Il aura fallu attendre, mais avant-hier Adobe nous a enfin livré une version satisfaisante de Photoshop sur iPhone, qui fera sans peine oublier le maigrichon Photoshop Express : Adobe Photoshop Touch for phone [1.0.0 – Français – 4,49 € – iOS 6 – 32,2 Mo – Adobe].
Attendre… C’est la question que je me suis posée hier en testant l’application : j’attends quoi de Photoshop sur un iPhone ? D’être emballé par des outils qui changent la façon dont je travaille comme, depuis tant d’années, Photoshop a(vait) changé ma façon de travailler sur Mac ou PC. Et c’est précisément ce qui manque à Adobe Photoshop Touch : il est bon, mais rien ne le différencie de la concurrence.
Marty Yawnick résume bien ça, sur Lifeinlowfi : où est le “wow” ?
Oui, les outils sont bien pensés et, pour la plupart, sont très efficaces. Oui le Remplissage caméra est très sympa (il permet de photographier tout en voyant le calque au premier plan en surimpression, mais pourquoi l’appareil doit-il être tenu en mode paysage ?).
Oui l’accès aux calques est bien foutu, et ils sont simples d’emploi, mais pour une application qui se présente elle-même comme le Photoshop pour smartphone, on s’étonne qu’elle ne supporte pas les masques.
Les outils de sélection sont un plaisir (même si on apprécierait un zoom plus puissant… et des masques, je l’ai déjà dit ?).
Oui, l’interface est plutôt séduisante et confortable : bosser sur Photoshop Touch est un plaisir, à un détail près le doigt recouvre l’outil, il donc est très difficile de voir où l’on passe précisément, et l’option Afficher le pointeur (qui permet de contourner ce problème en décalant le pointeur et l’outil) ne semble hélas pas compatible avec tous les outils.
Oui, l’outil Sélection par griffonnage est intéressant (mais, en ce qui me concerne, je ne peux pas dire que j’arrive à des résultats vraiment convaincants). Oui, l’annulation est bien pensée et simple d’accès. Hélas, elle est perdue dès que l’on ferme l’image.
Oui, on peut sauvegarder sur le Creative Cloud de Adobe, y compris des images haute résolution, au format PSD(X). Mais si les options de partage listent bien la majorité des apps de retouche installées sur mon iPhone, je n’y trouve pas d’envoi vers Flickr ou Instagram (Twitter y est).
Oui, on peut organiser les images en dossiers, dans le gestionnaire d’images. Mais la procédure est assez fastidieuse pour que je sache déjà que je ne l’utiliserai pas.
Oui, ça marche bien et l’on dispose de l’essentiel des outils de retouche qu’on attend d’un Photoshop (je n’ai pas testé tous les outils). Et, sur un iPhone 5 du moins, l’app n’est pas lente (sauf pour l’enregistrement).
Mais c’est bien le minimum qu’on est en droit d’attendre de la part de Adobe.
Alors, achat recommandé ou pas ?
Oui et non. Les outils sont globalement excellents, le support du PSD(X) est appréciable, dans l’ensemble l’interface est une réussite, mais son arrivée est surtout une promesse : Photoshop arrive sur iPhone. Mais il n’est pas encore là, ce Photoshop vraiment “Touch”, ou “mobile” ou “smart” ou peu importe le nom qu’il portera, qui sera autre chose qu’une version redux de Photoshop PC.
Pour le dire autrement : avec Adobe Photoshop Touch, qui arrive après tout le monde, on prend conscience qu’un “photoshop” — cet outil de retouche qui avait à peu près tout inventé sur ordinateur et que tout le monde copiait au point d’être presque devenu un nom commun, ou un verbe pas forcément flatteur — existe déjà sur iPhone, depuis longtemps, éparpillé dans différentes applications… et qu’il n’est pas signé Adobe.
Si Adobe rappelle efficacement à tout le monde qu’il faut compter avec elle, elle ne propose rien qui soit assez remarquable pour abandonner les apps que l’on utilise probablement déjà. Oui, (presque) tout est bon dans Adobe Photoshop Touch for phone, mais (presque) tout est bon également dans Laminar, Photoforge, PhotoToaster, FilterStorm, etc. ou même du côté des apps plus simples — mais pas moins efficaces pour certaines retouches — comme SnapSeed.
De ne pas être les premiers, d’avoir attendu que d’autres essuient les plâtres, peut-être est-ce l’occasion pour Adobe de tout réinventer, plutôt que de courir derrière son ombre ou de se surprendre à essayer de faire comme les autres ?
Une première façon de se réinventer consisterait à proposer l’app à un prix plus raisonnable ou, au moins, en version universelle pour iPhone et iPad.