu’il suffit de laisser dans un tiroir), on va avoir une merde bureaucratique présenté samedi, comme on sait parfaitement faire en France avec des milliers d être humains (certains a leur place comme des médecins d’autres qui seront presta et dont je ne suis pas certains de leur éthique) qui vont manipuler un fichier central monté à la va vite, hébergé on ne sait où et certainement rempli de bug, et avec comme clé primaire pour identifier les gens je veux parier... le numéro de sécu.... ça c’est de l’anonymat...

voilà encore un choix de merde. A mon sens.

avatar J'en_crois Pas_mes yeux | 

"Concernant le modèle centralisé, la principale crainte est « l’action d’un État potentiellement malveillant » sur les données stockées"
La "bienveillance" des états peut-être tout aussi inquiétante. Ce qui me rassurerait, c'est un processus où il n'y aurait pas de datas stockées.
Appli centralisée : non merci Cedric

avatar Mac13 | 

Je parie que c'est pour son projet Intelligence Artificielle qu'il veut se servir l'opportunité de ce contexte ... 😤

avatar Strophoide | 

Ce n’est qu’à partir de iOS 13 alors ?

avatar sangoke | 

Bizarrement il ne dit rien des failles sur un système décentralisé.. peut-être parce que c’est moins vulnérable, quand on stock tout au même endroit (centralisé) « suffit » d’y avoir accès pour avoir accès à l’ensemble, alors que si c’est décentralisé sur chaque téléphone, bah ça devient plus compliqué de tout récupérer, il faudrait presque avoir accès à l’ensemble de ceux-ci... bref leur solution est moins bonne niveau sécurité et surtout ils n’ont pas la mains sur les données donc ça les dérangent !!

avatar pat3 | 

"Un risque qu'il écarte grâce « aux mécanismes de contrôle des démocraties. »"

Ah oui d’accord. On est tranquille.

avatar KimoMac | 

@pat3

😂

avatar Gandulf | 

Concernant le modèle centralisé, la principale crainte est « l’action d’un État potentiellement malveillant » sur les données stockées sur le serveur central. Un risque qu'il écarte grâce « aux mécanismes de contrôle des démocraties. »

Je suis sûr que Snowden approuve ce message.

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