Android ou iOS, les développeurs choisissent la simplicité

Florian Innocente |

Éric Schmidt aura pêché par excès d'optimisme lorsqu'il pronostiquait un renversement de tendance à court terme chez les développeurs d'applications mobiles. Lors de la conférence LeWeb en décembre 2011, Schmidt suggérait que sous six mois on verrait probablement des applications importantes arriver d'abord sur Android, et non plus en priorité sur iOS : « Au final, les fournisseurs d'applications sont attirés par le volume et le volume est favorisé par l'approche ouverte de Google. Il y a tellement de fabricants à l'échelle mondiale qui travaillent sur des téléphones Android ».

Schmidt

Six mois plus tard, comme le relève TechCrunch dans un article grinçant, on est loin du compte. À la décharge de Schmidt, celui-ci n'avait pas fait de promesse une main posée sur la Bible… mais il avait énuméré quelques moteurs susceptibles de provoquer ce sursaut : le volume de terminaux Android vendus, la variété de leurs prix, l'arrivée d'Ice Cream Sandwich, la gratuité de l'OS… et de résumer tout cela en une phrase : « Que vous aimiez ou non Android, vous serez sur cette plate-forme, et peut-être même que vous y lancerez vos applications en priorité ».

La prédiction d'Éric Schmidt ne s'est pas réalisée (ni celle d'ailleurs tenue le même jour sur une déferlante à l'été 2012 de Google TV…). Un chiffre éclaire l'un des échecs de ce pari : la part encore limitée d'Android 4 "Ice Cream Sandwich" dont les 7% de déploiement le mettent loin derrière son prédécesseur Gingerbread (65%) et du devancier de celui-ci, Froyo avec 19% (sorti en mai 2010).

À défaut de réserver la primeur à Android (cela s'est tout de même produit avec Adobe, rien de moins, qui avait lancé Proto sur tablettes Android avant l'iPad), des titres phares d'iOS sont arrivés ces derniers temps sur la plateforme concurrente. Un utilisateur iOS switchant pour Android retrouvera Instagram, Instapaper, Path ou Flipboard. Ce qui se fait de mieux dans le domaine de chacune de ces applications.

Même si toutes n'ont pas été réalisées par l'auteur original (c'est le cas d'Instapaper confié à des spécialistes Android car Marco Arment préfère se concentrer sur iOS), cela témoigne d'une volonté de sortir du (gros) nid confortable d'iOS. Le critère de volume avancé par Eric Schmidt est ici pertinent. Impossible pour des réseaux sociaux comme Instagram et Path de se refuser éternellement aux millions d'utilisateurs Android.

Mais le souhait des responsables de Google de voir leur OS passer en tête des priorités n'est de toute évidence pas encore à l'ordre du jour, et des chiffres qui ne se bornent pas à un simple rapport de force entre les parts de marché des un et des autres, peuvent l'expliquer. Le volume est une variable importante mais elle ne suffit pas.

Flurry, l'agence de publicité et d'analyse des comportements sur plateformes mobiles a établi un parallèle entre le taux d'adhésion des développeurs à iOS comparé à Android. Il en ressort une forte allégeance de ce public pour la plateforme d'Apple, malgré la formidable présence d'Android sur le marché.

Ces observations ont porté sur les rapports Flurry Analytics générés par 185 000 applications utilisant ce service. 500 millions d'appareils mobiles divers et variés sont ainsi sondés chaque mois par Flurry, ce qui donne un point de vue assez solide. Certains chiffres, ceux de ventilation des versions d'Android par exemple, recoupent ceux de Google.

Première observation, les nouveaux projets d'applications continuent de démarrer en priorité sur iOS, même si Android grapille quelques points depuis un an. Le SDK de Flurry étant installé dans les applications largement avant leur lancement, l'agence peut observer quel OS sera le premier servi.

Au premier trimestre 2012, 7 applications sur 10 parmi la base sondée ont d'abord vu le jour sur iOS. Flurry va même jusqu'à pondérer la hausse de Google de ce début 2012 par le fait que la plateforme d'Apple profite d'une bonne dynamique dans les développements, en fin d'année, en prévision de Noël.

Deux plateformes au prix d'une, c'est un autre avantage d'iOS. Avec l'iPhone et l'iPad, les développeurs font face à deux marchés robustes et qui ne leur imposent pas de réécrire leurs apps de A à Z. Le marché de la tablette est une réalité pour le développeur iOS mais il demeure un horizon pour le spécialiste Android. Un horizon dont on ne sait encore dans quelle mesure Windows 8 va ou non le voiler…

Chez Flurry, 88% des sessions utilisateurs qui vont solliciter son système intégré aux apps proviennent d'un iPad. Suivent Samsung et Amazon. C'est un peu l'aspect tragique de la situation, le Kindle Fire, la tablette qui se réclame le moins d'Android est déjà troisième sur le marché, dans les traces des Galaxy Tab.

