L'impact de Free Mobile sur le marché des télécoms mesuré par l'UFC-Que Choisir

Stéphane Moussie |

6,83 milliards d'euros, c'est le pouvoir d'achat « rendu » aux Français suite à la dynamisation du secteur de la téléphonie mobile par Free Mobile. Ce chiffre, ce n'est pas Xavier Niel qui le donne, mais l'UFC-Que Choisir qui publie aujourd'hui une large étude sur la concurrence dans les télécoms.

Pour l'association de consommateurs, l'arrivée de Free Mobile a incontestablement joué un rôle crucial dans la baisse des prix. Il y a donc ce chiffre de 6,83 milliards d'euros de pouvoir d'achat libéré en deux ans. Pour parvenir à ce résultat, l'UFC Que-Choisir s'est basé sur le nombre de cartes SIM en circulation, la facture mensuelle moyenne et leurs équivalents « contrefactuels » (si Free Mobile n'était pas entré sur le marché). Avec ces données et une formule mathématique détaillée dans le document, le gain de pouvoir d'achat est donc estimé à près de 7 milliards d'euros.

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Cet impact est clairement visible sur la courbe de la facture moyenne des abonnements qui a baissé de 30 % pour s'établir à 16,9 € contre 24,1 € fin 2011. « Sans dynamisation, cette baisse n’aurait été que de 8,7 %. En conséquence, plus de 70 % de la baisse des factures observable est directement liée à l’introduction d’une quatrième licence mobile ! », note l'association.

Des tarifs français deux fois moins élevés que la moyenne européenne

Résultat, alors que les prix français dépassaient en moyenne de 25 % les tarifs pratiqués dans l'Union européenne entre 2008 et 2010, la situation s'est inversée et les prix sont maintenant près de deux fois moins élevés en France. « Ce qui caractérise la situation de la France par rapport aux quatre autres principaux pays européens, c’est la constance des prix lorsque l’intensité de consommation croît », souligne l'étude.

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  • profil 1 : 30 minutes d’appel et 100 MB de données par mois
  • profil 2 : 100 minutes d’appel et 500 MB de données
  • profil 3 : 300 minutes d’appel et 1 GB de données
  • profil 4 : 900 minutes d’appel et 2 GB de données

L'explosion du sans engagement et des portages

L'impact de Free Mobile n'est pas que d'ordre financier. Il est le responsable de l'explosion de la popularité des offres sans engagement. De 20 millions de forfaits sans engagement souscrits fin 2011, on est passé à 43,9 millions aujourd'hui, soit plus du double. Et comme c'est parti, les forfaits sans engagement deviendront majoritaires au cours de l’année 2014, fait remarquer l'UFC-Que Choisir.

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La corollaire, c'est le boom du nombre de portages, facilités évidemment par les offres sans engagement. La moyenne trimestrielle a quasiment triplé depuis l'arrivée de Free Mobile.

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Une subvention qui coûte cher

L'UFC-Que Choisir a aussi comparé les deux moyens d'acheter un smartphone (forfait sans engagement + smartphone nu ou abonnement sur 24 mois + smartphone subventionné). Sans surprise, comme nos comparatifs le soulignent à chaque fois, il vaut mieux prendre un forfait sans engagement et acheter un smartphone nu. Sur le long terme, cela revient moins cher.

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Dans le cas d'un iPhone 5s, le surcoût total de la subvention au bout de 24 mois est de 205,6 € (+ 16,6 %). L'écart est même plus grand pour des smartphones vendus moins cher. Concernant le Samsung Galaxy S4 Mini, le surcoût est de 24,7 % et il va même jusqu'à 49,3 % pour le Nokia Lumia 520.

Pour l'association de consommateurs, « au vu de ces chiffres, il apparaît nettement que le terme « subvention » est particulièrement inadapté [car] il caractérise un système qui engendre pour le consommateur un surcoût par rapport au système dit low cost. »

Un retour à trois opérateurs à encadrer

L'association termine son étude par une analyse des conséquences de l'achat de SFR par Numericable.