Sans surprise, la fragmentation d'Android s'illustre à nouveau. Quatre fabricants de mobiles Android figurent dans le top 20 des sessions utilisateurs enregistrées par Flurry. La domination de Samsung est remarquable avec 12 terminaux sur 20, suivis à bonne distance par HTC (4), Motorola (3) et Amazon (1).

La donnée intéressante ici réside dans le morcellement assez égal pour quasiment 17 terminaux sur 20 ! Si le développeur avait devant lui 3 modèles occupant l'intégralité de l'espace et ne laissant que des miettes aux suivants, ces derniers pourraient être passés par pertes et profits. C'est le schéma inverse qui se présente ici avec des répartitions équilibrées entre une dizaine d'appareils dont il faut dès lors assurer le support.

La répartition ensuite par firmware suit le propre relevé effectué par Google avec des proportions très semblables. Des deux côtés on voit toujours cette prédominance d'Android 2.x Gingerbread (70% chez Flurry, 65% chez Google) et les deux s'accordent sur un Ice Cream Sandwich à 7%. Alors qu'on attend certainement ce mois-ci la présentation du prochain Android, la plus récente version en circulation - lorsque les opérateurs et fabricants veulent bien la distribuer - n'a pas encore touché 10% des utilisateurs… Enfin, sur les revenus générés, Flurry estime que sur 1$ gagné avec iOS, un développeur touchera de son côté quatre fois moins.

Une autre étude enfin, réalisée sur 7348 clients américains dont 521 s'étaient équipés d'un iPhone, montre une présence importante et surtout croissante de switchers. Entre février et avril, la part de clients venus d'Android, des BlackBerry et Palm est passée de 36% à 42% chez ces nouveaux propriétaires d'iPhone, plus encore que ceux déjà équipés chez Apple (34% ont pris un modèle plus récent). La clientèle de l'iPhone se renouvelle et mord donc sur les pelouses concurrentes.

Dernier enseignement, cette fois sur l'iPad, le précédent modèle est le seul véritable concurrent du nouveau. En avril, il se serait vendus aux Etats-unis 41% d'iPad 2 contre 59% d'iPad 3.

Sur le même sujet :
- Schmidt : "Android attirera les développeurs grâce au volume"
- Google TV : Sony se lancera en France en septembre
- Schmidt table sur le décollage de Google TV dans six mois

[via Fortune - Google - Flurry]

avatar Tit-Ben38 | 
@RedMak : J'allais justement remarquer que l'aspect financier y est sans doute pour quelque chose...
avatar ATLANTA125 | 
@jeanlucinfo : schmidt a souvent des propos démesurés, voire surréalistes. Mais d'un autre côté il fait son boulot, et faire mousser sa boîte, quitte à dégueuler des camions de conneries, ça en fait partie...
avatar -oldmac- | 
On sait depuis toujours qu'Android c'est la Traban des systèmes. C'est bon pour le bas de gamme, mais des qu'on veut quelque chose de sérieux avec des Apps, il faut aller chercher ailleurs. Les gens achètent de l'Android parceque ça coûte seulement 1 ou 10€ chez les fai, mais une fois qu'ils ont compris qu'ils se sont fait entuber ils passent sur iOS. À terme Android sera le symbian des mobiles, très utilisés pour les Featurephone mais totalement mis à l'écart pour le moyen et haut de gamme.
avatar djmat | 
Vous etes incroyable avec vos arguments de 500 appareils ! y'a un système automatique pour gérer les différentes résolutions y'a pas de soucis. Sous Windows ou OS X tu fais comment ? T'achète chaque PC ou Mac existant pour tester ton appli ? Tu te dis développeur, soit t'es tellement cantonné dans l'univers Apple que tu connais pas du tout le développement sur Android donc tu sors des stéréotypes soit tu troll tout simplement.
avatar Billytyper2 | 
Donc tu n'y connais rien comme d'habitude, mais tu aboies quand même. Il y a effectivement des millions différents PC/Mac. Mais, ils proposent tous au moins une résolutions standard. Car au final, il y a combien de résolution connue ? Et chaque écran gère plusieurs différentes résolution. Il suffit d'adapter à la résolution souhaitée. Tu peux faire pareil avec les smartphones ? De toute façon, les fenêtres des applications pour ordinateurs sont redimensionnables. T'as pas l'air c** de développer une application pour un écran 1 280 x 720 de HTC One X, et de le faire fonctionner sur le HTC One S 540 X 960. Il faudra que tu nous expliques comment il faut faire là ? Dans ma boîte, on se limite aux appareils les plus utilisés. Et tant pis pour les autres.
avatar PachaColbert | 
J'ai un copain qui a voulu un jour installé Skype sur son Samsung Galaxy S. Impossible à l'époque sans faire la mise à jour vers la dernière version du système, qu'il n'était pas possible d'installer à l'époque car l'opérateur ne l'avait pas prévu. Quant à installer un GPS, c'était possible, mais faire la mise à jour de ce GPS risquée car il pouvait très bien ne plus fonctionner après la mise à jour. Alors Android s'est sans doute amélioré, mais ce sont des problèmes de ce genre qui font que l'expérience n'est pas la même qu'avec les applications iOS où tout roule sans problème.
avatar Schlurf | 
Comme Apple en somme ;-)))
avatar tigre2010 | 
Moi, ce qui me fait peur c'est que l'on refasse le même scénario que pour les netbook. À savoir Linux au début puis Windows réclamé.
avatar -oldmac- | 
@fouloucou : Tu trouve le Galaxy SII à 1€ chez phone and phone ainsi que le Galaxy Note avec abonnement Bouygues ou SFR, et le SIII est déjà à 29€ chez Bouygues. @fake fanboy : haut de gamme ? Ou ça ? Le HTC machin en beau plastique ... C'est sur que c'est haut de gamme...
avatar djmat | 
tous les derniers HTC bottent le cul de ton iPhone soit disant pas bas de gamme mais avec un ecran minuscules et des spec dépassées dés sa sortie ;) (désolé pour les autres je me mets au niveau de wolf, un vrai pollueur de site ce mec)
avatar Billytyper2 | 
@fake fanboy "Concernant l'article je suis malheureusement d'accord mais j'aurais envie que Google pense aux devs mais là c'est le rêve fictif" Totalement d'accord avec toi. Il serait temps que Google sort un environnement complet de dev. Et pas juste un plugin.
avatar fel-x | 
iOS = évidence. Android = confusion. Libre à chacun de ne pas préférer l'évidence.
avatar -oldmac- | 
Pourquoi se prendre la tête avec Android, ce n'est pas le bon endroit de toutes manières.
avatar FabienR. | 
Quel bordel quand même ce Android Jsui bien content d'être sur iOS quand je vois toutes les galères qu'ils ont pour avoir un parc d'appareils (en même temps avec des centaines de références ça n'aide pas non plus ) à jour et pour attirer les développeurs ça fait froid dans le dos.
avatar FabienR. | 
De toute façon le véritable concurrent d'iOS c'est Windows, faut qu'ils rattrapent leur énorme retard mais ils vont très vite dégager Android du monde des tablettes à mon avis.
avatar Kevelian | 
Pour ceux qui doutent encore qu’Android soit une galère voila un article qui résume la situation et qui donne la parole a des développeurs sous Android. Amonica 400 appareils pour les tests et le support technique. Dans ma boite pour une applis qui sera gratuite et qui n’est destiné qu’au nouveau appareil j’ai déjà 7 appareils sur mon bureau … Quand Apple offre la NFC j’abandonne les apps sous Android. http://techcrunch.com/2012/06/02/android-qa-testing-quality-assurance/?z_ad8eb2b0f40c11e0be500800200c9a66=1338685641
avatar mak2 | 
@fouloucou 8 terminaux en 3 ans tu fais fort quand même. Soit tu n'est pas soigneux soit tu ne réfléchis pas trop ... Toujours vouloir le dernier modèle pour une ou deux fonctionnalités "à la con" , histoire de polluer encore plus la planète et de dépenser tous son fric. Concernant les riches et les iPhones, non seulement quand tu te balades dans des lieux prisés, croisette et cie tu vois énormément d'iPhone. De même je n'ai encore pas vu de connectique made for Androïd dans les voitures haut de gamme ... (Porsche, Mercedes, Audi, BMW, Etc ...)
avatar -oldmac- | 
@iginger : Je n'aime pas Android non pas parceque j'en ai peut mais parceque c'est un système fabriqué à partir d'éléments volés, donné gratuitement pour pouvoir prendre le maximum d'information aux utilisateurs. Rien que sur la 1ère partie il devrait être interdit.
avatar privatejohns | 
Pour qu'Android attire autant les développeurs, il faudra considérablement augmenter la base utilisateur.
 Je pense depuis le départ qu'Android a commis la même erreur originelle que Windows : autoriser la personnalisation de l'OS par chaque fabricant pour cause d'extrême personnalisation du hard. Le résultat implique l'adaptation des applications à une infinité de variantes de l'OS, et par conséquent un très grand risque d'instabilité au même titre que l'instabilité de l'OS est la conséquence de cette variabilité.
 Cela ne remet pas en cause la qualité et l'originalité d'Android, mais est de nature à rebuter les développeurs comme l'exprime si bien CKJBeOS.

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