Bouygues Telecom est l’opérateur de télécommunications le plus fragile du secteur (on notera ainsi un résultat net négatif de 16 millions d’euros en 2012, et un résultat tout juste positif de 13 millions en 2013). [...] cette situation semble conduire aujourd’hui Bouygues Telecom à s’orienter tendanciellement vers une vente de ses activités. Free Mobile pourrait alors racheter Bouygues Telecom. Aujourd’hui, il n’est donc plus question de disserter sur le maintien à quatre opérateurs, mais de dresser les conditions d’un retour à trois qui mal accompagné serait préjudiciable aux consommateurs.

Pour qu'un retour à trois opérateurs ne soit pas synonyme de régression concurrentielle, l'UFC-Que Choisir veut faire des MVNO « les garants de la concurrence ». Pour cela, l'association demande à l'ARCEP de réfléchir à une refonte des tarifs de gros qui permettrait in fine aux MVNO d'être vraiment compétitifs.

avatar Apical-informatique | 
Je savais pas que l'Espagne était aussi chère pour la téléphonie mobile... Vu qu'en plus ils galèrent niveau taf, ça doit être chaud pour les jeunes. Free, lance toi vite en Espagne !
avatar NEWIPHONE | 
Merci Freeeeeeeeee
avatar Nathansatva | 
@observateur : Attention ton forfait intégrait certainement la subvention de ton téléphone à raison de 20€ par mois. C'est à prendre en compte dans ton calcul.
avatar kasimodem | 
C'est surtout qu'il faut proposer des choses nouvelles, de nouveaux usages afin de permettre un relèvement des prix et une restauration des marges. Aujourd'hui, on a que de la 4G pour le faire, pas certain sue ce soit suffisant.
avatar Momblues | 
Et Free, qui a augmenté le prix de l'ADSL pour compenser son offre mobile, l'UFC ne l'a pas pris en compte ? Ils seraient naïfs ou partie prenantes ? Je répète personne n'est un ange, chacun cherche le profit, à jus
avatar Momblues | 
Suite A juste titre, j'en ferais autant.
avatar pasta_power69 | 
Bonsoir L'article est pour ma part incomplet. En gros, une fois qu'on a dit cela qu'est ce qu'il se passe après ? Encore une fois on ne regarde que l'arrivée de Free (et donc la baisse forte des tarifs) que par un bout de la lorgnette. Quid des impacts sur les marges des entreprises ? (on voit la difficulté de Bouygues, SFr qui a perdu énormément de cash, Orange qui va fortement ralentir ses investissements dans le FTTH...), quid des impacts sur l'emploi, sur l'investissement dans le développement des réseaux. Etant professionnel du secteur depuis plus de 14 ans, il faut savoir que le mobile était la machine à cash pour développer et faire évoluer les infrastructures. Je pense qu'au premier abord cela est bénéfique pour les utilisateurs mais une consolidation du marché va forcément s'opérer avec un retour de bâton assez net pour les consommateurs. La conclusion de l'article de UFC est sans appel : "Enfin, elle invite les observateurs qui s’intéressent à la situation économique des opérateurs de télécommunications à ne pas la regarder par le petit bout consumériste de la lorgnette. "
avatar gamac | 
@joinman Euh… la "machine à cash" était fondée sur une entente illicite sur les prix, vous semblez oublier les condamnations européennes des trois opérateurs, Orange en tête, qui soi-dit en passant n'auraient pas existées s'il n'y avait pas eu l'UE pour faire respecter la concurrence interne en France. La conclusion de l'article de l'UFC Que Choisir est "maintenir la concurrence des MVNO en faisant baisser les tarifs de gros des opérateurs" : une injonction à la baisse, qui va à l'encontre d'une entente illicite sur les prix (qui pourrait très rapidement asphyxier les MVNO).
avatar pasta_power69 | 
Concernant l'entente illicite, effectivement tu as raison. Mais cette machine a quand même contribué aux financements et à l'entretien des réseaux (je ne parle pas que du mobile)
avatar pasta_power69 | 
Réponse fin d'année pour Free par rapport aux demandes ARCEP.... Autrement, c'est vrai que Free a mis un bon coup de pied dans ce marché, mais il est trop tôt encore pour juger des effets de bord (même si ces derniers commencent à se dessiner lentement)
avatar Marteaub | 
Pas free et leur hot line inexistante !!! Bouygues pour ça est top !
avatar Kinky | 
Merci Free !

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